Kinshasa : le rond-point victoire, un endroit prisé par les jeunes cireurs

Kinshasa 19 décembre 2023 (ACP).- Le rond-point victoire dans la commune de Kalamu à l’ouest de la ville de Kinshasa, en République Démocratique du Congo, s’illustre comme étant un endroit très prisé par les jeunes cireurs a-t-on constaté mardi.

« J’ai choisi de cirer des chaussures au rond-point victoire car il y a une forte affluence de personnes qui requièrent nos services. Je me suis lancé dans ce métier, il y a deux ans pour subvenir à mes besoins et à ceux de mes frères après la mort tragique de nos parents, », a déclaré Clovis Mala, cireur de chaussure, la vingtaine révolue.

L’emprise de cette place publique par ces jeunes qui pillulent les rues est illégale c’est pourquoi ces derniers plaident auprès des autorités pour qu’un endroit attrayant leur soit aménagé à proximité de ce carrefour avant de libérer les lieux.

« Je n’ai pas reçu une autorisation de la part des autorités pour exercer mon activité à cet endroit. C’est juste que nous n’avons pas d’autres espace aménagé pour nous permettre d’œuvrer alors que cette activité nous permet de nous prendre en charge et aider les membres de nos famille. Si les autorités ne veulent pas nous voir ici, nous leurs demandons tout simplement de nous aménager un endroit pour pouvoir exercer notre activité au lieu de verser dans l’oisiveté, la délinquance et le vagabondage », a plaidé Jonathan Mavungu un autre cireur résidant à Tshangu.

Si la majorité de ces jeunes gens qui se lèvent, très tôt, vers 4h ou 5 h du matin, s’installent quotidiennement dans ce carrefour qu’ils considèrent comme leur lieu de travail, d’autres par contre sont des cireurs ambulants qui sillonnent tous les coins périphériques du rond- point victoire, munis d’un sac et d’un morceau de bois utilisé comme pose-pieds.

C’est le cas de Gilbert Moza dit Maboko torchon, qui a abandonné ses études à l’âge de 9 ans pour embrasser ce métier : « je rêvais de devenir journaliste malheureusement ma situation familiale ne le permets j’exerce cette activité à la sauvette aux alentours du rond-point car les forces de l’ordre ne veulent pas nous voir s’y installer ».

Le service provincial de l’environnement suggère des mesures impopulaires

À en croire le service de l’environnement et développement durable de cette municipalité, ces cireurs de chaussures pour la plupart adolescents s’entêtent à longueur des journées en vue d’exercer leur métier, qui du reste, est pour eux un gagne-pain malgré toutes les mesures de restriction mises en place contre l’érection des marchés pirates et suggère des mesures impopulaires pour conserver ce lieu de mémoire salubre.

« Plusieurs dispositions, sont en vigueur en rapport avec ces marchés pirates mais malheureusement ces jeunes ainsi que certains agents de police ne nous aident pas car ce trafic récidive frauduleusement avec certaines complicité après chaque opération», a fait savoir M. Frederick Weloli Mbusempote, chargé de supervision de ce département de la mairie.

Et d’ajouter : « Bien que ce lieu soit tout de même commercial pour la survie de plusieurs familles, nous avons introduit le rapport auprès de la hiérarchie pour prendre des décisions impopulaires afin de déplacer tous les vendeurs y compris les cireurs et faciliter l’assainissement de ce lieu. A cela s’ajoute également certains parkings de motos, de véhicules, les cabines téléphoniques c’est à dire tous les marchés pirates et établissements fortuits aux alentours de la place des artistes3

Les petites taxes, a-t-il expliqué, qui sont souvent perçues par la police pour ces ventes et services varient de 200 à 500fc selon le métier alors que cela devrait être interdit.

Pour Weloli Mbusempote bien que ces taxes servent à assainir la place des artistes, l’insalubrité reprend surface peu de temps après suite à l’incivisme d’où la seule option pour les autorités municipales, surtout provinciales, est d’évacuer tous ces marchés pirates

Des cas de dénonciation contre la profanation de la Place des Artistes sur le rond-point Victoire ont été faits par divers associations d’artistes et ONG environnementales. La Place de la Victoire ainsi que l’avenue homonyme la traversant et perpendiculaire à l’avenue Kasa-Vubu, tirent leur nom des réalisations des soldats de la Force publique pendant la deuxième guerre mondiale sur les champs de bataille. Ils étaient venus fêter leur victoire en 1945 en ce lieu.

Alfred Liyolo, sculpteur congolais, a créé une œuvre d’art située au milieu de la place et représentant deux mains rassemblées en leur hommage ce qui justifie le nom de la place.

C’est également là que Patrice Lumumba tient son premier meeting, le 28 décembre 1958, devant plus de 10 000 personnes. Cette place à travers sa proximité a déclenché les émeutes du 4 janvier 1959. ACP/Kayu

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