Lusanga, 23 juin 2024.- Un hommage a été rendu dimanche, à Lusanga , dans la province du Kwilu, au Sud-Ouest de la République démocratique du Congo, à un délégué congolais à la 60ème édition de la biennale de Venise, décédé le 29 avril 2024 en Italie,
« Nous sommes réunis Lusanga sur le site du Cercle d’art des travailleurs des plantations (CATPC) qui encadre des artistes planteurs dans le volet aussi bien artistique que de l’agro foresterie communautaire pour rendre le dernier hommage à l’un de nôtres en la personne, de Blaise Mandefu, décédé lors de notre présentation à la 60éme édition de la biennale de Venise au pavillon Rietveld en Italie », a déclaré le président de CATPC, René Ngongo.
«Et 40 jours après, il nous a semblé utile de réunir tous les membres du cercle et du camp Kingangu pour une cérémonie d’hommage en mémoire de notre grand artiste qui nous a quitté», a-t-il ajouté.
Des témoignages en faveur de l’illustre disparu
Pour Eléonnor Elio, formatrice en Art, Blaise était une personne spéciale et exceptionnelle.
« je l’ai rencontrée au camp Kingangu sur notre site de Human activity (IHA Institute). (…) c’était quelqu’un qui avait une personnalité singulière , spéciale et unique dans sa manière de parler. (…) Il m’a beaucoup touché parce que j’ai senti qu’il était sincère dans son envie d’apprendre et de développer des connaissances qu’il avait en sculpture et également d’apprendre aux autres , une qualité très importante dont il a fait preuve au sein du CATPC et de l’atelier d’art», a-t-il dit.
Et d’ajouter: « Il a été sélectionné au sein de l’atelier CATPC pour sa générosité , sa capacité. Il a été sincère à partager avec les autres ce qu’il pensait et était un homme honnête, disant ce qu’il pensait et qui par son expérience de la vie, nous a guidé par sa sagesse comme chef coutumier et ses son art de soigner des gens. Il nous a accompagné à trouver le chemin de la sagesse».
«Il a su plonger au-dedans de lui-même, il cherchait à faire mieux pour aller de l’avant et en profondeur, car l’art est une pratique qui demande de la spontanéité , de l’intuition, de la profondeur , du cœur, tout en associant le cœur, la tête et les mains pour produire une œuvre de qualité. Et Blaise, depuis quelques années a maîtrisé cela , avant de sculpter « l’oiseau MVUYU », sa dernière sculpture si belle et si puissante.
« (…) Il nous a légués une œuvre posthume et sa plus grande œuvre, bien que quelque part , il ait su que la vie était fragile et qu’elle pouvait la quitter du jour au lendemain. Il nous a fait cadeau de cette œuvre magnifique qui parle de l’histoire de Lusanga et de ce qui s’est passé comme drame grave à l’époque coloniale dans les plantations de palme à huile et c’est un grand cadeau qu’il nous laisse», a laissé entendre Eléonore Elio, formatrice en art, avant d’exhorter tout le monde à honorer «ce qu’il a été pour nous et ce qui vit en nous à travers sa mémoire, son courage et sa sagesse».
Renzo Martens, artiste néerlandais a , dans son message depuis Amsterdam , vanté le savoir-être de Blaise.
Selon lui, Blaise était un homme de parole qui savait la respecter. «(…)Et c’est dans ce sens-là qu’il avait la capacité de ce qu’il était non seulement au Captc, mais aussi une sagesse qui vient de génération en génération que moi je ne sais pas comprendre et que j’ai pu identifier comme une sagesse pure et ancienne», a-t-il dit.
«Je l’ai vu à travers sa parole, ses discours et aussi à travers son comportement, ses sculptures bien sûr et cette énorme facilité de prendre des différentes facilités comment il était dans le jugement de White cube, comment lui qui est de Lusanga qui vient du Congo devient tout d’un coup l’ambassadeur de White cube non seulement de Lusanga, mais de tous les White cubes, très génial et très brillant et devait le protéger contre la volonté du peuple, bien sûr il devait faire allégeance avec humour et la grande sagesse comment fonctionne le monde des ancêtres, le monde du pouvoir, le monde de l’Occident, faisant de lui un visionnaire dans ce sens-là et reliant le monde».
Janke Bras, Directrice exécutive de IHA a, pour sa part, salué «ses belles et puissantes sculptures».
« Son expression était magnifique, lorsqu’il parlait de son travail, il le faisait avec son cœur et savait faire une pause pour chaque phrase , regardant autour de lui s’il a été entendu. Cette même expression puissante est présente dans ses sculptures et dans ses performances», a-t- il dit.
Parlant de son décès, il a revélé qu’il a été fauché suite à une hémorragie célébrale.
« Le jeudi soir, alors que nous nous apprêtions à faire la fête , après tous ces stress, Blaise a eu un malaise, il s’est effondré , ses amis l’ont relevé et l’ont amené dans un endroit plus calme et ont pris soin de lui , tout le monde était inquiet et Blaise été transporte par ambulance à l’hôpital. Une grave hémorragie cérébrale a été diagnostiquée».
«C’est à nous maintenant à nous tous de continuer à travailler sur son rève , sur notre rève à nous tous de racheter la terre, de restaurer la forêt grâce à l’art et de montrer qu’un monde plus juste est possible», a-t-il recommandé.
Nécessité d’occuper la jeunesse pour freiner l’exode rural et l’immigration
Le président de CATPC, René Ngongo, a exprimé la nécessité d’occuper la jeunesse pour freiner l’exode rural et l’immigration.
« En fait on va en ville pour aller chercher les moyens de subsistance. S’ils peuvent avoir leurs moyens ici . Si vous regardez autour de nous, il y a une grande production du manioc, du maïs. Aujourd’hui on est entrain de les initier à faire de l’apiculture. Ils vont avoir les moyen de subsistance ici plutôt que d’aller en ville pour commencer à quémander, à faire le mendiant, à faire des travaux journaliers (…) Ici, ils sont suffisamment autonomes plutôt d’avoir des idées d’aller s’exiler dans les ville quitter le pays pour aller ailleurs. Ici ils mangent bio, ils sont en bonne santé, ils n’ont pas intérêt d’aller s’exiler ailleurs», a-t-il fait remarquer.
« Ce n’est pas seulement en Italie. Nous participons dans beaucoup d’organisation sur le plan artistique à travers le monde. Que ce soit en Europe, en Asie, en Amérique, en Afrique. Même ici au pays, on va à Lubumbashi. Ils sont enracinés dans leur milieu. Ils sont plus à l’aise ici que lorsqu’ils sont en Europe. Ca fait 10 ans, qu’ils font des voyages à extérieur du pays , on a jamais eu un cas de quelqu’un qui quitte», a-t- il affirmé.
A l’issue d’une visite d’une école de la région, Réné Ngongo a souligné l’importance d’encadrer les enfants.
« Les enfants apprennent à planter les arbres et certaines cultures. Ils apprennent aussi l’art. Il faut les préparer dès le bas âge. Ils apprennent aussi le français. Nous voulons ajouter aussi d’autres langues notamment l’anglais. Il faut les encadrer. L’idée c’est d’arriver à avoir un cycle complet. A partir de la maternelle, primaire et école secondaire, pour accompagner les efforts de notre gouvernement dans l’éducation de la jeunesse, l’avenir de demain», a-t-il souligné.
ACP/