Nord-Kivu : le désengagement des acteurs humanitaires déploré par les déplacés du site Kanyaruchinya-Nyiragongo

Kanyaruchinya/Nyiragongo, 10 septembre 2024(ACP).- Les déplacés de guerre du site de Kanyaruchinya qui vivent actuellement sans aucune assistance humanitaire, ont déploré le désengagement constaté des certains acteurs humanitaires notamment  ceux qui interviennent dans le secteur de l’eau, d’hygiène et de l’assainissement, a appris l’ACP, mardi de source administrative.

« Je viens de parcourir un grand trajet, pour trouver de l’eau c’est devenu un grand problème. Transporter un bidon avec un enfant c’est aussi un autre problème. L’eau est très importante, on fait la propreté avec, voilà pourquoi les toilettes sont sales comme vous pouvez le constater, les enfants passent nuit sans manger, sans se laver, les victimes seront nombreuses. Les femmes et filles vont risquer de se laisser violer en allant chercher de l’eau« , a  déploré Mme Yvette Kazibake, l’une des femmes déplacées de Kanyaruchinya.
Cette mère d’enfants qui avait quitté le village de Rugari, craint que des maladies hydriques et hygiéniques menacent les déplacés, d’où une raison pour elle de solliciter l’implication du gouvernement pour persuader les humanitaires à poursuivre leurs missions humanitaires afin de sauver des vies en détresse.
« Que notre gouvernement nous vienne en aide, qu’il s’implique dans cette situation et échange avec les humanitaires, sinon c’est une catastrophe qui nous attend dans l’avenir« , a recommandé Mme Kazibake.
De sa part, Amos Ntibimenya Jams, chef du site « Bassin du Congo », l’un des sites du camp des déplacés de Kanyaruchinya, a remercié tous les intervenants qui ne cessent de se mobiliser en faveur des déplacés pendant cette période difficile. Il a, cependant, appelé le gouvernement congolais à prendre ses responsabilités pour éviter le pire.
« Nous tenons à remercier l’ONG Solidarité Internationale qui ne cessait jusque-là à nous fournir de l’eau potable. Nous plaidons pour que notre gouvernement puisse voir comment booster encore ses organisations humanitaires partenaires, afin qu’elles puissent retourner ici pour sauver des vies, car l’eau c’est la vie« , a-t-il suggéré.
Selon ce responsable du camp, « cela fait plusieurs mois depuis que le comité directeur des déplacés de Kanyaruchinya avait lancé un cri d’alarme en rapport avec le désengagement de certains acteurs humanitaires intervenants dans le secteur de l’eau, d’hygiène et de l’assainissement dans le camp déplacés internes basés à Kanyaruchinya, qui avaient fui la guerre du M23 appuyé par l’armée Rwandaise à Rutshuru« .
Selon le tableau de bord  publié par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), l’assistance a été interrompue dans certains endroits en raison de nombreux de défis opérationnels persistants, notamment dans la région Est du pays.
Parmi ces défis, il a cité, les difficultés d’accès et le manque de financement qui entravent la réponse humanitaire.
« Dans le Nord-Kivu (Masisi, Rutshuru), Sud-Kivu (triangle Kabambare, Minova) et en Ituri (Djugu et Fataki), les interventions dans les zones contrôlées par des groupes armés sont entravées et très limitées malgré des besoins élevés. Cette réduction de l’espace humanitaire est le premier défi opérationnel » indique Ocha dans son tableau de bord humanitaire qui parle de la situation humanitaire de 2024 en cours.
Par ailleurs, selon toujours Ocha, le niveau de financement reste l’autre contrainte persistant de la réponse humanitaire en RDC.
« Le financement reste insuffisant à la fin de ce premier semestre, nous projetant vers un niveau de réponse très en deçà des attentes en fin d’année. Des efforts de plaidoyer et de mobilisation de ressources devraient se poursuivre pour financer la réponse aux besoins de sécurité alimentaire dans les zones confrontées aux crises. Il est aussi frappant de constater que l’assistance humanitaire se concentre principalement sur les crises causées par les déplacements liés aux conflits armés, limitant les interventions pour les populations vulnérables face à d’autres chocs, comme les inondations qui ont mobilisé peu de réponse »  a conclu le tableau de bord humanitaire de cette agence des Nations unies. ACP/C.L

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