Kinshasa, 12 décembre 2024 (ACP).- L’ONG Human Rights Watch (HRW)a accusé jeudi l’armée malienne, le groupe Wagner et les groupes armés islamistes des atrocités contre les civils et leurs biens, a appris l’ACP de cette organisation, citée par les médias internationaux.
«L’armée malienne, le groupe Wagner et les groupes armés islamistes ont pris pour cible les civils et leurs biens, en violation des lois de la guerre», a déclaré Ilaria Allegrozzi, agent de Human Rights Watch.
« Les forces armées maliennes et le groupe Wagner, ont délibérément tué au moins 32 civils, dont sept lors d’une attaque de drone, en ont kidnappé quatre autres et ont brûlé au moins 100 maisons dans des villes et villages du centre et du nord du Mali depuis le mois de mai », a-t-il ajouté.
Cette ONG a également accusé les groupes djihadistes de la région d’avoir exécuté sommairement au moins 47 civils et déplacé des milliers de personnes depuis juin.
Ces chiffres sont probablement sous-estimés de plusieurs centaines « en raison des difficultés pour mener des recherches » dans ces régions, estime le rapport.
Wagner est présent au Mali depuis la fin de 2021 à la suite d’un coup d’État militaire, remplaçant les troupes françaises et les forces internationales de maintien de la paix pour aider à lutter contre les militants. Dans le même temps, le groupe de mercenaires a été accusé d’aider à mener des raids et des frappes de drones qui ont tué des civils.
Le Mali, tout comme ses voisins le Burkina Faso et le Niger, lutte depuis plus d’une décennie contre une insurrection menée par des groupes djihadistes, dont certains sont alliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique. À la suite de coups d’État militaires dans ces trois pays ces dernières années, les juntes au pouvoir ont expulsé les forces françaises et se sont tournées vers les unités mercenaires russes pour obtenir une assistance en matière de sécurité.
En décembre de l’année dernière, les Nations Unies ont mis fin à leur mission de maintien de la paix au Mali, connue sous le nom de MINUSMA, qui durait depuis dix ans, à la demande du gouvernement, qui estimait que la force n’était pas suffisante pour répondre à l’insurrection.
« Depuis que la Minusma a quitté le Mali il y a un an, il a été extrêmement difficile d’obtenir des informations complètes sur les abus, et nous sommes profondément préoccupés par le fait que la situation est encore pire que ce qui a été rapporté », a-t-il dit.
La présence de la Minusma était devenue intenable après l’avènement de colonels putschistes en 2020, qui ont mis fin à l’ancienne alliance avec la France pour se tourner politiquement et militairement vers la Russie. À la demande pressante de la junte, le Conseil de sécurité de l’ONU a mis fin à son mandat fin 2023. La Minusma, qui a compté jusqu’à 15 000 soldats et policiers, a mis alors un terme à son engagement de dix ans face à la propagation du jihadisme.
Le rapport de HRW est fondé sur des entretiens avec 47 témoins, des sources informées, ainsi que l’analyse d’images satellites et des images postées sur les réseaux sociaux vérifiées par cette organisation.
L’ONG dit avoir envoyé ses conclusions au gouvernement, sans obtenir de réponse.
ACP/JF