Trois questions au directeur du Programme national d’élimination de la lèpre en RDC

Kinshasa, 25 janvier 2024 (ACP)-. La communauté internationale va commémorer le dimanche 28 janvier 2024 la 71ème Journée mondiale des lépreux sous le thème « Vaincre la lèpre et ses conséquences ».

En République démocratique du Congo (RDC), le thème national retenu pour cette Journée est « Non à la stigmatisation et oui à la dignité de la personne affectée par la lèpre ».

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la lèpre est une maladie infectieuse chronique causée par un bacille appelé « Mycrobacterium leprae ». Elle touche principalement la peau et les nerfs périphériques. En l’absence de traitement, elle peut entraîner des incapacités progressives et permanentes. 

Au niveau mondial, la RDC est classée 4ème pays le plus touché après l’Inde, le Brésil et l’Indonésie.

En prévision de la commémoration de cette journée, l’ACP a posé trois questions au Dr Florent Ngondu, directeur du Programme national d’élimination de la lèpre (PNEL), pour en savoir plus sur la situation de cette maladie en République démocratique du Congo.

Question 1 : Quelle est l’ampleur de la lèpre actuellement en RDC ?

Réponse : La RDC est un pays endémique de la lèpre. En 2022, le pays a dépisté 3.720 nouveaux cas de lèpre, soit 3% de cas répertoriés dans le monde. Au cours de la même année, 140.594 nouveaux cas de lèpre ont été dépistés à travers le monde dans 182 pays.

La lèpre est présente dans toutes les 26 provinces de la RDC, mais à des degrés différents. Il y a trois provinces qui sont les plus touchées avec plus de 400 nouveaux cas de lèpre dépistés par an. Il s’agit du Tanganyika, du Haut-Katanga et du Sankuru. Il y a trois autres provinces qui notifient plus de 300 nouveaux cas par an, à savoir, le Bas-Uélé, le Haut-Uélé et l’Equateur, suivi de la province de la Tshopo avec plus de 200 nouveaux cas par an. Le Maï-Ndombe et le Nord-Ubangi dépistent plus de 100 nouveaux cas de lèpre annuellement alors que les autres provinces qui restent ont moins de 100 nouveaux cas par an.

Question 2 : Quelles sont les principales difficultés auxquelles fait face le Programme national dans sa lutte contre la lèpre en RDC ? 

Réponse : Les difficultés, nous en avons beaucoup. Et la principale difficulté est le manque de ressources financières pour étendre la couverture du programme à toutes les provinces. Le Programme national d’élimination de la lèpre est certes présent partout en RDC, mais la couverture du programme n’est pas encore optimale ; nous n’avons pas encore atteint 80%, nous sommes à 70%. Ce qui fait que certaines couches demeurent non couvertes.  La RDC reçoit gratuitement les médicaments contre la lèpre de l’OMS, mais il se pose un problème de transport pour les acheminer de l’unité centrale vers les provinces qui n’ont pas de partenaires d’appui. Sur les 26 provinces que compte la RDC, 11 n’ont pas de partenaires d’appui.

Question 3 : Quelles sont les stratégies et les perspectives du programme national pour parvenir à l’élimination de la lèpre comme problème de santé publique en RDC?

Réponse : Comme perspectives, nous envisageons de mener des actions concrètes en dehors du dépistage de routine de la lèpre, notamment de mini campagnes d’élimination de la lèpre. Un travail d’ensemble doit être fait entre le personnel de santé et la communauté pour rechercher des cas de lèpre au sein de la population afin qu’ils bénéficient d’un traitement gratuit qui les amènera à la guérison. Nous envisageons également plusieurs stratégies au sein des zones de santé pour dépister la maladie, la redynamisation de la stratégie de prévention de l’infirmité et l’adaptation physique des malades car 10% d’entre eux se présentent avec des infirmités. 

Pour éviter la mutilation, les malades doivent procéder au dépistage précoce, c’est-à-dire savoir qu’une tâche sur la peau est un motif de consultation. La lèpre est guérissable car une fois que vous commencez le traitement, la première dose tue 99% de microbes.

Nous avons deux formes de lèpre. La forme mineure qui nécessite un traitement de 6 mois et la forme majeure qui exige un traitement de 12 mois.

(Propos recueillis par Déborah Lusamba et Geneviève Makulu)

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