Kinshasa, 23 mars 2025 (ACP).- Les droits des déplacés de guerre dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) ont été triplement violés de manière flagrante depuis l’agression barbare perpétrée par l’armée rwandaise et ses supplétifs de AFC-M23 dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, avec de lourdes conséquences que cela comporte sur le plan humanitaire,selon plusieurs rapports concordants consultés par l’ACP.
Dans la province du Nord-Kivu, particulièrement, les violations des droits fondamentaux ont laissé une population brisée et déséquilibrée , obligée de vivre dans une situation plus que misérable, forçant des millions de personnes à fuir leurs foyers en vue de trouver des abris de fortune ailleurs.Devenues des déplacées internes contre leur propre volonté , ,ces populations , victimes des exactions Indescriptibles , sont privées d’accès aux soins de santé et à l’éducation ,vivant dans une promiscuité accrue dans des camps des déplacés, où elles ne sont nullement à l’abri des bombardements armés.
« Le droit à un environnement sain est également bafoué. Les déplacés vivent dans des camps insalubres, exposés aux maladies, au manque d’eau potable et à la malnutrition. En somme, la guerre ne cause que désolation et traumatisme dûs à des des conditions inhumaines de vie », a dénoncé un défenseur des droits de l’homme.
Selon certains rapports, Goma, ville martyre, qui a accueilli des milliers de déplacés fuyant les combats a vécu l’enfer .
« Les femmes et les jeunes filles sont particulièrement exposées aux viols et aux abus de tous genres, souvent commis à l’indifférence générale. Le manque des vivres et soins médicaux pousse de nombreuses personnes à la mendicité et autres pratiques déshonorantes. Cette situation, loin d’être accidentelle, traduit une volonté délibérée de destruction méthodique d’une partie de la population congolaise », a-t-on lu dans le rapport d’une ONG.
L’histoire récente a montré que lorsque certaines populations sont victimes de guerres et de persécutions, la communauté internationale se mobilise souvent avec force. L’exemple du conflit en Ukraine où l’invasion russe a mobilisé une forte opinion internationale suivie de l’aide humanitaire au début est plus qu’éloquent . On y a même mis en place des corridors humanitaires pour protéger les civils.
Des interrogations sur la gestion des crises humanitaires
Sans comparaison aucune, « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », selon la Déclaration universelle de droit de l’homme (DUDH). La situation des Congolais déplacés, reléguée au second plan, ne cesse de soulever des interrogations sur l’équité et la justice dans la gestion des crises humanitaires dans la partie Est du partie.
Outre la crise humanitaire, les conséquences de cette guerre qui s’est élargie au Sud-Kivu, sont devenues dévastatrices. Sur le plan économique, des régions entières sont paralysées, l’agriculture et le commerce étant fortement affectés, tandis que sur le plan social, la précarité grandissante a alimenté la criminalité et la vulnérabilité des jeunes face aux recrutements forcés de la part des meurtriers du M23.
Face à cela, les organisations de défense des droits humains ont dénoncé un « génocide silencieux », affirmant que la communauté internationale ne peut plus fermer les yeux sur les atrocités commises dans l’Est de la RDC. Pourtant, malgré les rapports accablants, les condamnations sont restées timides.
« Il est impératif que la RDC et ses partenaires engagent des poursuites contre les auteurs des crimes à travers la Cour pénale internationale (CPI) », a laissé entendre Théodore Ngoy, avocat conseil à la CPI. D’autres spécialistes, ont suggéré la mise en place d’un tribunal spécial pour la RDC, comme ceux créés pour juger les crimes commis en ex-Yougoslavie ou au Rwanda en 1994.
Depuis le début de cette guerre, des dizaines de milliers de civils ont été tués, souvent dans des conditions atroces et, plus de 7 millions de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du pays, occasionnant une triple violation flagrante de leurs droits, entre autres ; la privation des biens, la séparation des familles et les stress et traumatismes ainsi que l’impunité des bourreaux.
Ce bilan macabre de violation des droits de l’homme souligne l’urgence d’une réponse internationale à la hauteur du drame que vit la population congolaise. Des mesures concrètes pour restaurer la dignité et les droits de ces populations oubliées. Car, tant que la justice ne sera pas rendue, tant que les mécanismes de protection des civils ne seront pas renforcés, ces millions de Congolais vont tristement demeurer dans la souffrance. ACP/C.L.