Kinshasa, 06 février 2023 (ACP).- Plusieurs quartiers de la commune de Selembao à Kinshasa en République Démocratique du Congo sont privés d’eau potable de la Regideso depuis 18 ans, où certains habitants recourent aux puits et forages et d’autres se déplacent vers les communes voisines pour s’approvisionner.
« Dans certains quartiers comme Inga, Camping et Kitoki Mosi, les tuyaux et robinets rouillés de la Regideso sont restés secs depuis plus de 18 ans. Dans d’autres par contre, l’eau a cessé de couler il y a 5 ans. C’est la situation de la population qui habite Lubudi et Mwana Tunu où plusieurs points de commercialisation d’eau de forage ont été installés par des privés dans le but d’alimenter la population » , a expliqué Faustin Yonsi, cinquantenaire natif de Selembao.
Sans eau de puits surtout de forages, « plusieurs quartiers de notre municipalité ressembleraient à une zone désertique où il serait difficile de vivre », a affirmé Mme Mireille Ndombasi qui a investi ses 4000 dollars américains pour se faire construire un forage qui lui rapporte une moyenne de 110.000 francs congolais par jour.
Le forage fait désormais partie d’un commerce très lucratif dans ces quartiers de Selembao privés d’eau potable depuis plusieurs années. Les plus nantis de chaque avenue se sont fait installer des forages dans leurs parcelles où affluent des dizaines voire des centaines de personnes pour s’approvisionner moyennant quelques billets de banque.
A défaut de se procurer l’eau des forages faute d’argent, certaines personnes, dont les riverains de la rivière Makelele surtout, se contentent des puits d’eau.
Ceux qui ont des poches vivant dans les entités épargnés se permettent parfois le luxe d’aller se ravitailler dans les communes voisines de Bandalungwa et Bumbu.
« La derrière fois que j’ai vu l’eau de la Regideso couler du robinet chez moi c’était à la veille de l’investiture de l’actuel chef de l’Etat. Depuis, plus rien. Je suis obligé de dépenser 5000 Francs chaque jour pour couvrir le besoin en eau de ma maison. C’est une dépense énorme quand tu fais la moyenne mensuelle », s’est plaint le sexagénaire Antoine Mananga, habitant du quartier Lubudi depuis 10 ans.
Pour avoir un bidon d’eau à Selembao, il faut non seulement se réveiller tôt, mais aussi mettre la main dans la poche. 150 à 200 francs congolais pour un bidon de 25 litres.
Une aubaine pour les tenanciers de forage dont certains se font des recettes journalières atteignant parfois les 150.000 francs congolais.
Les Kinois qui ne tarissent point d’imagination devant certaines difficultés comme celles liées au manque d’eau potable à Selembao se sont organisés pour avoir suffisamment de récipients à la maison. Notamment les bidons d’huile végétale de 10, 20, 25 et 30 litres recyclés et vendus au prix de 3000, 5000 ou 7000 Francs congolais selon la capacité du récipient.
Malgré les dégâts matériels qu’elle cause dans certains quartiers de Selembao comme Madiata, Camping et Ngafani, la pluie est aussi un des moments privilégiés où la population en profite pour remplir ses récipients de ce précieux liquide.
Le bout du tunnel est encore loin pour la population de ce coin de Kinshasa soumise à la corvée matinale de parcourir, chaque jour, des dizaines de mètres, voire des Kilomètre, à la recherche de l’eau.
« Il faut attendre la fin des travaux de placement de gros tuyaux de conduite d’eau potable de la Regideso pour l’alimentation du Château d’eau de l’avenue Manifeste, à la frontière entre Selembao et Bumbu », a confié à l’ACP Gaylord Eboli, agent de la Regideso. ACP/