Kinshasa, 25 mars 2025 (ACP).- L’urgence d’investir en la femme vulnérable, notamment celle vivant dans les zones de conflits armés, en milieu rural, et celle souffrant des maladies de peau, a été appuyée lundi à Kinshasa, lors d’une interview, dans le cadre du mois dédié à la femme.
« L’investissement en faveur des femmes en RDC est encore insuffisant et inégalement réparti. Si certaines avancées sont observées dans les villes, les femmes vivant en milieu rural et celles vivant en zones de conflit armé ainsi que celles souffrant des maladies de peau, comme le vitiligo, restent exclues des initiatives économiques et de santé », a déclaré Huguette Kalenga, présidente de l’AFCV.
« L’absence d’un système de santé inclusif renforce la précarité de ces femmes. Il est urgent que les investissements soient réorientés vers l’autonomisation réelle des femmes, notamment par l’accès aux soins spécialisés, à l’entrepreneuriat et à des campagnes de sensibilisation contre la stigmatisation », a-t-elle ajouté.
Question 1 : sous quel angle comptez-vous placer la Journée internationale des droits des femmes 2025, dans le contexte actuel où les femmes du Nord et Sud-Kivu subissent les atrocités de la guerre d’agression rwandaise et ses assujettis du M23 et AFC ?
Réponse 1 : « en tant que présidente de l’Association Franco-Congolaise du Vitiligo, je place cette journée sous l’angle de la résilience et de la reconnaissance des droits des femmes vulnérables, y compris celles vivant avec des affections visibles comme le vitiligo. Les femmes de l’Est de la RDC subissent une double violence : l’une physique, due à la guerre, et l’autre, psychologique, car elles sont souvent stigmatisées et exclues des décisions. Nous devons renforcer leur visibilité, leur offrir des soins adaptés et plaider pour leur inclusion sociale et économique, afin qu’elles ne soient plus victimes, mais actrices du changement ».
Question 2 : à propos des acquis en matière de parité au pays, les femmes vulnérables, notamment avec handicap et albinisme, et celles souffrant des maladies de peau comme vitiligo, semblent être oubliées jusqu’à ce jour. Quelle lecture faites-vous ?
Réponse 2 : « La parité en RDC reste un concept souvent limité aux élites urbaines, tandis que la femme rurale, y compris celles qui vivent avec handicap et des affections comme le vitiligo, subit encore une marginalisation sociale et économique. Cette exclusion s’explique par un manque d’accès à l’éducation, aux soins de santé spécialisés et aux financements pour développer des activités génératrices de revenus. Il est impératif de développer des programmes d’éducation, de microcrédits et de sensibilisation adaptés aux réalités de ces femmes, afin de véritablement combler ce fossé ».
Question 3 : Quelles stratégies proposez-vous pour que la femme congolaise, notamment celle vivant avec des affections visibles comme le vitiligo et les femmes albinos, joue le rôle de leader et ne serve plus de marchepied ?
Réponse 3 : « Pour que la femme congolaise prenne sa place en tant que leader, plusieurs stratégies doivent être mises en place, entre autres : l’éducation et la formation. Ici il s’agit d’offrir à cette catégorie (femme vivant avec des maladies visibles comme le vitiligo et femmes vivant avec albinisme) des opportunités d’éducation et de formation pour renforcer leurs compétences. Il faut penser à leur inclusion numérique et économique, c’est-à-dire développer des plateformes en ligne où les femmes peuvent vendre leurs produits et accéder à des opportunités d’emploi, comme nous le faisons avec la vente de contenus digitaux sur le vitiligo. Il sera question aussi de lutter contre la stigmatisation. Une femme qui se sent acceptée et valorisée aura plus de confiance pour assumer des rôles de leadership. La sensibilisation sur les maladies de peau comme le vitiligo doit être intégrée dans les politiques d’inclusion. En ce qui a représentativité politique et sociale, il suffit d’encourager les femmes à prendre part aux décisions et d’occuper des postes stratégiques dans les entreprises et les institutions publiques. En appliquant ces stratégies, nous pouvons bâtir une société où toutes les femmes, indépendamment de leurs origines ou leurs conditions physiques, peuvent être des leaders et non des figurantes ».
L’Association Franco-Congolaise du Vitiligo (AFCV), basée à Kinshasa et à Lubumbashi, œuvre pour la reconnaissance et la prise en charge des victimes du vitiligo en RDC à travers des actions de sensibilisation, de leur soutien, et de la formation du personnel médical. En 2024, grâce à ses plaidoyers et à l’implication de nombreux partenaires nationaux et internationaux, le ministère provincial de la Santé du Haut-Katanga a officiellement reconnu le vitiligo comme une maladie et un problème de santé publique. ACP/UKB