Des réformes aux prochains États généraux pour dédouaner l’image écornée de la Justice en RDC (Par Robert Ludweme Kabamba)

Kinshasa, 19 août 2024 (ACP).- « Pourquoi la Justice congolaise est-elle qualifiée de malade? Quelle thérapie face à cette maladie ? ». Tel est le thème retenu par le gouvernement à travers le ministère d’État en charge de la Justice et garde des sceaux pour les prochains États généraux de ce secteur dont la tenue a été annoncée à l’issue du 9ème Conseil des ministres du gouvernement Suminwa du vendredi 16 août.

Une simple lecture de ce thème résume implicitement ce qui se dit dans l’opinion au sujet de l’image que se fait plus d’un Congolais sur le comportement de ce secteur clé pour la bonne marche de la société. La Justice congolaise a tellement accumulé des failles que des compatriotes préfèrent malgré eux,  régler certains différends à l’amiable pour se mettre à l’abri des griffes de ceux-là qui sont appelés à dire correctement le droit dans la vérité et en toute équité. Au lieu de cela, beaucoup d’hommes de la loi ont tordu l’éthique judiciaire, préférant se comporter en mercenaires, ternissant ainsi l’image de cette noble profession qui est pourtant entourée d’un arsenal juridique approprié dont l’application saine ferait le bonheur de la Nation congolaise.

Comme l’a si bien relevé le ministre de tutelle, une bonne pratique de la Justice élève une Nation par la stabilité des institutions et la consolidation de la paix. Tout citoyen soucieux du développement harmonieux de son pays, de sa bonne réputation et de la fierté nationale se met en dessous de la loi. Il ne doit exister de lois pour les citoyens d’en haut et de ceux d’en bas. Devant la loi, tout le monde est censé être égal. C’est à ça que notre pays doit aspirer pour se permettre de tenir sur les deux pieds. Dans un État de droit, il n’y a aucune acception des personnes. Tout comme la liberté ne doit pas céder la place au libertinage dans une société aux vertus démocratiques reconnues. En République démocratique du Congo, certes, le mal est profond dans ce domaine et ce n’est plus qu’un secret de polichinelle. C’est pourquoi, le ministre d’État à la Justice, cité dans le compte rendu du conseil des ministres, parle de faire sans complaisance, un diagnostic des maux qui rongent la Justice de notre pays, afin de lui administrer une thérapie de choc à travers des réformes profondes.

Des réformes qui vont être partagées par tous les acteurs à l’issue desdits États généraux. Nous osons croire sans rien anticiper que des questions liées au monnayage des procès, donc à la corruption, au non-respect des procédures dans l’instruction des dossiers, aux arrestations arbitraires et aux conditions sociales des acteurs judiciaires ne manqueront pas d’être examinées à cette occasion. C’est vrai que des Etats généraux du genre se sont tenus en 2015, sous l’ancien ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba. Aujourd’hui, neuf ans après, il s’agira d’évaluer le niveau d’exécution des conclusions et recommandations sorties de ces assises, en vue de les renforcer et de formuler des actions concrètes à mener au regard de la triste situation de l’heure déplorée dans ce secteur.

La RDC n’a pas besoin d’organiser des jeûnes et prières pour faire régner la justice dans tous les secteurs de la vie nationale. Au contraire, il faudrait des lois impersonnelles opposables à tous et dont l’application ne souffrirait d’aucune exception. Une fois cela expérimenté avec succès par notre Justice et nos concitoyens, beaucoup de tares du moment dont souffre l’État congolais vont se régler de soi dans nos différentes communautés et le pays se construira sur des bases légales solides et durables. ACP/

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