Kinshasa, 09 août 2024 (ACP).- la pérennisation de la rumba congolaise a été au centre d’un atelier intitulé » jury d’immersion », organisé vendredi à l’Académie des beaux-arts de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), en vue de créer une identité visuelle de ce genre musical.
«Le projet que nous avons tenu à présenter aujourd’hui s’intitule ‘’la rumba, jury d’immersion (…) le but est de promouvoir et sauvegarder notre musique qui est devenue patrimoine mondial. Les étudiants du département des arts visuels vont devoir travailler et mener des recherches pour créer une identité visuelle à travers les images et graphiques autour de la rumba», a déclaré, en introduction, Nicole Mwanga, chef du département de la communication visuelle à l’Académie des beaux-arts.
Et d’ajouter: «Ce projet est né d’une problématique « comment promouvoir la Rumba à travers une identité visuelle qui nous renvoie à la notion de la charte graphique ? » Pour répondre à cette question, nous avons eu à orienter les étudiants en quatre groupes avec chacune une thématique spécifique afin de bien mener les recherches sur la Rumba».
Pour elle, les jeunes chercheurs de l’Académie vont travailler sur l’identité visuelle de quelques musiciens avec la typographie des images qui seront collées aux styles de musique.
«L’idéal est d’ancrer la rumba dans nos esprits à travers des images (bande dessinée et autres supports) pour intéresser le public sur l’histoire de la Rumba et ses atouts. C’est aussi : créer des illustrations sur les acteurs qui ont contribué à l’émergence de la rumba, de produire une vidéo (film avec scénario) qui retrace l’histoire de la rumba, des musiciens et leurs œuvres», a soutenu le chef de département.
Et de souligner : «Ils vont aussi mettre en place un portail pour informer sur les activités autour de la rumba et former un community manager qui va travailler pour créer une communauté virtuelle afin de partager et échanger sur la rumba dans les réseaux sociaux».
Histoire, origine et économie de la rumba
Intervenant au cours de cet atelier, l’écrivain –penseur et homme politique congolais Didier Mumengi a mis un accent sur la portée culturelle de la rumba sur le plan national et international avec une corrélation économique.
Il a évoqué les différentes distinctivités de la rumba, partant du volet spirituel qui ramène à son origine sous l’appellation de ‘‘Kumba’’ (Nombril) jusqu’à devenir rumba. Aussi, a-t-il expliqué, la distinctivité intellectuelle qui a la dimension d’historicité et la manière dont elle a été transmise jusqu’ à l’avènement du premier orchestre congolais de rumba African Jazz de Kalle Jeff. Quant à la distinctivité affective, Didier Mumengi a démontré comment la RD-Congo peut développer les activités autour de la rumba avec une possibilité de quitter la rumba comme bien patrimonial à un bien économique pour créer des richesses.
«Il faut que la rumba cesse d’être seulement une détente mais, elle doit devenir une industrie à part entière dans notre économie (…). Je rêve qu’à travers vos recherches, vous puissiez démontrer l’importance de l’économie de la rumba congolaise. Notre pays doit arriver à fabriquer des instruments et autres accessoires de musique, made in Congo RDC, avec les noms de pères géniteurs de la rumba», a déclaré l’écrivain –penseur congolais.
Et de s’interroger : «Pourquoi ne pas fabriquer une marque de micro nommée Franco Luambo, une guitare nommée Nico Kassanda? Produire des festivals et autres évènements sur la Rumba afin de susciter une dynamique et rendre davantage touristique le pays ?».
Il a indiqué en outre que la rumba dans le volet scientifique, doit être également enseignée dans les écoles dans sa dimension historique et cosmopolite. Il faut que nous ayons des matériels didactiques, écrire des livres pour déchiffrer les techniques, les codes, la guitare, la danse et chorégraphie autour de cette musique afin d’y ajouter des plus- values, a-t-il conclu.
Lien entre la musique et les arts visuels
Le directeur général de l’Académie des Beaux-Arts a, en sa qualité de parrain du projet, salué l’initiative du département de la communication visuelle qui s’inscrit dans le cadre de la mission de cette institution d’enseignement universitaire. «Ce projet autour de la rumba exprime l’engagement de l’Académie des beaux-arts dans la promotion de la culture à travers l’art au pluriel», a Henry Kalama, avant d’exhorter la crème estudiantine : «organiser des recherches fait partie de notre mission en tant qu’université. Vos travaux sur la rumba permettent de découvrir des sujets et connaissances autour de cette musique qui est notre identité.», a déclaré Henri Kalama.
Il a poursuivi en indiquant : «nous ne sommes pas une université des musiques mais, retenez que les arts se complètent et se nourrissent. C’est ici qu’il y a le lien entre la rumba et l’art visuel. La musique est un art majeur dans la hiérarchie des arts. Sans la musique, le monde serait une erreur, a dit un philosophe. Elle nous adoucit et nous accompagne dans toutes les circonstances de la vie. La rumba est notre patrimoine. Elle nous unit et donne de la voix. La rumba est une sociologie de notre âme. Je suis persuadé que les travaux qui vont être présentés, vont rendre la rumba accessible dans toutes les couches de la population».
Il sied de noter que la rumba congolaise, déclarée le 14 décembre 2021 comme patrimoine immatériel culturel de l’humanité par l’UNESCO, mérite une promotion afin de garantir sa pérennisation. ACP/ODM