Le travail des enfants en RDC : défis et perspectives (Par Tanya YEME MUAMBA)

Kinshasa, 12 juin 2024 (ACP).- Le monde entier célèbre le 12 juin de chaque année, la journée mondiale contre le travail des enfants. Une manière de considérer le caractère vulnérable de l’enfant dans le milieu professionnel.

Cette année, le thème de la Journée mondiale est : « Respectons nos engagements : mettons fin au travail des enfants ». En cette Journée mondiale, le monde célèbre également le 25ème anniversaire de l’adoption de la Convention sur les pires formes de travail des enfants (n° 182). Il est également question d’améliorer la sécurité et de la santé des jeunes travailleurs et mettre fin au travail des enfants.  

Selon les dernières statistiques de l’organisation internationale du travail (OIT), sur 152 millions enfants victimes du travail dans le monde, près de la moitié, soit 73 millions des enfants exercent des travaux dangereux.

En RDC, le tableau n’est pas reluisant pour cette couche vulnérable de la population. La convention N° 138 de l’OIT définit les travaux légers et non dangereux pour les enfants. Bien  que le pourcentage des enfants qui travaillent a baissé de 46% en 7 ans, dans toutes les provinces chez les garçons comme chez les filles, le travail des enfants demeure encore un grave problème. Près de deux enfants sur dix sont obligés de travailler, souvent dans des conditions dangereuses, tel est le cas des enfants dans des carrières minières.

Dans le souci de protéger cette couche vulnérable, le ministère du Genre, de la famille et de l’enfant a élaboré un plan d’action 2011-2019, qui est mis en œuvre par la direction de la protection de l’enfant.

Ce plan consiste à sensibiliser les parents, les familles et les entreprises au travail des enfants et prévoit des stratégies pour inciter des entreprises extractives à construire des infrastructures scolaires et sanitaires

La pauvreté expose les enfants de la RDC aux travaux dangereux

Les raisons sont multiples. Toutefois, il s’agit de répondre au défi de la pauvreté, qui oblige souvent les familles à envoyer leurs enfants travailler au lieu d’aller à l’école.
Alors que la loi portant protection de l’enfant, à son article 50, interdit le travail des enfants. Cette catégorie sociale  font partie de celles et ceux qui ont besoin d’être protégés.

Un nombre encore trop important d’enfants  sont amenés à travailler ou sont exploités dans les pires formes de travail. Les enfants les plus touchés par cette problématique sont les filles, les enfants vivant en milieu rural et les enfants les plus pauvres.

Les enfants qui vivent dans la rue, dans les ménages à faible revenus, aux alentours des sites extractifs ne vont pas à l’école et sont exposés aux dangers des déchets toxiques et aux maladies. Ces derniers sont obligés de travailler et recevoir des modiques sommes d’argent.  Certains d’entre eux, sont souvent associés à la chaine de production des minerais et dans les briqueteries, à des vols, au ramassage des poubelles, aux travaux ménagers, à la vente ambulante, etc. On trouve, notamment des enfants dans des domaines tels que locomoteurs des personnes handicapées, guides des aveugles, employés dans les activités liées au sexe, casseurs des pierres, chargeurs de taxis et taxis-bus, cireurs de souliers. D’autres enfants sont poussés à la mendicité par les parents et d’autres, par contre, sont recrutés dans des groupes armées. Certaines filles sont même obligées de se prostituer.

Défis à relever

L’existence de socles de protection sociale est une arme décisive contre le travail des enfants, qu’il est indispensable de retirer les enfants de toutes les formes de travail s’ils n’ont pas l’âge légal de travailler, d’autant plus s’il s’agit des travaux dangereux. L’intérêt supérieur de l’enfant doit être une préoccupation principale dans toutes les décisions et mesures prises à son égard. Dans la Constitution du 18 février 2006 en son article 123, alinéa 16, la RDC dont la population accorde une place centrale à l’enfant en tant que renouvellement de l’être et de la vie, s’est résolument engagée dans la voie de faire de la protection de l’enfant son cheval de bataille, en adhérant à la Convention n°138 sur l’âge minimum d’admission à l’emploi et à la Convention 182 sur l’interdiction des pires formes de travail.

Les parents doivent être sensibilisés à la prise de conscience, car, en réalité c’est le fait de faire travailler leurs enfants qui les rend pauvres. L’éducation et l’instruction constituent des possibilités d’avoir un travail décent à l’âge adulte et de s’élever socialement.

Les autorités, par ailleurs, doivent s’assurer que les enfants puissent avoir accès à une éducation de qualité, et qu’ils aillent à l’école au moins jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire pour atteindre l’âge légal de travailler.

Le ministère du Genre, famille et enfant qui est chargé de la mise en œuvre et du suivi de la politique du gouvernement en matière des droits des enfants et des femmes doit mettre en place des réformes pouvant protéger l’enfant de toutes formes d’exploitation et abus. Ce ministère doit  accélérer des actions pour atteindre l’Objectif 8 des Objectifs de développement durable (ODD), dont la cible 8.8 qui vise à promouvoir la sécurité sur le lieu de travail et à assurer la protection de tous les travailleurs d’ici 2030 et la cible 8.7 qui vise à mettre fin au travail des enfants sous toutes ses formes d’ici 2025.


Pour atteindre ces cibles, il est nécessaire que l’OIT, en collaboration avec les ministères qui s’occupe de la protection et de l’éducation des enfants, adopte une approche holistique visant l’élimination du travail des enfants et encourager une culture de prévention en matière de sécurité et de santé au travail (SST) au bénéfice de la force de travail mondiale de demain.

C’est en mettant au cœur du système de protection un plus grand nombre de secteurs trop souvent négligés et en créant des connexions fortes entre l’ensemble de ses composantes que l’enfant en RDC aura un meilleur accès à des services adaptés et de qualité.

Nous ne pouvons pas construire ou parler d’un État de droit là où l’enfant n’est pas préservé de tout abus. Il faut, avant tout, garantir à l’enfant le droit de bénéficier de différentes mesures à caractère administratif, social, judiciaire, éducatif, sanitaire et autres, visant à le protéger de toutes formes d’abandon, de négligence, d’exploitation et d’atteinte physique, morale, psychique et sexuelle.  ACP/ KKP

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