Bruxelles, 20 février 2025 (ACP).- Le temps des grands discours est révolu, car ce que les Congolais attendent des acteurs politiques et associatifs, ce sont des actions face au mutisme de la communauté internationale alors que dix millions de personnes sont tombées dans l’Est de la République démocratique du Congo depuis 30 années que la guerre perdure.
«Je ne suis pas venu ici pour de beaux discours qui n’ont produit aucun effet, encore moins pour me plaindre, mais plutôt pour entendre que nous sommes prêts à nous lever face aux Occidentaux qui soutiennent un pouvoir, celui du Rwanda, comparable à celui de Hitler», a déclaré mercredi le député national Laddy Yangotikala, au cours d’une conférence de presse au Press Club de Bruxelles organisée par Change ASBL et le Collectif des associations congolaises de Belgique.
L’élu de Kisangani, qui intervenait au cours de cette rencontre placée sous le thème «Restitution des actions d’urgence après la prise de Goma et réflexion sur la place de la diplomatie dans le conflit armé en RDC», a salué, au nom de la population congolaise, le travail de lobbying qu’abattent les élus belges d’origine congolaise et la diaspora en vue d’obtenir «la cessation de l’aide financière de l’Union européenne, qui participe à la barbarie rwandaise ayant également provoqué le déplacement de milliers de personnes».
Après s’être appesanti sur les événements survenus dans « la ville martyre de Kisangani », notamment en 1999 et en 2000, lorsque les armées ougandaise et rwandaise se sont affrontées dans la ville, M. Yangotikala a fait savoir que « tout Kisangani qui a l’expérience des actes barbares des Rwandais sur les populations congolaises s’oppose catégoriquement à l’avancée du groupe terroriste M23 ».
Il a révélé qu’au cours de la prochaine session parlementaire, les députés préconiseront des sanctions, entre autres le retrait de la RDC de la Francophonie ainsi que le boycott de tous les produits de la France, dont les sociétés continuent de soutenir le Rwanda, citant Canal +, Orange, Total et Air France notamment.
Le député national, qui a rappelé la résolution votée récemment au Parlement européen à Strasbourg de suspendre l’accord entre l’UE et Kigali sur les minerais stratégiques, a exhorté le Collectif des associations et la diaspora congolaise à maintenir la pression sur les institutions européennes.
Forcer la Belgique à activer sa loi sur la compétence universelle
Intervenant à leur tour, Mmes Lydia Mutyebele et Gisèle Mandaila, respectivement députée fédérale et députée régionale belges d’origine congolaise, sont revenues sur les différents plaidoyers qu’elles ont menés, chacune dans son ressort, pour contraindre la Belgique à prendre des « sanctions fortes » contre le pouvoir de Kagame, grâce à des propositions de résolutions.
Ainsi, Mme Mutyebele a souligné l’importance de la présence des élus d’origine congolaise à tous les niveaux des institutions car, «sans minimiser le travail énorme du ministre d’État belge André Flahaut en faveur de Kinshasa, lorsqu’il s’agit de la RDC, pour nous, c’est notre sang qui prend le dessus».

Elle a préconisé que les associations congolaises s’emploient également à mener des actions pour forcer la Belgique à activer sa «loi sur la compétence universelle» pour que Paul Kagame et Corneille Nangaa, parmi d’autres, soient jugés dans ce pays.
À son avis, la RDC peut également porter plainte devant le tribunal sportif pour suspendre le Rwanda de toutes les compétitions. «Le monde a réussi à faire plier le régime d’apartheid en Afrique du Sud grâce à des sanctions multiformes», a-t-elle assuré.
Pour Gisèle Mandaila, c’est toute la région des Grands Lacs qui risque d’être impactée, car les visées du Rwanda ne concernent pas seulement les minerais mais, comme l’avait si bien dit un ancien ministre belge, «le Rwanda n’a pas assez de terre pour paître ses vaches».
Elle a enfin demandé aux Congolais de s’investir dans la communication pour contrer les Rwandais qui font croire que la RDC détient une portion de leur territoire alors qu’on peut consulter les archives du Musée royal de Tervuren pour se convaincre du contraire. ACP/C.L.