Société nationale d’électricité : réduction de 60% de l’encours vis-à-vis des banques commerciales

Kinshasa,  27 novembre 2024 (ACP).- La gestion actuelle de la Société nationale d’électricité (Snel) a réalisé une réduction de 60% de l’encours vis-à-vis des banques commerciales et l’arrêt des crédits à court terme de l’exercice 2024, selon un document de l’opérateur public congolais de l’électricité reçu mercredi par l’ACP.  « Depuis janvier 2024, la Snel ne recourt plus aux crédits à court terme et l’encours vis-à-vis des banques commerciales, qui ont été réduits de près de 60% marquant ainsi un pas décisif dans sa politique de désendettement et la possibilité de disposer de plus d’Opex (opérations extérieures) », a-t-on lu. Selon la source, depuis la fin de l’année 2023, des signaux positifs ont été observés à la Snel en ce qui concerne la situation financière et la trésorerie qui ont été sensiblement améliorées grâce à une gestion plus rigoureuse et à la hausse du tarif haute tension. Cependant, il est vrai que les défis demeurent, notamment avec la nouvelle parafiscalité et la pression fiscale existante.  « Tout cela reste cependant fragile, les avancées obtenues pourraient en effet être mises en péril avec la nouvelle parafiscalité qui vient de s’ajouter à la pression fiscale existante », a indiqué le document. 

Consolidation des partenariats

Depuis deux ans, de nouveaux programmes de financement à la Snel ont été finalisés et d’autres sont en cours de mise en œuvre avec la Banque mondiale, la Banque Africaine de Développement, l’Agence allemande de développement (KfW), l’Agence japonaise de développement(Jica) ou l’Agence française de développement(AFD) associée à l’Union européenne (UE).  Par ailleurs, un Master plan a été défini avec la « GCM » et les opérateurs miniers. Un partenariat avec « John Cockeril » devrait permettre de redynamiser la recherche et le développement, a fait savoir la source. La réussite des projets pilotes de digitalisation avec le développement de l’application SNEL&Moi et le partenariat avec Blue Energy vont permettre des avancées significatives dans l’amélioration du service à la clientèle et de la communication.

Contrat de performance : poursuite de son plan de redressement

Le 20 septembre dernier, le gouvernement congolais avait adopté une nouvelle politique générale des entreprises publiques. De ce fait, la Snel a signé un contrat de performance avec l’Etat afin de poursuivre son redressement qui repose notamment sur la régularisation de ses titres et concessions, le paiement des créances et des consommations de l’Etat, la restructuration de sa dette, une réévaluation des investissements, une meilleure communication, la digitalisation du service à la clientèle et de la gestion des réseaux urbains couplée à la conquête des parts de marché du bois-énergie (estimé à quatre milliards USD), un programme de renforcement des capacités et un plan de relève axé sur le cœur de métier et les Nouvelles technologies de l’information et de la communication(NTIC). La nouvelle politique proposée par le ministre du Portefeuille et adoptée par le Gouvernement repose sur dix axes parmi lesquels on peut citer : les investissements et activités, le financement, les participations, la fiscalité et la parafiscalité ainsi que la trésorerie pour ne citer que ceux-là.

Les projets structurants pour 2024-2026

Centrale hydroélectrique de la Tshopo

Les projets structurants pour 2024-2026 ont été actualisés pour prendre en compte les résultats attendus de l’Etat propriétaire sous la houlette du ministre du Portefeuille, a indiqué le document.

Au nombre de grands projets structurants sur lesquels le comité de gestion compte pour accroître le taux d’électrification dans le pays, bien sûr quand les finances de la Snel seront mieux consolidées et la dette restructurée, il y a : la digitalisation du service à la clientèle Snel&Moi : compteurs communicants (Snelbox) et assainissement/modernisation des cabines et réseaux basse tension des villes et la finalisation de la construction du barrage de Katende et des réseaux de transport associés vers Kananga (Kasaï central), Mbuji-Mayi (Kasaï Oriental) et Mwene-Ditu (Lomami), ce qui permettra le soutien au développement des agro-industries et substitution de la consommation du bois énergie par l’électricité,

la réhabilitation et l’extension du barrage de Mobayi Mbongo ainsi que la construction de la ligne de transport Mobayi-Mbongo – Businga – Gemena et réseaux urbains associés du Nord et Sud Ubangi ainsi que de la Mongala. Ce projet va apporter le soutien au développement des agro-industries et substitution du bois-énergie par l’électricité ; La construction des centrales hydroélectriques sur la rivière Luapula (Haut-Katanga) ainsi que des réseaux de transport associés vers Tanganyika (Bendera) et Sud-Kivu (Ruzizi 1, 2 et 3) et Interconnexion avec le réseau de Transport Sud de Snel y compris la construction du tronçon de ligne entre Kibula (Lualaba) et Kamina (Haut-Lomami). Avec comme résultat : soutien aux industries de transformation des minerais stratégiques et agro-industries et substitution du bois-énergie par l’électricité ; La construction de la centrale hydroélectrique de Wania Rukula et des réseau de distribution associés dans les provinces de la Tshopo, du Sankuru (Lodja), du Maniema (Kindu) et du Nord-Kivu (Walikale). Le but étant de soutenir les agro-industries et  industries de transformation des minerais stratégiques et substitution du bois-énergie par l’électricité ; La construction de nouvelles centrales hydroélectriques de la rivière Inkisi (en attendant la structuration du programme Grand Inga3) + construction de la ligne Maquela Do Zombo (Angola) – Kwilu (Kongo central) et de la ligne Maluku – Kikwit. Le projet apportera le soutien à la croissance urbaine, au développement des zones économiques spéciales de Kinshasa et de l’industrie des bâtiments et travaux publics au Kongo central et à Kinshasa et substitution du bois-énergie par l’électricité.

Le contexte actuel : domination du marché par le bois-énergie

Descente du Dg de la Snel sur les terrains

Actuellement, la Snel produit 90% de l’électricité en RDC, cela ne représente que 3% de la consommation annuelle d’énergie du pays, dominée par le marché du makala (bois-énergie) qui est estimé à 4 milliards de dollars par an soit près de 10 millions de dollars par jour.

L’endettement de la Snel, évalué à trois milliards de dollars (4,5% du PIB en 2023) et cela dominé par les prêts chinois et bilatéraux (clients miniers) est difficilement soutenable. Près de 60% des recettes actuelles sont consacrées au service de la dette. Concernant le contexte actuel, l’opérateur public congolais d’électricité a fait savoir que seul 1 client sur 5 dispose d’un compteur. Ceci plombe le taux de recouvrement des recettes qui est exacerbé par le non paiement des factures de l’Etat propriétaire et des entreprises publiques qui consomment près de 30% de l’électricité dans les villes, soit 15% de toute la production Snel, sans contrepartie financière.

Déficit structurel estimé à 5 Gigawatt à travers le pays

« Le déficit structurel de capacité estimé à 5 GW entraîne des niveaux de délestage qui se traduisent par des coupures de courant quotidiennes », a-t-on lu. Ces délestages sont amplifiés par la surcharge des équipements déjà vétustes ou insuffisants, les sabotages des installations de la Snel, le vol des câbles de cuivre et des cornières des pylônes ainsi que l’explosion des raccordements frauduleux.

Ce tableau sombre montre que la Société nationale d’électricité traverse depuis plusieurs décennies une grave crise financière et opérationnelle qui se traduit par un déficit de l’offre et un service à la clientèle non satisfait. ACP/

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