Kinshasa, 04 août 2024(ACP).- Le Centre culturel et artistique d’Afrique centrale en cours de finalisation, construit sur le boulevard Triomphal, non loin du Palais du Peuple et du Stade des Martyrs, deux monuments de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, va abriter un grand théâtre d’une capacité de 2.000 places et un autre plus petit de 800 places, ainsi que l’Institut national des arts (INA).
Cependant des questions fusent sur sa gestion et le Gouvernement de la République démocratique du Congo a été invité à faire preuve de rigueur dans la désignation de l’équipe dirigeante du futur Centre culturel et artistique d’Afrique centrale et à en prévoir un budget adéquat pour la maintenance et l’animation. C’est dans cette perspective que l’ACP a contacté le professeur Ambroise Kua-Nzambi Toko, chercheur et Directeur de l’Académie africaine de musique chorale en RDC, dans le cadre de ses trois questions.
Question 1 : Professeur Ambroise Kua-Nzambi, le nouveau Centre Culturel d’Afrique de Kinshasa, va dans quelques semaines être mis en service par l’Etat congolais après 5 cinq ans de construction, que représente pour vous la construction de cet ouvrage en tant qu’opérateur culturel ?
-Professeur Ambroise Kwanzambi : « Pour moi c’est un beau cadeau offert au peuple congolais particulièrement aux hommes de Culture.
C’est une bonne nouvelle pour tous, parce par cet ouvrage, le Gouvernement vient de payer des dettes morales aux Congolais.
La première dette, c’est d’abord celle du Palais du peuple qui nous avait été ravi par le politique, en vue d’abriter le Parlement, alors que ce Palais du peuple avait été construit pour le peuple, aux hommes de culture. La deuxième dette c’est celle de la salle Cultrana.
Cette salle culturelle mythique se trouvait aux environs du stade des Martyrs et de l’Institut national des arts (INA), avait été détruite au même moment que le marché Pont Cabu. On ne parle plus d’elle. Pour ça, je souhaite que la Grande salle de ce Centre Culturel soit débaptisée Cultrana et que le Gouvernement rappelle ce fait historique le jour de son inauguration.
Un grand pays comme le nôtre ne peut pas manquer d’infrastructures pareilles. D’où mes encouragements au Gouvernement à en construire plusieurs autres à l’intérieur du pays, dans nos grandes ville telles que Lubumbashi au Haut-Katanga et Matadi au Kongo –Central ».
Question 2 : Quel modèle de gestion et d’animation culturelle proposez-vous pour que cette infrastructure puisse répondre efficacement à sa mission existentielle ?
– Professeur Ambroise Kwanzambi : « cet endroit n’est pas seulement l’infrastructure et tout ce qu’il y a à l’intérieur, mais l’incarnation d’une vision culturelle nationale. Il est un centre de rayonnement de notre culture. Le centre doit rayonner, pas seulement à Kinshasa, mais aussi en provinces, sur le continent et dans le monde.
Il faut une très bonne programmation, et une bonne équipe de gestion. Je ne sais pas quelle est l’équipe, personnellement je souhaite en faire partie, pas pour envier, mais parce que j’ai des idées à proposer au Gouvernement. Je pense qu’il faut un budget conséquent pour la maintenance et un autre pour la programmation. Car il faut penser à des programmations innovantes et pointues qui vont donner au centre une démarcation. Organiser des rencontres pérennes biennaux et triennaux, etc, des rendez-vous pour la rumba, la musique traditionnelle, la musique gospel, le théâtre, etc.
Le Centre culturel et artistique d’Afrique centrale, est un cadre approprié pour organiser le festival dénommé » Africa Cantate » que nous avions raté en 2017, par manque des moyens, lorsque nous entions à la tête de la Fédération nationale des musiques chorales. Il est similaire à ceux qu’il y a dans d’autres continents, notamment « Europa cantate » et » América cantate » ou encore » Asia cantate « ».
Question 3 : Que faudra-t-il, d’après vous éviter et sur quels aspects devra-t-on insister pour une meilleure animation?
– Professeur Ambroise Kwanzambi : « ce qu’il faudrait éviter dans un premier temps, c’est de réfléchir vite comment faire entrer de l’argent, mais plutôt réfléchir sur des bonnes activités. Ce centre ne devra pas être transformé en un lieu d’exposition des corps pour des cérémonies funéraires.
Qu’il soit uniquement réservé à des manifestations qui aient un lien direct avec la Culture. Même si on a le Musée à côté, je pense que ce centre culturel devra aussi avoir sa propre Salle d’exposition, des couloirs où on expose les photos des figures légendaires de la culture ou de l’histoire du pays. Le Centre peut lui même avoir des activités qui aident les artistes à avancer, qui les poussent à la création, mais qui soient financées par le Gouvernement.
Moi je plaide pour mon domaine. Si le Président de la République peut nous doter d’un budget pour organiser un grand festival de musique dans ce centre, où nous invitons des chœurs européens, asiatiques et pourquoi pas faire découvrir aux Congolais des grands composteurs du moment. Maintenant que nous avons des logements, nous pouvons à présent recevoir des évènements de grande envergure et faire en sortent que toutes les couches sociales soient représentées ». ACP/