Kinshasa, 23 octobre 2023 (ACP).- La République démocratique du Congo (RDC) est le pays où le plus grand nombre de cas de Monkeypox ou variole de singe sont localisés, a appris l’ACP lundi du Programme national de lutte contre le Monkeypox et les fièvres hémorragiques virales (PNLMPOX-FHV).
« A ce jour, la RDC est le pays pourvoyeur du plus grand nombre de cas de Monkeypox dans le monde, suivie du Nigeria. La RDC est l’épicentre mondial de la variole de singe », a déclaré le Dr Cris Kacita, chargé des opérations dans le système de gestion de l’incident Mpox au PNLMPOX-FHV.
« Jusqu’à la 40ème semaine épidémiologique de 2023 (semaine du 1er au 7 octobre), la RDC a enregistré 11.666 (onze mille six cent soixante-six cas) dont 556 décès, soit une létalité de 5%. Il y a eu également 1.106 échantillons prélevés et envoyés au laboratoire de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) dont 714 cas se sont avérés positifs, soit 64% », a précisé le Dr Kacita.
Les provinces les plus touchées sont l’Equateur qui a notifié depuis le début de l’année 3.850 cas dont 341 décès, le Sankuru avec 1.353 cas dont 29 décès, le Maï-Ndombe avec 1.667 cas dont 111 décès et la Tshuapa avec 479 cas dont 29 décès. Kinshasa a enregistré 72 cas dont 15 se sont avérés positifs au Monkeypox après analyse au laboratoire. Dans la capitale de la RDC, 7 enfants de 5 à 15 ans ont été touchés par le Monkeypox et un décès a été enregistré.
« La RDC est un pays endémique du Monkeypox, une maladie présente dans un grand nombre de provinces. Nous sommes dans un environnement où il y a un écosystème forestier. C’est dans les provinces où il y a la prédominance forestière qu’on trouve plus de cas de Monkeypox, notamment le Maï-Ndombe, l’Equateur, le Sankuru et la Tshuapa. La propagation de cette maladie est due aussi aux mouvements des populations et des animaux. Ce qui fait que certaines provinces qui n’avaient pas notifié de cas de Monkeypox s’ajoutent cette année sur la liste des provinces touchées. Il s’agit, entre autres, du Sud-Kivu, de la Lomami et de Kinshasa », a expliqué le Dr Kacita.
20 des 26 provinces de la RDC touchées par l’épidémie de Monkeypox
Il a indiqué que 20 des 26 provinces de la RDC sont touchées par l’épidémie de Monkeypox ou variole de singe.
Il s’agit des provinces suivantes : Bas-Uélé ; Equateur ; Haut-Uélé ; Ituri ; Kasaï ; Kasaï Central ; Kasaï Oriental ; Kinshasa ; Kongo Central ; Kwango ; Kwilu ; Lomami ; Maï-Ndombe ; Maniema ; Mongala ; Nord-Kivu ; Sud-Kivu ; Sankuru ; Tshopo ; Tshuapa.
La forme humaine de la maladie a été identifiée pour la première fois en 1970 chez un garçon de neuf mois dans la province de l’Equateur en République démocratique du Congo.
En 1996, la province du Sankuru, au centre de la RDC, avait notifié le plus grand nombre de cas de Monkeypox dans le monde. La RDC avait notifié à l’époque 552 cas de Mpox. Ce fut la première épidémie dans le monde avec un nombre important de cas en RDC. Selon l’OMS, depuis 2005, on signale chaque année des milliers de cas présumés en République démocratique du Congo.
Une flambée mondiale du Monkeypox s’est déclenchée en 2022-2023. Selon l’OMS, en 2022, on a recensé dans 110 pays quelque 87.000 cas et 112 décès. La flambée mondiale a touché en premier lieu (mais pas uniquement) les personnes homosexuelles et bisexuelles, notamment les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes, et s’est propagée entre les individus par le biais de réseaux sexuels. On ne connaît pas le réservoir naturel du virus, mais il est possible qu’il s’agisse de petits mammifères, comme des écureuils et des singes.
La variole de singe, une maladie virale zoonotique
Selon le Dr Kacita, le Monkeypox ou la variole de singe est une maladie virale zoonotique (d’origine animale) causée par l’orthopoxvirus simien, qui appartient au genre Orthopoxvirus de la famille des Poxviridés. Elle se manifeste par une forte fièvre qui peut durer 2 à 3 jours, accompagnée de courbatures, de sensation au niveau de la gorge, d’une fatigue généralisée au bout de 2 à 3 jours. Elle est également caractérisée par l’apparition des boutons au niveau du visage, des mains, des membres inférieurs et supérieurs, particulièrement la pomme de main et les plantes de pieds.
Le chargé des opérations dans le système de gestion de l’incident Mpox au PNLMPOX-FHV a fait savoir qu’on distingue deux types de transmission de la variole de singe, à savoir la transmission primaire et la transmission secondaire.
Dans la transmission primaire, le contact se fait entre l’animal et l’homme, c’est-à-dire que quelqu’un va ramasser un animal mort ou malade et le manipule. A partir des sécrétions de l’animal, il peut être contaminé. Par contre, la transmission secondaire se fait par contamination interhumaine, c’est-à-dire de l’homme à l’homme.
La riposte à cette maladie en RDC est conduite par un comité nommé par le ministre de la Santé publique, Hygiène et Prévention. Ce comité est composé d’un incident manager, d’un chargé des opérations et de la planification et de différents piliers qui travaillent ensemble dans la gestion de cet incident qui est le Mpox. Il y a également une équipe de surveillance, une équipe de la prise en charge médicale et psycho sociale, une équipe de la logistique et une équipe de la communication.
Le Dr Kacita a soulevé le fait que le vaccin et les médicaments contre le Mpox sont encore en expérimentation. C’est ce qui fait qu’à ce jour, le traitement contre cette maladie est symptomatique. Et la meilleure prévention humaine jusqu’ici reste le lavage régulier des mains. Il faut éviter toute manipulation d’un animal trouvé mort dans la forêt ou à domicile et ne pas le consommer. La prise en charge de la variole de singe est gratuite. ACP/KHM