Kinshasa, 08 avril 2024 (ACP).- L’adoption d’un plan ‘’solide’’ pour mettre fin à la pauvreté des femmes a été saluée samedi à New-York, aux Etats-Unis, lors de la 68ème session de la commission de la condition de la femme (CSW68) des États membres de l’ONU, a-t-on appris lundi à Kinshasa, en RDC, dans un communiqué.
« L’adoption de ce plan solide à la 68ème session de la Commission de la condition de la femme (CSW68) a donné aujourd’hui des engagements ‘’solides’’ de la part des États membres de l’ONU pour renforcer le financement et les institutions afin d’éradiquer la pauvreté des femmes et des filles », a-t-on lu dans le communiqué.
« Selon le rapport présenté par le Secrétaire général des Nations Unies à la Commission, à l’échelle mondiale, 10,3 % des femmes vivent aujourd’hui dans une pauvreté extrême, et les progrès vers l’élimination de la pauvreté doivent être 26 fois plus rapides pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici 2030 », a déclaré Antonio Guterres, secrétaire général des Nations-Unies.
« Le résultat, le document (ou Conclusions concertées) reconnaît que les femmes et les filles vivant dans la pauvreté deviennent des ‘’amortisseurs’’ en temps de crise, et que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour accroître les ressources destinées à lutter contre la pauvreté des femmes et des filles », a-t-il expliqué.
« Reconnaissant que l’architecture financière internationale n’est pas adaptée à un monde sujet aux crises, la Commission a appelé à des réformes pour permettre aux pays de mobiliser et d’investir des ressources dans l’égalité des sexes. Ces mesures comprennent un allégement de la dette et une fiscalité progressive, ainsi que la garantie que les ressources publiques sont allouées pour répondre aux besoins et aux droits des femmes et des filles », a poursuivi M. Guterres.
Pour le secrétaire général, il faut noter que les conclusions concertées recommandent notamment de mobiliser des ressources financières auprès de sources publiques et privées, de renforcer l’architecture financière internationale, de garantir une perspective de genre dans les processus budgétaires nationaux et de prévenir une fiscalité progressive qui touche de manière disproportionnée les femmes et les filles à faible revenu ou inexistantes.
S’agissant du document final qui note également que l’aide publique au développement doit être augmentée pour lutter contre la pauvreté des femmes et des filles, M. Guterres a noté la part de l’aide totale ayant l’égalité des sexes comme objectif politique a diminué pour la première fois en une décennie, passant de 45 en 2019 à 43 pour cent en 2020, selon les dernières données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Appel à la mise en œuvre de politiques économiques du genre
Selon le communiqué, la Commission a également appelé à la mise en œuvre de politiques économiques et sociales sensibles au genre, notamment en augmentant la représentation, le leadership et la participation des femmes dans les institutions économiques, tout en appliquant les normes fondamentales du travail afin de garantir un salaire égal pour un travail de valeur égale et en mettant en œuvre des politiques visant à soutenir les entreprises appartenant à des femmes.
« Engager et financer les organisations de femmes est une autre recommandation clé. Un financement solide, flexible et pluriannuel pour les mouvements féministes dirigés localement et les organisations de défense des droits des femmes est essentiel pour lutter contre la pauvreté, comme le prouvent les mécanismes existants tels que le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et le Fonds des femmes pour la paix et l’action humanitaire », a-t-il indiqué.
Par ailleurs, il a soutenu que les conclusions concertées appellent également à renforcer les capacités nationales à collecter et à utiliser des données ventilées sur la pauvreté multidimensionnelle, et à adopter de nouvelles stratégies de développement vers des économies durables, Il s’agit notamment de renforcer les systèmes de protection sociale inclusifs et sensibles au genre et d’intensifier les investissements dans l’économie des soins afin de réduire la pauvreté temporelle et monétaire des femmes et d’élargir leurs opportunités d’emploi, a-t-il renchéri.
Soulignons qu’au cours de la session, la Commission a également adopté une résolution sur le VIH-SIDA dirigée par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qui appelle à accroître les investissements dans l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et filles dans la riposte au VIH-SIDA.
Selon le secrétaire général, environ 270 événements parallèles ont été organisés par les États membres de l’ONU, les organisations intergouvernementales et les entités des Nations Unies ; et plus de 760 événements parallèles ont été organisés par la société civile et des organisations dirigées par des jeunes dans le cadre du Forum des ONG CSW68.
« La participation des jeunes, des adolescentes, aux différentes sessions, y compris le Forum Jeunesse, a permis aux jeunes délégués d’échanger des expériences, des connaissances, des leçons apprises et des bonnes pratiques en mettant l’accent sur les multiples dimensions de l’inégalité qui exacerbent la façon dont les jeunes femmes et les filles expérimenter la pauvreté. Les sessions, en particulier le Dialogue interactif des jeunes, ont démontré l’importance de poursuivre la pratique consistant à intégrer les perspectives critiques des jeunes dans les sessions officielles de la CSW », a-t-il dit.
« L’attention se tourne désormais vers le 30ème anniversaire de l’adoption du Programme d’action de Pékin, l’année prochaine et la 69e session de la Commission de la condition de la femme (CSW69) aura lieu du 10 au 21 mars 2025 à New York», a conclu M. Guteress.
Rappelons que cette session de deux semaines constitue le plus grand rassemblement des Nations-Unies sur l’égalité des sexes. La CSW68 a réuni des dirigeants mondiaux – dont deux chefs d’État, trois vice-présidents et plus de 100 ministres – et 4 800 représentants d’organisations de la société civile, ce qui constitue la deuxième plus grande participation dans les records de la CSW. ACP/ ODM