Crimes dans l’Est : trois questions à Théodore Ngoy, avocat conseil à la CPI

Kinshasa, 12 mars 2025 (ACP).- La Cour pénale internationale (CPI), à travers son Procureur, veut ouvrir un dossier sur la situation de guerre qui sévit dans l’est de la République démocratique du Congo depuis presque 30 ans. A ce sujet, l’ACP s’est, à cette occasion, entretenue mercredi avec Théodore Ngoy, avocat conseil à la Cour pénale internationale (CPI), qui a notamment plaidé pour l’établissement d’une Cour spéciale pour la RDC, un Tribunal international pénal ad hoc qui pourrait juger le président rwandais Paul Kagame et tous ses complices Congolais pour des crimes graves dans l’Est du pays.

ACP 1. La Cour pénale internationale veut ouvrir un dossier sur la situation d’une guerre qui totalise presque 30 ans aujourd’hui. Qu’est-ce que la République démocratique du Congo, pays victime de cette agression, peut aujourd’hui attendre de cette haute cour?  

Theodore Ngoy (TN). Je crois que le procureur près la Cour pénale internationale (CPI), lors de son séjour, a évoqué l’idée d’une Cour pénale ou d’un Tribunal international pénal ad-hoc. C’est la solution pour que dans la résolution des Nations Unies qui créerait ce tribunal, il soit précisé la compétence « ratione temporis », c’est-à-dire que les faits seront jugés depuis 1996 jusqu’à ce jour. En ce moment-là, les victimes pourraient obtenir réparation.

ACP 2. Cette guerre, avec ses effets néfastes comme les viols, tueries, destructions des biens, pertes de revenus, traumatismes, a impacté négativement la vie des populations locales. Comment les victimes peuvent-elles obtenir réparation ?

T.N. Pour celles (victimes) qui nous ont déjà quittés, leurs ayant droit pourront être dédommagés. L’Etat pourrait également être dédommagé. Ce que je recommande donc, c’est que les autorités congolaises, diplomatiquement, usent de cette « bienveillance » de la communauté internationale pour obtenir qu’effectivement, il y ait cette Cour qui est spéciale ou ce Tribunal international pénal ad-hoc qui pourrait juger Monsieur Kagame et tous les Congolais qui se sont associés à lui pour commettre les crimes qui ont porté atteinte à la paix et la sécurité de l’humanité.

ACP. Que recommandez-vous aux justiciers tant nationaux qu’internationaux, pour que pareils actes ignobles ne se reproduisent plus en RDC, tout comme dans d’autres pays victimes ?

T.N. Je voudrais dire que la communauté internationale n’ignore pas qui est l’auteur de ces crimes et les raisons de ces crimes. L’auteur, ce sont les Etats qui se sont réunis à la Conférence de Berlin et qui ont considéré le pays (RDC) comme un scandale géologique, un coffre de matières premières, un « Trading post ». 

(Pour ces Etats réunis à Berlin), il faut à tout prix obtenir par la force, que le pays (RDC) (…) n’exerce pas le contrôle souverain sur ses ressources multidimensionnelles et que les sociétés multinationales appartenant à ces Etats prennent tout ce dont ont besoin pour leurs industries, pour leurs Laptops, pour leurs avions, leurs instruments de médecine, etc.

Donc, cette bienveillance-là, nous devons l’exploiter pour amener la Communauté internationale à reconnaitre qu’elle a été complice, silencieuse ou même active des crimes qui ont été commis. Parce que pour pouvoir mettre la main sur les richesses, il fallait déplacer les Congolais, les tuer ou les massacrer et les remplacer par les Rwandais. ACP/

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