Trois questions à Mme Espérance Dia Akir Akir, premier président de la Cour d’appel de Kinshasa – Gombe

1ère Question :  Mme, vous êtes la toute première femme à exercer les fonctions de premier président d’une Cour d’appel en République démocratique du Congo. Voudriez-vous bien décliner votre parcours professionnel aux différents lecteurs de  l’Agence congolaise de presse ?

Réponse : « Oui je suis effectivement la première femme, première présidente de la Cour d’Appel en République démocratique du Congo, je saisis cette occasion pour réitérer ma gratitude  au président de la République, chef de l’État et Magistrat suprême, Félix Antoine Tshisekedi, qui a  daigné faire confiance en ma modeste personne en me confiant la gestion de la prestigieuse Cour d’appel de Kinshasa-Gombe,  la Cour phare de la République démocratique du Congo. Je suis convaincue qu’il  ne sera pas déçu et qu’après moi beaucoup d’autres femmes suivront. Merci à ce champion de la masculinité positive. J‘ai débuté comme magistrat à titre provisoire et puis confirmée substitut  du procureur de la République près le Parquet de grande instance de Kinshasa-Kalamu où j’ai œuvré pendant 5 ans. J’ai été ensuite affectée au tribunal de paix Kinshasa- Matete comme juge de paix pendant 5 ans, puis présidente de tribunal de paix pendant 13 ans. Je suis passée conseillère à la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe où j’ai travaillé pendant 7 ans et puis présidente à la même cour pendant 3 ans pour enfin être désigné 1ere présidente de cette Cour.

Je me suis dit que, entre autres les éléments qui ont convaincu le chef pour m’affecter à ce poste, ce que je suis fille maison et j’ai œuvré pendant près de 10 ans dans cette Cour et je connais à peu près la maison« . 

2ème Question : dans votre discours sur la rentrée judiciaire à la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe intitulé « La preuve en justice, la clé déterminante d’une décision judiciaire », vous avez insisté  sur la vérité comme l’un des points capital  en matière des preuves en justice. Que voudriez-vous insinuer par-là ?

Réponse : « Dans mon discours sur la rentrée judiciaire je voulais surtout marteler et rappeler le fait que le rôle du juge c’est de rétablir la vérité et l’élément clé c’est la preuve dont la charge incombe aux parties. C’est quand le juge a rétabli la vérité dans une question qui lui est soumise qu’il a la satisfaction d’avoir accompli sa mission qui est de dire le droit.

Cet exercice ne peut se faire qu’à travers les éléments des preuves qui sont mis à sa disposition ou découverts par lui lors du procès. Pour cette raison, nous disons que la preuve est l’élément essentiel et donc la clé déterminante pour une vraie justice, sans cela l’injustice va régner et nous pouvons conclure à la corruption, à la fraude et on aura l’impression que la mission noble du juge qui est de dire le droit n’a pas été accomplie ». 

3ème question : quels conseils pouvez-vous prodiguer à d’autres femmes qui voudraient embrasser votre carrière ?

Réponse : Je ne peux qu’encourager les dames qui veulent faire carrière dans la magistrature, qui est un métier noble. Depuis un certain temps, nous avons constaté qu’il y a de plus en plus des femmes qui veulent venir dans le métier, la femme a un avantage qui est lié à la nature, elle a le cœur de femme, le cœur de mère et donc elle est juste par nature et c’est un plus qu’elle a par rapport à l’homme.

C’est plus aisé pour elle d’exercer  cette profession et elles les font avec beaucoup de facilité et donc de façon naturelle. Il n’y a aucun effort à fournir pour rendre la justice, et surtout quand il s’agit d’une femme qui gère la justice au quotidien dans sa maison et dans son propre intérieur.

J’invite donc les femmes à intégrer ce corps d’élite, elles découvriront combien il est agréable de reconstituer ce qui a été détruit. Je dirais même de rendre à César ce qui lui appartient.

La crainte pour plusieurs femmes c’est d’être affectées à l’intérieur du pays, c’est là où il y a d’énormes difficultés, les conditions d’accès au lieu de la mutation, l’éloignement de sa famille, le mari, les enfants et tout  ça. Mais une fois que ces conditions seront résolues, il y aura beaucoup plus des femmes dans la magistrature et c’est ce qui va combler le manque des magistrats dans plusieurs coins du pays.

J’invite donc les femmes à venir très nombreuses et qu’elles ne soient pas complexées devant les hommes, elles doivent se mettre en tête qu’elles ont  un plus  qui est cette nature que Dieu nous a donnée d’être femme. ACP/C.L.

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