RDC : « l’entrepreneuriat local dispose d’un potentiel considérable pour bénéficier des minerais stratégiques » (un spécialiste du numérique)

Kinshasa, 14 mars 2025(ACP).- L’entrepreneuriat local de la République démocratique du Congo dispose d’un potentiel considérable pour bénéficier des minerais stratégiques du pays, a affirmé un spécialiste du numérique vendredi lors d’un entretien à Kinshasa avec l’ACP.

 « L’entrepreneuriat local en RDC dispose d’un potentiel considérable pour bénéficier des minerais stratégiques du pays, notamment le cuivre, le cobalt et le coltan, matières essentielles pour la transition énergétique et plusieurs industries de pointe », a déclaré M. Trésor Kalonji, spécialiste du numérique et formateur des entrepreneurs.

M. Kalonji qui intervenait sur les enjeux, défis et opportunités du secteur, a cependant indiqué que pour tirer pleinement profit de ces richesses, il est crucial d’appliquer l’innovation dans la formation entrepreneuriale des Congolais, afin d’accompagner la future révolution technologique portée notamment par l’intelligence artificielle, les technologies numériques, énergétiques et renouvelables.

Selon lui, l’exploitation brute des minerais a historiquement privilégié les multinationales, laissant peu de place aux entrepreneurs congolais. Pourtant, le développement d’une industrie locale de transformation permettrait d’augmenter la valeur ajoutée de nos ressources naturelles.

« En mettant en place des unités locales de raffinage et de production de composantes essentielles aux technologies modernes, les entrepreneurs congolais pourraient capter une part plus importante de la richesse générée par ces matières premières. Mais cela n’est possible que si le gouvernement inclut spécifiquement des obligations de transfert de compétences, dans les clauses contractuelles avec les multinationales », a dit ce spécialiste.

Perspectives et recommandations

Il a relevé que céder des concessions minières à des entreprises étrangères sans mesures incitatives pour le développement local, surtout lorsqu’on sait que ces ressources ne sont pas inépuisables et que la période post minière nous laissera un paysage défiguré et un sol inexploitable, est une perte.

« À l’allure de l’accélération de la demande actuelle, les gisements congolais pourraient s’épuiser rapidement, dans une fenêtre comprise entre 25 et 70 ans d’exploitation », a prévenu M. Trésor Kalonji.

En revanche, il a affirmé que l’apport de startups et entreprises congolaises pourrait aider, non seulement à transformer ces minerais, mais également, à faciliter le développement de technologies pour permettre l’exploration de nouveaux gisements, soulignant que dans les années 70-80, le monde était persuadé que le pétrole disparaitrait autour des années 2000.

« Le développement des technologies d’exploration et d’extraction améliorées, ont permis non seulement de découvrir de nouveaux gisements, mais surtout d’améliorer la façon dont nous extrayons le pétrole, optimisant ainsi son usage », a-t-il précisé.

A cet effet, il a recommandé au gouvernement de faciliter le secteur privé dans la création d’écoles et de programmes spécialisés dans les technologies minières, l’Intelligence artificielle et les énergies renouvelables pour préparer une nouvelle génération d’entrepreneurs.

Aussi, a-t-il ajouté, des incitations fiscales et un accès facilité aux financements pour les start-ups locales pourraient encourager les investissements nationaux dans la transformation des minerais.

Les enjeux

M. Trésor Kalonji a expliqué que les enjeux sont multiples : il s’agit non seulement d’accroître la souveraineté économique, mais aussi de générer des emplois qualifiés et créer des sociétés qui pourront également s’installer ailleurs, hors du territoire national.

« Ne pas saisir cette opportunité risquerait de répéter les erreurs du passé, comme lors du boom minier de 2002-2010, où l’impréparation des entrepreneurs congolais les a empêchés de profiter pleinement de la hausse des prix des matières premières », a-t-il indiqué.

Aujourd’hui, la RDC doit se positionner stratégiquement pour que ses ressources naturelles deviennent un levier de développement durable et technologique au profit des entrepreneurs locaux, a conclu M. Trésor Kalonji. ACP/JF

Fil d'actualités

Sur le même sujet