Kinshasa : nécessité de réguler l’abattage des animaux pour prévenir certaines maladies d’origine animale

Kinshasa, 14 septembre 2023 (ACP).- La nécessité de réguler l’abattage des animaux pour prévenir certaines maladies d’origine animale a été soulevée, jeudi, par le directeur général de l’Abattoir public de Masina, situé dans l’Est de Kinshasa, en République démocratique du Congo, dans un entretien avec l’ACP.

« Il y a nécessité de réguler l’abattage pour prévenir certaines maladies. L’abattoir est un service de l’État qui est régit par des normes. Il y a des vétérinaires qui certifient la viabilité de la bête avant tout abattage. Ce qui se passe à la cité est informel parce que ces bêtes ne sont pas diagnostiquées par des professionnels de santé. Ceci constitue un risque pour la population car plusieurs maladies qu’on observe chez l’homme sont d’origine animale », a déclaré le directeur général de l’Abattoir public de Masina, Patrick Mbiki Nzenga

Il a fait savoir que plusieurs son établissementabat cinq à dix bêtes par jour, ce qui sensiblement faible. « Cela est dû par manque des mesures d’application pour empêcher des abattages clandestins. C’est à l’abattoir où il y a de l’expertise de la viande, car il garantit la sécurité alimentaire. Mais un commerçant qui abat dans la rue même si la viande n’est pas saine ou impropre à la consommation humaine, n’aura qu’à vendre car il vise le lucre,  par conséquent, c’est la population qui est exposée », a-t-il déploré.

« Plus de 70% des maladies sont d’origine animale et la médecine vétérinaire est préventive. Elle joue un rôle en amont. Les vétérinaires soignent les animaux et examinent la viande pour préserver la santé humaine. Il y a beaucoup non seulement à dire mais surtout à faire. Il faut la vulgariser et informer la population sur le danger quant à ce qu’elles consomment », a dit le directeur général.

Plaidoyer pour la création des fermes publiques de proximité

« La rareté des fermes publiques est aussi à la base de faible abattage des bétails à l’Abattoir public de Masina. La création de ces fermes nous permettra d’être ravitailler  afin de permettre à la population d’avoir un accès garanti à la viande », a plaidé le directeur général de cet établissement public, Patrick Mbiki Nzenga.

Et de poursuivre : « Par la création des fermes de proximité permettra à l’Abattoir public de Masina d’être en mesure de créer son propre service commercial, et d’ouvrir des points de vente dans les marchés urbains de la ville de Kinshasa, voire même étendre ses activités vers les provinces ».

« Ce service de l’État revêt un caractère social, malheureusement il ne bénéficie pas de subvention de la part du pouvoir public. A cet effet, il a lancé un appel auprès des autorités pour la modernisation de ce service étant donné que son fonctionnement reste à désirer », a-t-il fait savoir.

« L’Abattoir public de Masina utilise encore des machines manuelles (machettes) pour abattre les bétails avec tous les risques que cela comporte. Or qu’avec la nouvelle technologie, nous pouvons recourir à des chaînes d’abattage, à des scies électriques et autres matériels », a dit M. Mbiki Nzenga avant de relever l’importance de ce service qui peut nourrir la population en viande et aussi développer d’autres aspects comme la charcuterie. « Nous sommes capables de garder plus de 2.000 têtes de bêtes. Mais aujourd’hui, nous pouvons abattre par mois une centaine et par jour au moins cinq à dix », a-t-il fait remarquer.

« L’Abattoir est une institution qui doit attirer l’attention de plusieurs clients. Nous veillons à la santé de la population par le contrôle des denrées alimentaires plus précisément la viande. Nous garantissons une viande fraîche, saine et propre à la consommation humaine suite à l’expertise des médecins vétérinaires que nous avions. Mais notre plus grande difficulté est d’ordre matériel. Nous utilisons encore un système manuel dont la hache est l’outil de base. Nous cherchons des partenaires pour la modernisation de l’Abattoir et nous manquons même une ferme de proximité », a insisté M. Mbiki.

Il a, par ailleurs, remercié l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour la tenue d’un atelier de renforcement des capacités des abatteurs sur la biosécurité.

100 bêtes abattues par mois

Par ailleurs, le président des commerçants, Gratien Lumanda, a signalé qu’à leur niveau, ils sont capables d’abattre 100 bêtes par mois. Il a affirmé que le comité des commerçants travaille en étroite partenariat avec l’Abattoir public de Masina pour le ravitaillement en bétails.

« L’Abattoir public de Masina ne fournit jamais des bêtes, C’est nous commerçants qui amenons des bêtes pour qu’il nous rende service », a-t-il dit, précisant que les services rendus sont payés sur base d’une taxe dénommée « taxe d’abattage ».

« Dans notre structure, nous sommes là pour accueillir les commerçants venant d’ailleurs. Nous les encadrons pour qu’ils ne puissent pas avoir de problèmes à la vente mais nous sommes confrontés à plusieurs difficultés », a-t-il signifié,

M. Lumanda a fait savoir que la vente se déroule difficilement à cause du faible pouvoir d’achat de la population Kinoise. A titre d’exemple, 1Kg de viande fraîche coûte 22.000FC à comparer aux viandes en provenance de l’extérieur qui coûtent moins chers. « Et tenant compte du pouvoir d’achat des Congolais, se procurer de la viande fraîche pose problème. Une autre difficulté est que notre marché est souvent à crédit et non au comptant à tel enseigne que le crédit créé toujours préjudice », a expliqué M. Lumanda.

La ville de Kinshasa ne dispose que d’un seul Abattoir. Celui de Masina est un service de l’État créé en 1959 mais inauguré en 1964. Il joue le rôle d’avant-garde dans le traitement des bétails pour préserver la santé humaine. Ce service ignoré de la population est placé sous tutelle du commissariat général de l’énergie, pêche et élevage. Sa mission principale consiste à garantir la sécurité alimentaire. ACP/ODM

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