Il s’appelle Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, le chef de l’Etat de la République démocratique du Congo affiche indubitablement une vision. Il ne manque surtout pas de courage, bien au contraire. C’est à peine si beaucoup de ses compatriotes apprennent à le connaître et à le comprendre.
Après le changement du paradigme dans les alliances qui fondent la guerre de l’est intervenu à Kisangani, suivi de la visite surprise à son homologue ougandais Yoweri Kaguta Museveni et son impact sur le sort du conflit, le président de la République vient une fois de plus de surprendre.
Samedi à Lubumbashi, importante ville du sud-est, en pleine controverse sur la problématique sécuritaire, le président Tshisekedi a, en effet, choisi la voie d’un discours direct, nationaliste et sans nuance.
Il a regardé ses compatriotes, l’Opposition mais aussi les partenaires qui ne lui veulent pas que du bien, dans le blanc de l’œil.
Les messages distillés à cette occasion par le chef de l’Etat semblent être passés au-delà des espérances, si l’on s’en tient aux diverses réactions dans l’opinion.
Le message principal avait trait à la Constitution. Entre révision et changement, le président Tshisekedi a choisi de donner la parole au peuple, par le biais des élus pour l’option de la révision. Ou par la voie du référendum s’il s’agit de changer purement et simplement la Constitution.
Très pédagogique, le chef de l’Etat a rappelé qu’il n’avait jamais dit vouloir réviser ou changer la Constitution pour obtenir un troisième mandat. En revanche, il lui a paru essentiel de corriger certains déséquilibres, notamment la disposition par laquelle la RDC peut renoncer à une partie de sa souveraineté au profit d’une certaine idée du panafricanisme.
Ce n’est pas le seul cas, les récents états généraux de la justice ayant opté, par exemple, pour des réformes qui auront un impact sur la Constitution.
D’où le questionnement : au nom de quel principe, de quelle rationalité ou de quelle philosophie humaine un peuple ne peut pas, de temps à autre, marquer une pause pour s’interroger sur son devenir ou sur son organisation institutionnelle afin de l’améliorer au profit de son développement ?
Le président Tshisekedi a admis le principe du débat mais s’est opposé à la manipulation ainsi qu’au risque de subversion que celle-ci véhicule.
Enfin, le chef de l’Etat a lancé urbi et orbi un message de fermeté quant à sa volonté de s’investir dans la bataille de recouvrement par la RDC de sa souveraineté à travers la révision ou le changement de la Constitution. « On veut nous obliger à abandonner une partie de notre souveraineté à des Etats voisins. Qui est-ce qui va m’interdire, moi, le garant de la nation, de faire ça ? », a-t-il interrogé. Avant de conclure de manière péremptoire : « Personne ne changera mon avis sur cette question. Je ne suis pas venu à la tête du Congo pour m’éterniser au pouvoir. « Je ne pense qu’au bonheur de mon peuple ».
La démonstration était indispensable. Tshisekedi l’a apportée !
Bienvenu-Marie Bakumanya