RDC : l’inclusion des langues nationales dans l’enseignement recommandée dans une table-ronde à Kinshasa

Kinshasa, 24 avril 2024. (ACP).- L’inclusion des langues nationales dans l’enseignement de la République démocratique du Congo a été recommandée mercredi lors d’une table ronde sous le thème : « Apprendre et enseigner en français et en langues nationales en RDC », organisée à Kinshasa, en République démocratique du Congo.

«Il s’avère important d’inclure les langues nationales et du milieu dans le système d’enseignement pour faciliter aux élèves l’imprégnation des cours, surtout au niveau de l’école primaire », a déclaré le Pr Camille Sesep, l’un des conférenciers.

Dans cette démarche d’inclusion des langues nationales, les participants ont souligné la nécessité de procéder à un travail de standardisation et normalisation de toutes les langues. Aussi, la création des centres culturels et une académie des langues congolaises, ont-ils ajouté.

Le délégué général à la Francophonie, Mabiala Ma-Umba a fait savoir « contrairement à ce que les gens croient, notamment les congolais, notre appartenance à la francophonie dont nous devons être fiers parce que nous sommes l’un de plus grands pays francophones, ne devrait pas et ne doit pas nous empêcher de promouvoir nos langues congolaises, nationales, c’est extrêmement important ».

Pour lui, le programme «  Ecole et langues nationales (ELAN) », par lequel l’organisation internationale de la francophonie appuie les états membres à développer le programme d’éducation en encourageant l’utilisation des langues africaines, locales, nationales durant les premières années d’apprentissage scolaire.

« Au-delà de la langue française, ce que nous recherchons, c’est le développement de nos communautés, la paix dans le monde », a-t-il dit.

La RDC appelée à fournir des sacrifices pour construire un système éducatif de qualité

Par ailleurs, le délégué général à la francophonie a saisi cette opportunité pour lancer un appel aux autorités politiques et éducatives de la RDC, à fournir des sacrifices pour construire un système éducatif de qualité.

« En tant que nation nous devons faire des sacrifices pour offrir le plus d’argent possible à l’éducation, je dirais même pour que nous puissions consacrer pendant dix ans au moins,  un quart de notre budget national à l’éducation, 25 % de notre budget de la maternelle à l’université. Ça nous permettra de construire un système éducatif de qualité, de former des ressources humaines qui faciliteront l’émergence du pays », a soutenu M. Mabiala.

Et de poursuivre : « C’est un appel de prise de conscience, nous savons tous que l’éducation est le fondement de la société, les enfants qui sont à l’école aujourd’hui, on verra les résultats dans 15, 20 ans. Il faut qu’on garde à l’esprit que l’avenir d’une nation se construit par l’éducation et donc si nous la négligeons, nous en  payerons le prix plus tard ».

Les questions linguistiques dans les enjeux politiques de la RDC

De son côté, le Pr Camille Sesep N’sial, président de la Société congolaise des Linguistes a indiqué que les questions linguistiques ne sont pas marginales. Elles sont une affaire d’Etat et constituent un véritable enjeu politique.  « Il doit en être ainsi dans notre pays comme c’est le cas ailleurs », a-t-il souhaité.

« Partenaires attentifs du système éducatif, nous sommes appelés aujourd’hui à échanger autour d’une problématique centrale de ce système, celle de l’apprentissage et de l’enseignement en langues nationales. Faut-il souligner l’importance de cette thématique pour un système éducatif appelé à se réinventer pour être réellement un laboratoire de la nation délabrée et en quête de repère et pour fournir à celle-ci des hommes et des femmes capables de la transformer pour le bien général », a-t-il souligné, avant de poursuivre son intervention sous le thème : « Enseigner quelles langues et en quelles langues ? ».

Pour sa part, le Pr. Valère Munsya, chargé de la formation au Secrétariat permanent d’appui et de coordination du secteur de l’éducation (SPACE) a rappelé que  depuis 2015, la RDC dispose d’une Stratégie sectorielle de l’éducation et de la formation adoptée par le gouvernement. Cette stratégie dénommée « SSEF 2016-2025 » s’articule autour de trois (3) grands axes stratégiques et des réformes sectorielles dont l’objectif est la transformation du système éducatif congolais, a-t-il laissé entendre.

« Ces trois axes sont l’Accès et l’équité, la qualité de l’éducation ainsi que la gouvernance du secteur. La Stratégie sectorielle comprend près de 36 réformes reparties dans ses différents axes dont dix sont considérées comme prioritaires. Parmi ces réformes prioritaires, il y a celle qui institue l’enseignement en langue locale dans le premier cycle du primaire »,  a-t-il fait savoir.

Cette table ronde d’un jour a été organisée par la Société Congolaise des Linguistes (SOCOLIN), en collaboration avec la délégation générale à la Francophonie (DGF) et le Secrétariat permanent d’appui et de coordination du secteur de l’éducation (SPACE). ACP/KHM/KKP

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