Il n’est pas facile d’être le Zaïre, aimait à répéter, en son temps, feu le maréchal Mobutu Sese Seko. L’ancien président de la RDC, alors Zaïre, résumait par une formule lapidaire mais combien profonde l’ensemble des problèmes que son pays avait à affronter dans le concert des nations.
Des questions qui se résument par le statut géostratégique de la RDC.
Avoir été installé par Dieu au cœur de l’Afrique et du monde est loin d’être une sinécure. Concentrer sur son territoire toutes les ressources qui constituent à la fois le cœur de l’industrie mondiale et l’avenir de l’économie de demain ne provoque pas que de l’admiration. Se placer au cœur des enjeux climatiques et énergétiques mondiaux ne se veut pas qu’une bénédiction.
Face à ces enjeux, des expressions terribles ont fleuri : scandale géologique, malédiction du diamant, minerais de la guerre…Des expressions dont la vocation était au départ de témoigner des bénédictions dont Dieu a inondé ce pays mais qui se sont transformés en symboles des convoitises et des jalousies qui accompagnent désormais son évolution, ainsi que des crimes qui se commettent chaque jour pour accéder aux immenses richesses dont il regorge. Jusqu’à mettre en place des projets de balkanisation visant à dépecer le pays pour mieux le contrôler et se partager ses ressources.
Les Congolais n’ont pas toujours été à la hauteur de ces enjeux et de ces contraintes. Nombreux sont par contre, au milieu de nous, qui se sont associés à tous les projets des crimes imaginés contre notre pays, au nom de la recherche du pouvoir pour le pouvoir et de l’enrichissement sans cause. Quitte à livrer leurs compatriotes aux massacres, aux razzias et à la déportation par des flibustiers des temps modernes vêtus de cape et d’épée mais couverts de la mousseline de l’humanisme…
Cette frénésie criminelle s’est emparée de nos voisins pour lesquels contribuer au pourrissement de la situation en RDC, en participant aux razzias des capitaines ultramontains, les aiderait à se servir grassement sur l’immense bête. Le Rwanda et l’Ouganda ont sonné le tocsin et ne cachent plus leurs sinistres desseins. L’Angola, la Zambie, la Tanzanie, le Burundi, le Soudan du Sud ainsi que la Centrafrique et le Congo-Brazzaville n’ont plus que l’arme de l’hypocrisie pour cacher leurs ambitions et draper leur traitrise en entonnant l’arlésienne du panafricanisme.
Face à cette guerre larvée et sans nom, face à ces neuf voisins qui nous ont offert le visage de neuf ennemis, quelle a été notre réponse individuelle et collective ? Les Congolais ont, malheureusement, répondu naïvement à tous les défis qui leur sont posés en brandissant la bannière du bon voisinage. Un triste filet qui ne peut ni éradiquer la duplicité, ni stopper la traitrise.
Il nous faut réinventer notre diplomatie en la basant sur un double principe immuable. Premièrement, que tout partenaire d’aujourd’hui est un potentiel ennemi de demain. Les exemples vivants nous l’ont déjà abondamment enseigné. Ensuite, que le respect et la considération se fondent sur une défense et des services de sécurité réellement dissuasifs. Enfin, il faut évacuer de notre constitution tous les éléments qui constituent des appels d’air. En l’occurrence, le panafricanisme et le bon voisinage ne sont que des vues de l’esprit s’ils n’ont pour soubassement un souverainisme ombrageux.
C’est le seul langage susceptible d’être compris par nos partenaires comme par nos voisins.
Bienvenu Marie Bakumanya.