RDC: l’intégration des langues maternelles dans le processus éducatif, un signe de liberté (une enseignante)

Kinshasa, 21 février 2025 (ACP).- L’intégration des langues maternelles dans le système éducatif en République démocratique du Congo dans le système scolaire, a été considérée comme un signe de liberté, d’identité et dignité, vendredi, à l’occasion de journée internationale de ces langues, célébrée chaque année le 21 février.

«L’intégration des langues maternelles en République démocratique du Congo dans le système scolaire, est un signe ostensible de liberté, d’identité, de dignité et un patrimoine de l’individu, les langues nationales devraient faciliter l’apprentissage, aussi bien dans le cadre de l’enseignement formel que de l’enseignement informel», a déclaré au cours d’une conférence à Kinshasa, Carine Kabeya, enseignante au collège «Don de Dieu» dans la commune de Kimbanseke.

Et d’ajouter: «l’éducation fondée sur la langue maternelle est essentielle pour accompagner un individu vers son plein épanouissement et transmettre les patrimoines linguistiques».

Mme Kabeya, qui parlait à cette conférence ayant pour thème: «L’éducation multilingue, une nécessité pour transformer l’éducation», a fait savoir qu’outre la langue officielle, le français, les langues maternelles font partie intégrante du quotidien des Congolais.

«Aujourd’hui, de nombreuses études scientifiques, du reste très sérieuses, montrent que l’usage des langues locales dans le système éducatif est très faible», a-t-elle dit.

Elle a expliqué que la célébration de la Journée internationale de la langue maternelle, sur le plan national, vise donc à plaider pour cette réalité afin de renverser la tendance et contribuer à la sauvegarde et la promotion des langues nationales.

Selon Mme Kabeya, beaucoup d’élèves dans le monde n’ont pas accès à l’éducation dans la langue qu’ils parlent ou comprennent le mieux, une telle situation nuit gravement à l’apprentissage, à l’expression culturelle comme à la construction des liens sociaux, elle fragilise profondément le patrimoine linguistique de l’humanité.

«L’usage des langues maternelles dans les systèmes éducatifs pourrait, en effet, faciliter la compréhension des apprenants, et les aider ainsi à réaliser pleinement leur potentiel à l’école», a-t-elle renchéri.

Les adultes appelés à parler les langues maternelles avec les enfants

Par ailleurs, Mme Edith Sieko, conseillère pédagogique dans cet établissement, a indiqué que cette célébration est l’occasion de tirer la sonnette d’alarme et d’exhorter les adultes de notre pays à parler les langues maternelles avec leurs enfants, avant d’inviter les jeunes à parler sans complexe les langues des territoires de leurs parents.

« La célébration de cette journée est capitale car, de nos jours, les parents apprennent uniquement le français aux enfants, au détriment de nos langues locales. Ce, dans le but de faciliter leur intégration scolaire. Or, au lieu de se focaliser que sur les langues étrangères, on devrait aussi être fier de nos langues qui ont existé depuis nos origines et qui font notre force », a-t-elle soutenu.

La valorisation des langues

A cet sujet, Mme Sieko a définit la langue maternelle comme la première langue que l’enfant parle quand il est né. Aujourd’hui, avec la mondialisation, les jeunes, les élèves ne s’intéressent plus à leur langue maternelle au profit de celle de Molière, c’est pourquoi, dans le soucis  de promouvoir la culture africaine en général et congolaise en particulier, les panelistes ont voulu montrer l’importance et la place de cette langue dans l’éducation des enfants et de tous, a-t-elle souligné.

«Chaque peuple a une civilisation, il ne peut exister une civilisation (culture) sans langue car, les deux vont ensemble. La définition française sur la langue maternelle ne nous arrange pas sachant que la langue maternelle est censée être la langue d’origine des parents. Une langue que ces derniers ont héritée de leurs ancêtres, et, connaissant le rôle que joue la langue maternelle au sein de la famille, ne pas la maîtriser serait une acculturation», a-t-il conclu. ACP/ODM

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