Kinshasa, 19 décembre 2024 (ACP).- La nécessité de créer une loi sur les violences domestiques en République démocratique du Congo a été abordée jeudi à Kinshasa, au cours d’une table ronde organisée par l’Ong « Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral (Sofepadi) ».
« Votre participation est importante pour faire entendre les voix des victimes et des survivantes, et pour créer un cadre législatif sur les violences domestiques qui protégera les droits de chaque individu, car les violences domestiques, sous toutes leurs formes, sont un affront aux droits humains et un obstacle majeur au développement social et économique », a déclaré Julienne Lusenge, présidente du Conseil d’administration de cette structure. « Nous avons un travail crucial à accomplir aujourd’hui.
Ensemble, nous allons identifier les lacunes juridiques qui existent actuellement, discuter des solutions concrètes et formuler des recommandations qui guideront nos actions futures. Il est impératif que nous unissions nos efforts pour mobiliser les ressources nécessaires et sensibiliser davantage notre société aux conséquences dévastatrices des violences domestiques », a-t-elle ajouté.
Mme Lusenge a, à cette occasion, invité l’assistance à participer activement aux discussions, à partager leurs expériences et à poser des questions, car, chaque voix compte, et chaque idée peut contribuer à forger un avenir meilleur pour la RDC. « Faisons en sorte que cette table ronde ne soit pas seulement un moment de réflexion, mais un point de départ vers une loi spécifique, concrète et efficace contre les violences domestiques en RDC », a-t-elle souhaité.
Situation alarmante
Une vue de Mme Lusenge
Mme Lusenge a fait savoir que de 2021 à 2024, l’Observatoire national sur la violence domestique a documenté 474 cas de violences domestiques, révélant une situation qui nécessite une attention urgente.
« Ce chiffre ne représente que le nombre de cas que la Sofepadi et les organisations partenaires ont pu documenter, et non le nombre total de cas de violence domestique en RDC », a-t-elle relevé, avant de préciser que les femmes sont les principales victimes, représentant 460 des cas documentés, tandis que 14 cas concernent des hommes.
Selon Mme Lusenge, ce tableau souligne l’importance d’une intervention immédiate pour protéger les femmes, souvent victimes de violences de la part de leurs partenaires intimes.
Causes multiples
Mireille Ikoli, chargée de violences basées sur le genre à L’UNFPA
Au nom du lead thématique de la prévention et de la réponse VBG, le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) a fait remarquer que les causes de la violence domestique en RDC sont multiples. « Plusieurs causes sont reprises dans les cas de violences domestiques. Il y a notamment les facteurs culturels, économiques et sociaux, l’inégalité entre les sexes, l’ignorance des droits humains, l’impunité des agresseurs, et la faiblesse des structures judiciaires qui jouent tous un rôle majeur. Toutefois, aucune de ces causes ne peut être source d’inaction », a indiqué Mireille Ikoli, chargée de violences basées sur le genre à L’UNFPA.
« Il est donc impératif que des mesures concrètes soient prises pour lutter contre ce phénomène. D’abord, il est essentiel de travailler avec les communautés et toutes les parties prenantes sur l’égalité de genres, les droits humains, la masculinité positive », a-t-elle suggéré, avant de reconnaître qu’il est essentiel d’expliciter les conséquences dévastatrices des violences domestiques non seulement sur la victime, la famille, mais aussi, sur la société dans son ensemble, car la violence domestique a un coût énorme qu’on ne peut minimiser.
« Nous devons également soutenir les victimes en leur offrant des services de protection, des soins psychologiques et une aide juridique, des refuges, des maisons de transition et des espaces sûrs doivent être mis en place pour accueillir les femmes et les enfants qui fuient cette violence », a-t-elle recommandé.
Par ailleurs, Mme Ikoli a rappelé l’importance de l’engagement de tous les acteurs de la société, notamment les autorités, les associations, les leaders religieux, les médias, les familles et chaque citoyen dans la lutte contre ce fléau.
« L’UNFPA en tant que lead thématique de la prévention et de la réponse VBG, réitère son engagement à travailler avec le gouvernement et tous les parties prenantes pour lutter contre ce phénomène. Nous avons la responsabilité collective de mettre fin à cette tragédie qui détruit des vies et fragilise notre société. Mesdames et messieurs, Il est temps de dire ‘’non’’ à la violence sous toutes ses formes. Ensemble, agissons pour une République démocratique du Congo où la violence domestique n’a pas sa place », a-t-elle conclu.
Axée sous le thème : « Unir les voix pour mettre fin aux violences domestiques : vers une loi spécifique en RDC », cette table ronde a eu pour objectifs de mobiliser les décideurs politiques, les acteurs de la société civile et les partenaires techniques pour accélérer l’adoption d’une loi spécifique sur les violences domestiques en RDC, de sensibiliser les décideurs et le public sur l’ampleur et les impacts des violences domestiques en RDC ainsi que de renforcer les engagements des acteurs institutionnels et politiques pour une action législative rapide.
ACP/