RDC : nécessité de transformer le jeu de hasard en opportunité économique

Kinshasa, 12 février 2025(ACP). –La nécessité de transformer le jeu de hasard en une opportunité économique a été évoquée mercredi par un économiste, lors d’une conférence en faveur des jeunes de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC).

« Au lieu et à la place de diaboliser l’essor du jeu de hasard communément appelé « Winner Loto » et les autres jeux de hasard, il serait plus pertinent d’adopter une approche proactive pour transformer cette dynamique en opportunité économique », a déclaré Maurice Mukendi, économiste et expert financier.

Selon lui, plusieurs actions pourraient être envisagées à savoir : « la création d’un marché boursier adapté , en mettant en place une bourse accessible aux petits investisseurs, où ils pourraient investir progressivement dans des entreprises locales et des projets à fort potentiel, une éducation financière et inclusion économique pour sensibiliser la population, notamment les jeunes, aux mécanismes de l’investissement et aux opportunités alternatives au jeu de hasard, comme l’entrepreneuriat, le micro-investissement et l’épargne active et développement de plateformes de financement participatif pour encourager des modèles(…)permettant aux jeunes de canaliser leurs fonds vers des projets innovants au lieu de les risquer dans le hasard ».

 Il a également recommandé l’encadrement des jeux de hasard plutôt que d’interdire, il serait judicieux de réguler ce marché pour qu’une partie de bénéfices soit réinvestie dans des programmes de formation ou d’inclusion financière.

« L’essor, par exemple , de Winner en RDC ne doit pas être uniquement perçu comme un signe d’oisiveté ou de désintéressement des jeunes pour des opportunités productives. Il révèle en réalité un manque de canaux d’investissement formels et accessibles, qui empêche ces jeunes d’exprimer leur goût du risque dans des activités plus structurées et productives. Plutôt que de combattre ce phénomène, une stratégie économique avisée consisterait à transformer cette appétence spéculative en une dynamique d’investissement durable, au service du développement du pays », a affirmé l’économiste et l’expert financier.

L’essor du jeu de hasard, conséquence du manque d’opportunités financières des jeunes

Par ailleurs, l’intervenant a indiqué que l’essor du jeu tel que  « Winner Loto » est une conséquence directe du manque d’opportunités financières inclusives et accessibles aux jeunes.

« L’essor du jeu de hasard en RDC, peut être analysé comme une conséquence directe du manque d’opportunités financières inclusives et accessibles aux jeunes entrepreneurs. Dans un pays où, l’accès au crédit demeure limité, les alternatives d’investissement sont quasi inexistantes pour la majorité de la population et Winner devient une forme de marché spéculatif informel, où les individus tentent de maximiser leur capital à court terme dans un environnement incertain », a expliqué Maurice Mukendi, économiste et expert financier.

« Dans un environnement économique plus structuré, notamment avec la présence d’un marché boursier dynamique et accessible, ces jeunes démontreraient probablement leur sens du risque dans des investissements plus productifs, tels que l’achat d’actions, l’investissement dans des start-ups ou la participation à des fonds d’investissement. Le problème ne réside donc pas tant dans leur comportement, mais plutôt dans l’absence de canaux d’investissements adaptés aux réalités locales », a- t-il dit.

M. Maurice Mukendi a affirmé que c’est avec l’appétit du risque et l’instinct d’investissement les congolais jouent le jeu de hasard.  

Pour lui, dans toute économie de marché, le goût du risque est une caractéristique fondamentale des entrepreneurs et des investisseurs. Contrairement à une vision purement récréative du jeu, l’engouement pour Winner révèle chez une partie de la jeunesse congolaise une attirance pour la prise de risque et la spéculation, deux éléments clés du capitalisme moderne.

« Derrière chaque mise, se cache une logique spéculative, évaluer les probabilités, anticiper un gain potentiel et accepter la possibilité de perdre son investissement », a-t- il précisé.

Mais l’absence d’un marché boursier fonctionnel, adapté aux réalités économiques congolaises, a-t-il poursuivi, empêche les jeunes entrepreneurs d’exprimer leur goût du risque dans des activités plus structurées.

Selon lui, un marché financier inclusif, avec des instruments tels que des actions accessibles, des fonds communs de placement et des plateformes de financement participatif, permettrait de canaliser cette appétence pour le risque vers des investissements réels et productifs, contribuant ainsi à la croissance économique du pays. ACP/UKB

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