Kinshasa, 23 février 2025 (ACP).- Près de 500 cas de violences sexuelles ont été signalés en une seule semaine lors de la dernière flambée de combats qui a ravagé l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris dimanche dans un communiqué de Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP).
« Près de 500 cas de violences sexuelles ont été signalés en une seule semaine dans la région de Goma, dont plus de 150 impliquant des femmes et des filles. Les femmes et les filles sont victimes de taux effarant de violences basées sur le genre, notamment de violences sexuelles liées aux conflits, lors de la dernière flambée de combats qui a ravagé l’Est de la RDC », a-t-on lu.
Selon la source, le chiffre ne représente probablement qu’une fraction des survivants réels, ceux qui ont réussi à obtenir des soins. Beaucoup d’autres n’y parvenant pas en raison de l’interruption des services, de la peur des représailles des auteurs ou de la stigmatisation au sein de leur communauté.
« Les violences sexuelles liées aux conflits sont utilisées comme une tactique de guerre délibérée, destinée à terroriser, déplacer et contrôler les populations, et à violer la dignité et les droits des femmes et des filles. Même en période de paix relative, la province du Nord-Kivu a enregistré des taux effarants de violences sexuelles signalés chaque année, avec plus de 50.000 cas de violences basées sur le genre (VBG) annoncés en 2023 et plus de 56.000 cas en 2024 », a renseigné cette agence onusienne.
« Pendant ce temps, les taux de violence sexuelle explosent, les services de base sont interrompus ou fermés. Les huit cliniques mobiles, les espaces sécurisés et les centres d’écoute soutenus par l’UNFPA ne fonctionnent que partiellement, tandis que le reste des installations qui fournissent des soins médicaux et des conseils aux survivants dans les camps de déplacés ont été pillés », a ajouté la source.
Le pillage d’un important lot des matériels médicaux à Goma déploré
Par ailleurs, l’UNFPA a déploré le pillage d’un lot important des fournitures et des matériels médicaux d’une valeur de plusieurs millions de dollars dans les entrepôts de Goma, privant des milliers de femmes et de filles l’accès à des soins médicaux de qualité.
« A Goma, qui compte plus de 2 millions d’habitants, il n’existe que trois hôpitaux opérationnels capables de fournir des soins cliniques aux survivants d’agressions sexuelles et une poignée de cliniques de santé communautaires capables de fournir des soins d’urgence de base », a déploré la source.
« Les agences d’aide humanitaire ont du mal à acheminer de la nourriture, des soins médicaux ou des fournitures essentielles, les voies d’approvisionnement critiques étant coupées par les combats et les restrictions de mouvement imposées par les autorités de facto qui contrôlent Goma et ses environs », a alerté la source, avant de rassurer que les cliniques mobiles et les espaces sécurisés soutenus par l’UNFPA continuent de fonctionner, et des kits de dignité, remplis de produits d’hygiène essentiels, seront distribués aux femmes qui ont tout perdu.
Appel au renforcement des services de lutte contre les VBG
L’UNFPA a, en outre, lancé un appel urgent pour renforcer ses services intégrés de santé reproductive et de lutte contre la violence basée sur le genre.
« L’UNFPA lance un appel urgent de 18 millions de dollars pour renforcer ses services intégrés de santé reproductive et de lutte contre la violence basée sur le genre afin de faire face à l’escalade de la crise », a-t-on lu.
« Les femmes en RDC ont besoin d’accéder à des services médicaux, à un soutien psychosocial, à des informations et à un passage sûr vers des lieux sûrs pour échapper à la violence », a renchéri le communiqué, avant d’appeler un cessez-le-feu immédiat pour mettre fin à la violence et permettre le rétablissement de la paix.
L’UNFPA se joint à l’appel d’autres acteurs humanitaires exhortant les parties à rouvrir l’aéroport de Goma, un point d’accès essentiel pour les fournitures humanitaires et les travailleurs humanitaires.
Cette agence onusienne souligne le besoin crucial de soins complets et d’accès à la justice pour les survivantes de violences sexuelles, y compris la documentation et l’enquête sur les violences auxquelles elles ont été confrontées et la poursuite des auteurs.
ACP/C.L.