Kinshasa, 18 décembre 2024 (ACP).- L’exclusion des femmes dans de grands débats politiques a été présentée comme l’un des obstacles à la véritable démocratie en République démocratique du Congo (RDC), dans un entretien mercredi à Kinshasa avec une actrice sociale.
« Depuis que le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo avait annoncé vouloir modifier la Constitution qu’il juge obsolète et pas adaptée aux réalités du pays, les femmes ne sont pas suffisamment représentées dans ce débat crucial. Leur exclusion de grands débats politiques est un obstacle à la véritable démocratie et à l’inclusivité », a déclaré Babeth Tshibola Kapeta, coordonnatrice de la fondation « Kalamu Lisanga ».
« Les partis politiques doivent comprendre qu’en retirant les femmes de ces débats, elles laissent d’autres déterminer leur avenir malgré leur capacité et leur légitimité à y prendre part. Et pourtant la politique doit être un espace de représentation de toutes les voix et cela inclut évidemment les voix des femmes », a-t-elle ajouté.
Pour Mme Kapeta, la société congolaise reste encore marquée par des stéréotypes de genre qui influencent la participation des femmes dans des domaines tels que la révision constitutionnelle qui est perçue comme un terrain plus masculin.
La faible implication des femmes dans ce débat de la révision de la Constitution est liée à plusieurs facteurs, notamment au problème structurel dans la politique congolaise, où la majorité des espaces décisionnels sont dominés par les hommes. Cela crée une exclusion implicite des femmes aux débats politiques. Même si les femmes sont présentes, ces dernières ne bénéficient pas toujours du soutien nécessaire pour s’exprimer librement.
« Il est essentiel que chaque femme prenne la parole, s’engage et impose sa place dans les discussions qui façonnent les lois et les politiques de la nation. Il est aussi important qu’elles se forment continuellement, qu’elles développent des réseaux de solidarité avec d’autres femmes et hommes politiques et qu’elles s’entraident pour surmonter les obstacles », a-t-elle fait savoir.
Elle a, par cette même occasion, recommandée à toutes les femmes politiques engagées de quitter la mentalité du paternalisme afin de se prendre en charge et se démarquer sur la scène politique. Mais aussi de prendre à cœur le débat qui concerne tout citoyen congolais.
Cette actrice sociale a en outre invité les femmes à prendre conscience de leur rôle et de leur pouvoir dans la construction de l’avenir du pays.
Plusieurs femmes politiques confrontées à des contraintes internes
Mme Kapeta évoluant au sein du parti politique »Alliance des forces démocratiques du Congo (AFDC) » a fait savoir que plusieurs femmes politiques sont confrontées à des contraintes internes, notamment au sein de leurs partis ou regroupements, qui les découragent de prendre position ou de s’engager publiquement sur les sujets d’actualité.
« Les partis politiques sont souvent dirigés par des hommes qui ne reconnaissent pas ou minimisent l’importance de la participation des femmes dans des débats constitutionnels. Le silence des femmes à ce débat de la révision constitutionnelle est le fruit d’une combinaison de pression externe et d’un manque de soutien structurel et d’opportunités pour la gente féminine en RDC », a-t-elle conclu.
Créée en 2022, la Fondation « Kalamu Lisanga », basée dans la commune de Kalamu (au centre de Kinshasa) vise à construire un nouveau type d’acteurs de développement qui se mobilisent entièrement pour améliorer les conditions de vie de leurs communautés respectives et qui participent efficacement à rehausser les conditions de vie des populations vivant dans les différentes communes de Kinshasa.
Elle milite pour la formation d’une jeunesse qui saura créer son propre monde et influencer positivement la société congolaise. ACP/