Avec près de 12 millions d’électeurs,  l’ « ex-Léopoldville » faiseur du prochain président

Kinshasa, 10 décembre 2023 (ACP).- Le poids électoral de l’ex-Léopoldville, avec ses 12 millions d’électeurs, va peser sur la balance de la présidentielle du 20 décembre en République démocratique du Congo, selon l’analyse d’experts électoraux congolais dimanche auprès de l’ACP.

Une semaine sépare les électeurs congolais des scrutins du 20 décembre. Depuis le dernier weekend, la campagne électorale a atteint sa vitesse de croisière.

Les candidats présidents bougent dans tous les sens. Des candidats aux législatives tant nationale que provinciale naguère observateurs, sont descendus dans l’arène. La fièvre de la campagne a enfin atteint toutes les provinces de la République démocratique du Congo, même les entités du centre du pays qui semblaient moins prioritaires jusqu’à la troisième semaine.

L’heure est à présent au calcul des tendances. C’est le moment de spéculer autour du poids électoral de grands blocs historiques du pays, a confié un observateur averti dimanche  à l’ACP.

La RDC compte de tous les temps, politiquement parlant, six grands blocs territoriaux. Des opérateurs politiques du pays s’y réfèrent dans leurs agendas et calculs, des lendemains de l’indépendance au régime actuel, en passant par le règne des deux Kabila.

Il s’agit, a-t-on fait savoir, de l’ex-Léopoldville (Kinshasa actuelle, le Kongo Central et  le grand Bandundu) ; de l’espace Kasaï qui comprend le Kasaï, le Kasaï Central, le Kasaï Oriental, la Lomami et le Sankuru ; de l’espace Kivu avec le Nord et Sud-Kivu ainsi que le Maniema ; de l’espace Katanga  avec le Haut-Katanga, le Haut-Lomami , le Lualaba et le Tanganyika ; de l’espace Equateur comprenant le Nord et Sud-Ubangi, l’Equateur, la Mongala et la Tshuapa et enfin, de la Grande Orientale avec Tshopo, Bas et Haut-Uele et Ituri.

De tous ces blocs, à en croire les statistiques des électeurs par province publiées par la commission nationale électorale indépendante (Céni) au mois de mai 2023, l’ex-Léopoldville coiffe les autres blocs, avec au total 11.933.771 électeurs inscrits.

En deuxième position, on retrouve l’espace Kasaï, au centre du pays, avec 7.531.484, suivi en troisième position de l’espace Kivu avec 7.021.900 électeurs attendus.

En quatrième position arrive l’espace Katanga (6.705.133), suivi en 5ème de la grande Orientale (5.602.073), et enfin de l’espace Equateur (5.147.530).

Selon la source, les grands enjeux se joueront quand surgira la traditionnelle répartition du pays en trois « super espaces »: Centre (Espace Kasaï) ; Est (Espaces swahiliphones du Kivu, Katanga et de la grande Orientale)  et Ouest (ex-Léopoldville et l’espace Equateur).

Comme un trésor caché, le poids de l’espace Ouest comprenant l’ex-Léopoldville et l’Equateur doit retenir les spéculations des candidats à la Présidentielle du 20 décembre. Un bloc très avantageux, avec près de 12 millions d’électeurs ajoutés aux 5.147.530 de l’espace Equateur.

Les faiseurs du président

Dans cette configuration, personne parmi la dizaine de candidats réellement en campagne ne gagnerait grâce à son fief tribal.

Des combinaisons sur base des jeux d’alliances vont déterminer la désignation par les urnes du prochain président de la République.

Ainsi, il est « quasi-certain que l’Equateur, Kinshasa et le Kongo-central constituent un important réservoir des voix pour le candidat Félix-Antoine Tshisekedi », a analysé Moïse Musangana, expert électoral congolais. Martin Fayulu et Adolphe Muzito vont se partager les voix dans l’ex-Bandundu d’où le président candidat Tshisekedi prendra au minimum 30% des voix, a-t-il encore analysé.

Dans l’ex-Katanga, Moïse Katumbi en sortira premier dans les deux provinces du sud du Katanga, tout comme dans les deux provinces du nord du Katanga. Ce sera un vote par défaut parce que le camp Kabila est absent.

« Par contre, dans le Grand Katanga, le président Tshisekedi va rafler au moins 35% des voix », a persisté et insisté M. Musangana. Les Kasaïens éparpillés dans cette partie du pays « voteront Tshisekedi ». Un sérieux handicap pour le candidat Moïse Katumbi, qui devrait réaliser les 100% des voix: « une hypothèse impossible ».

L’espace Kasaï, acquis au président Tshisekedi, devra cependant concéder des voix à Moïse Katumbi auprès des communautés minoritaires.

Dans le Kivu, la campagne a mis en lumière les difficultés du candidat Moïse Katumbi à percer du fait de son silence face au président rwandais Paul Kagame. Le candidat Tshisekedi, quant à lui, épingle à chaque parution publique la nocivité du président rwandais. Ce discours plaît à ce public. Katumbi risque de payer cash ses hésitations : il a perdu cet important électorat.

En faisant des opérations d’addition, il apparaît que des projections proches de la réactualisation des résultats électoraux peuvent se faire.

ACP/

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