Kinshasa : le manque de culture fiscale freine le travail d’assainissement dans une  commune (Un expert en développement communautaire)

Kinshasa, 25 mars 2025 (ACP).- Le manque de culture fiscale freine le travail d’assainissement de la commune de Masina, dans l’Est de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), a indiqué mardi à l’ACP le chef de service de développement communautaire de cette municipalité.

«Le manque de culture fiscale, la faible mobilisation des recettes municipales dues à la négligence des agents et le manque de budget freinent le travail d’assainissement de notre commune», a déclaré Tarcice Luyungu.

«L’homme congolais n’a pas la culture des taxes. Aucun congolais ne quitte sa maison pour aller payer l’Etat. Il faut donc aller vers lui pour le bousculer et faire pression. Parfois, on applique des mesures disciplinaires et des sanctions. Cela devient une tracasserie pour d’autres. Or si on ne fait pas ça, l’État aussi ne va pas vivre», a-t-il ajouté.

Répondant à une question sur l’assainissement de cette municipalité, il a fait savoir que Masina n’a pas de budget conséquent.

«La commune de Masina a besoin de recruter 580 agents pour l’assainissement. Il faut les payer avec un minimum de 100 dollars par agent et chaque mois. Ce qui peut nous coûter au plus 58 000 dollars par mois. Or, la commune n’a pas un budget de plus de 200 000 dollars l’an», a-t-il dit.

En outre, M. Luyungu a considéré la négligence des agents des services publics de Masina comme une des causes liées à la faible mobilisation des recettes municipales de cette entité.
 
«Les agents mécanisés de la commune de Masina négligent leur travail de terrain. Ils sont devenus orgueilleux et ne fournissent aucun effort sur le terrain parce qu’ils savent qu’ils auront leur salaire à la fin du mois. C’est une des difficultés que nous avons pour maximiser les recettes un peu considérables», a-t-il fustigé.

A l’en croire, ce sont des personnes nouvellement engagées et non rémunérées qui se livrent au travail de mobilisation sur le terrain. Malheureusement, a-t-il ajouté, ces agents appelés en langage administratif «nouvelles unités» (N.U) ne versent pas toutes les recettes mobilisées dans la caisse de la commune.
 
«Les agents qu’on nous affecte, 90 % sont de nouvelles unités (N.U) non payées. Ce sont ceux-là que nous envoyons sur le terrain pour mobiliser des recettes. Si par exemple un tel agent perçoit 100 dollars, il peut verser dans la caisse de l’Etat 20 ou 30 dollars. Ils se font payer eux-mêmes et c’est un manque à gagner pour l’État congolais en général», a-t-il déploré.
 
«Les nouvelles unités sont des vrais mobilisateurs des recettes. Ils le font parce qu’ils savent qu’ils doivent gagner quelque chose. Ils se battent en visant d’abord leur intérêt personnel», a renchéri M. Luyungu. ACP/UKB

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