L’HISTOIRE : de la chapelle de Boma à la basilique de Goma « L’histoire de l’évangélisation de la RDC de l’ouest à l’est » (Honoré Kiteswa et Symphorien Mahumbanyia,sous la coordination de Mathieu Yoha)

L’histoire dira un jour son mot si l’évangélisation de la Répu­blique Démocratique du Congo a commencé avec les missionnaires venus dans la suite de l’explorateur portugais Diégo Cao qui avait ‘dé­couvert » l’embouchure du fleuve Congo.

Il est rapporté, dans les livres d’histoire que personne ne met en doute, qu’en 1491 déjà, le roi du Royaume Kongo (qui s’étendait notamment entre la RDC, l’Angola et le Gabon), Nzinga Nkuwu, avait été converti au christianisme sous le nom d’Alfonso 1er.

Et qu’en 1518, son fils Don Hen­rique était nommé le tout premier évêque noir. .

Qu’à cela ne tienne, officiellement, l’évangélisation de la RDC démarre avec l’arrivée des premiers mis­sionnaires à Boma, dans le Congo central, vers 1880.

Depuis lors, l’oeuvre mission­naire catholique en RDC a pris de l’épaisseur et couvre aujourd’hui tout le pays, de l’Ouest à l’Est. Symboles de cette évangélisation : la chapelle de Boma, préfabriquée en Belgique et posée à Boma à la fin du 19ème siècle, la gigantesque basilique en construction à Goma annoncée comme la troisième en Afrique en terme de capacité d’ac­cueil.

Plus d’un siècle sépare ces deux édifices, au cours duquel l’Eglise catholique s’est profondément en­racinée en RDC jouant désormais un rôle de premier ordre sur plu­sieurs plans : politique, social, éco­nomie et bien sûr spirituel.

Tous les spécialistes des statis­tiques s’accordent aujourd’hui pour dire qu’en dépit de la poussée des églises du réveil spirituel, le ca­tholicisme reste la religion la plus répandue en RDC où il est prati­qué par plus de quarante pourcent de la population.

Le pays est divisé en six archidio­cèses et 41 diocèses, le plus grand étant l’archidiocèse de Kinshasa, la capitale du pays.

Près de 60 % des écoles primaires du pays sont gérées par des congré­gations religieuses catholiques, ainsi que des hôpitaux. Beaucoup de diocèses sont en outre proprié­taires d’entreprises, incluant des fermes ou des magasins.

Boma : berceau de l’évangélisation de la RDC

 Le diocèse de Boma constitue le berceau de l’évangélisation du Congo pour l’Eglise catholique romaine. Les premiers mission­naires catholiques sont arrivés à Boma en République démocra­tique du Congo en 1880, ren­seignent les archives consultées par l’ACP.

A cette époque, Boma était un centre commercial sous in­fluence des Portugais qui s’y étaient déjà installés depuis le début du 16ème siècle.

Partenariat Etat colonial – Eglise du Congo

A la demande du Roi des Belges, Léopold II, qui tenait à ce que son « Etat » soit évangélisé exclusivement par ses compatriotes Belges, le Saint-Siège va demander aux mis­sionnaires français, les Spiritains, de quitter Boma pour être rempla­cés par les missionnaires belges de la Congrégation du Coeur immacu­lé de Marie de Scheut (CICM) en 1891.

Cependant, déjà en 1888, Rome avait décidé de donner à la mis­sion de Boma le statut de Vicariat apostolique du Congo. Et en 1889, le gouvernement belge avait déjà construit une cathédrale métallique démontable à partir d’un atelier en Belgique et l’avait érigée à Boma non pas au mont du Saint-Esprit mais aux côtés du gouverneur gé­néral sur le plateau de Ne-Mboma.

À travers cette coopération entre l’Eglise et l’Etat colonial, les reli­gieux se sont employés à servir l’Etat indépendant du Congo (EIC), dans le domaine de la scolarisation et de l’administration des soins de santé. C’est ainsi que le père Ferdinand Huberlant, le pro-vicaire du Congo qui résidait à Boma, a dû combiner ses fonctions de pro-vicaire, curé de paroisse et directeur de l’école-colo­nie. Il s’est activé à réaménager le presbytère, ouvrir l’école et préparer l’installation des soeurs infirmières de Gand qui furent envoyées à Boma, à Banana et à Kinkanda (Matadi) pour s’occuper des ou­vriers du chemin de fer.Les pères du CICM vont alors sillonné diffé­rentes missions laissées par les pre­miers missionnaires pour les réani­mer et en créer d’autres à travers le pays. En 1899 fut fondée la mission de Kangu, en 1906 la mission de Kizu et en 1910 la mission de Vaku dans le Mayombe.

De la cathédrale Notre Dame des Victoires à la cathédrale Notre Dame de l’Assomption

Le 12 mai 1880, la mission de Boma fut créée sous le nom de la « cathé­drale Notre Dame des Victoires » par les pères du Saint Esprit. Une chapelle, une école, quatre cases, de dortoirs, un dispensaire et deux maisonnettes démontables furent érigés sur le mont du Saint-Es­prit à Boma. C’est le père Mathias Schmidt, détaché de la mission de Saint-Jacques de Landana qui y fut affecté comme premier Supérieur.

La première cathédrale « Notre-Dame des Victoires » construite à Boma
en 1889 est devenue un site touristique(Photo ACP).

Lorsque les missionnaires belges sont arrivés à la mission déjà exis­tante de Boma en 1891, ils ne s’éta­blirent pas sur le mont du Saint-Es­prit à l’actuelle Nganda CVM mais sur le plateau de Ne-Mboma, aux côtés de la résidence du gouverneur général, où une cathédrale métal­lique de 27 mètres de long et 12 mètres de large venait d’être érigée par l’Etat. Puisque la chapelle dé­montable installée par les pères spi­ritains a été ramenée à leur départ.

La cathédrale Notre Dame des Vic­toires est considérée comme la pre­mière cathédrale du Congo et de l’Afrique centrale.

En 1926, lorsque l’administration de l’Etat a été délocalisée pour Léo­poldville (actuelle ville de Kinsha­sa), le vicariat apostolique de Congo va éclater en deux, donnant lieu au vicariat de Léopoldville et celui de Boma qui va aussi céder son statut du vicariat apostolique du Congo à Léopoldville.

Avec l’augmentation des fidèles, l’église de Boma va construire une nouvelle cathédrale de 1949 à 1951 dédiée par le vicaire apostolique de l’époque, Mgr André Jacques, sous le nom de la « cathédrale Notre Dame de l’Assomption », un an après la proclamation par le Pape Pie XII du dogme de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie.

Le diocèse de Boma d’hier à aujourd’hui

Après le transfèrement du vicariat apostolique du Congo à Léopold­ville et la création de plusieurs autres missions dans le Mayombe, Boma va devenir diocèse en 1959 avec comme évêque, Mgr André Jacques du CICM. Il sera succédé à ces fonctions par Mgr Raymond Ndudi Nianga en 1967, Joachim Mbadu Kikhela en 1975, Mgr Cy­prien Mbuka en 2001 et par Mgr José-Claude Mbimbi Mbamba qui est en fonction depuis 2021 jusqu’à ce jour. A partir d’une cathédrale métallique, le diocèse de Boma compte à ce jour 48 paroisses à travers la ville de Boma et les ter­ritoires de Muanda, Seke-Banza, Lukula et Tshela.

Cependant, la première cathédrale du Congo à sa forme réduite consti­tue aujourd’hui l’un des sites touris­tiques les plus fréquentés dans la ville de Boma.

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