Kinshasa, 11 février 2024 (ACP).- Le progrès et l’évolution de l’intelligence artificielle (IA) dans le monde suscite fascination et inquiétude en République démocratique du Congo, selon un spécialiste du numérique, lors d’un entretien mardi avec l’ACP.
«Le développement sans cesse rapide de l’Intelligence artificielle suscite à la fois fascination pour les innombrables bienfaits qu’elle procure, mais également des incertitudes. Chaque avancée technologique apporte de nouvelles opportunités, mais aussi des risques liés à son détournement par des acteurs malveillants», a déclaré M. Trésor Kalonji, spécialiste du numérique.
Selon lui, depuis l’apparition des « deepfakes » souvent utilisé pour manipuler l’opinion et des fausses nouvelles générées par IA et les craintes concernant la manipulation de l’information, se sont intensifiées dans le monde, posant d’énormes défis aux médias dont la crédibilité est de plus en plus mise à mal.
La RDC n’échappe pas à ces défis. Dans la période préélectorale de 2023, des sites internet entiers ont été générés artificiellement pour propager de fausses informations. Par exemple, le faux communiqué de l’organisme se présentant comme l’Observatoire américain pour des élections libres et transparentes (AOFFE), dont le communiqué critiquait une proposition de loi sur les conditions d’éligibilité en RDC (Loi dite Tshiani).
D’autres exemples du recours à l’IA, a poursuivi ce spécialiste, ont été des séries de sondages d’opinion trompeurs, des reportages faussement attribués à des chaines internationales (Radio Canada, TV5 et RFI), illustrent les dangers et les conséquences de telles manipulations sur l’opinion publique.
Le secteur de l’enseignement affecté par le progrès de l’IA
Ce spécialiste a indiqué, par ailleurs, que dans le secteur de l’enseignement supérieur et autres, les travaux pratiques, de fin de cycle ou le mémoire, tout y passe, soulignant qu’avec un système éducatif déjà aux prises avec l’enseignement au modèle LMD, le recours intensif à l’IA consacre une génération d’étudiants non-créatifs et peu expérimentés, dont l’autonomie, une fois dans le monde du travail, révélera leurs insuffisances.
«L’enseignement en danger ?, s’est-il interrogé, l’auteur soutient qu’à l’occasion d’un Masterclass sur les enjeux numériques tenus en décembre 2024 par le Chapitre YALI, à Kinshasa au Centre Orange Digital, grande fut ma surprise d’apprendre, que le recours à l’Intelligence Artificielle par les étudiants congolais était banalisé», a révélé ce spécialiste du numérique.
Il a, à cet effet, recommandé que face à ces menaces, une réflexion s’impose quant à l’avenir de l’IA et aux mesures à prendre pour contrer ses usages négatifs, car, son utilisation par des criminels, des États malveillants ou simplement des personnes peu ou mal inspirées, soulève de sérieuses préoccupations.
Cependant, le spécialiste a affirmé qu’il serait réducteur de ne voir en l’IA qu’une menace. Ses bénéfices dans plusieurs domaines sont indéniables.
«La question fondamentale demeure : comment exploiter le potentiel de l’IA tout en minimisant ses dérives ? L’homme n’est pas irremplaçable et chaque innovation le pousse à se réinventer», a-t-il soutenu.
La clé réside dans la formation, la régulation et l’adoption d’une approche éthique pour encadrer cette révolution technologique, a-t-il conclu. ACP/ODM