4 janvier 1959-4 janvier 2024 : devoir de mémoire

Kinshasa, 4 janvier 2024 (ACP).- Un devoir de mémoire s’impose aux Congolais de tous bords, y compris le pouvoir public, 65 ans après les émeutes anticoloniales du dimanche 4 janvier 1959, à la base des événements ayant conduit à l’indépendance de la République démocratique du Congo en 1960.

La journée du 4 janvier 2024 marque le 65ème anniversaire d’un épisode majeur de l’histoire de la République démocratique du Congo. Plusieurs Congolais avaient été fauchés ce jour-là, tombés sous les balles du colon belge à Léopoldville (Kinshasa actuelle). Ils  protestaient contre l’annulation d’un meeting politique.

L’Alliance des Bakongo (Abako), parti politique dirigé par Joseph Kasa-Vubu, bourgmestre de la commune de Dendale (Kasa-Vubu actuelle) à Léopoldville (actuelle Kasa-Vubu), avait prévu de rassembler ses militants sur la Place YMCA dans le quartier Renkin (aujourd’hui Matonge) à Kinshasa.

Le meeting ayant été annulé, des milliers de personnes qui étaient déjà sur le lieu du rassemblement, opposées à tout report, commencèrent à s’énerver, à casser et à s’en prendre aux colons, poussant la police à réprimer sauvagement ces incidents.

Des milliers de personnes qui revenaient d’un match de football entre l’AS Mikado et l’AS Vita Club (perdu par cette dernière équipe) au stade Roi Baudouin, vont se mêler aux manifestants, et semer la confusion et le désordre.

Bien que le bilan d’une centaine de morts avancé à ce jour n’ait jamais été confirmé, de nombreux historiens sont unanimes pour affirmer que ce jour a inauguré une série de revendications congolaises qui déboucheront à l’indépendance de la RDC, le 30 juin 1960.

65 ans plus tard, que reste-t-il de cette journée dans la mémoire collective des Congolais, mais aussi dans l’appropriation par lepouvoir public de cet événement fondateur ?

Honorer le sacrifice des martyrs

A Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, dans l’est du pays, l’Evêque du diocèse catholique a invité la population à honorer le sacrifice des martyrs de l’indépendance de la RDC, en abandonnant les pratiques qui enfoncent le pays dans la pauvreté et le sous-développement.

« Aussi longtemps qu’il n’y aura pas la transparence, la liberté et la justice dans la mise à place des institutions de l’Etat, les mémoires de nos frères et sœurs morts le 04 janvier 1959 resterons vaines », a averti Mgr Willy Ngumbi dans son homélie, au cours d’une messe d’action de grâce célébrée jeudi à la paroisse Saint-Esprit de Goma.

L’ordinaire du lieu a établi un parallélisme entre Jésus et les martyrs, tout en indiquant que « soixante-cinq ans après, la République démocratique du Congo a toujours besoin des hommes et femmes disposés à se sacrifier pour leur pays ».

« Nous devons nous débarrasser de toutes ces antivaleurs véhiculées par certaines doctrines de notre époque», a exhorté le prélat qui a déploré des tares qui minent la vie communautaire congolaise.

Mgr Willy Ngumbi a ainsi appelé les Congolais à mettre leurs intelligences à profit pour bâtir « un pays plus prospère, plus fort, plus fraternel, plus uni et plus juste ».

Pour sa part, dans son allocution, le commissaire divisionnaire Jean-Romuald Ekuka, vice-gouverneur du Nord-Kivu, a dénoncé l’agression de la RDC par le Rwanda sous la houlette du M23, qui a déjà fait beaucoup de victimes dans l’est de la République démocratique du Congo.

« Nous sommes à la fois témoins et victimes des conséquences dévastatrices de cette agression, des pertes en vies humaines, des déplacements forcés de nos concitoyens ainsi que des séquelles profondes laissées dans notre tissu social », a déploré l’autorité provinciale, avant de saluer l’œuvre salvatrice des martyrs de l’indépendance. ACP/KHM

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