Bombardement de Mugunga : les États-Unis condamnent explicitement le Rwanda (Pierre Matadi)

Kinshasa, 05 mai 2024 (ACP).- Les Etats-Unis ont condamné, d’une manière explicite, dans un communiqué rendu public vendredi, le Rwanda – entendez son armée et ses assujettis  du M23 – comme auteur du bombardement des camps de déplacés de Mugunga dans la ville de Goma, au Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo.

«Les États-Unis condamnent fortement l’attaque (…) des positions des forces armées du Rwanda et du M23 sur le camp pour personnes déplacées de Mugunga», a déclaré Matthew Miller, porte-parole du département d’État américain.

 Cette accusation par Washington d’une implication directe de Kigali dans le drame que vit le Nord-Kivu est inhabituelle et surprenante  pour des observateurs avertis.

«Les lignes sont en train de bouger», a fait savoir l’un d’entre eux, joint dimanche par l’ACP.

«Il est essentiel que tous les Etats respectent la souveraineté et l’intégrité territoriale de chacun», a tranché le Département d’Etat dans son communiqué.

Kinshasa et les experts des Nations Unies, abondamment documentés, ont martelé et martèlent depuis toujours  que «la rébellion du M23 est appuyée par le Rwanda» mais c’est sans compter avec le scepticisme sans cause de la communauté internationale.

Le M23, «une coquille vide»

Aujourd’hui, les Etats-Unis ont donné raison à Félix Tshisekedi qui a rappelé lors de son dernier séjour européen : «le M23 est une coquille vide».  

Indexés par certains analystes comme  «super parrain du Rwanda» depuis la période post-génocide rwandais de 1994 sous l’administration Clinton, les Etats-Unis ont semblé avoir coupé, par leur communiqué, le cordon ombilical qui les lie au «belliciste Rwanda».

De quoi retenir comme preuve le fait qu’ils se soient dit «vivement inquiets de l’avancée récente des forces armées du Rwanda et du mouvement du M23 dans l’est de la RDC », à la base du déplacement de «plus de 2,5 millions de personnes». Langage rare.

Le Département d’Etat américain en a même appelé, dans le texte, au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.

«Il est essentiel que tous les États respectent la souveraineté et l’intégrité territoriale des autres États», a-t-on écrit.

Réagissant au communiqué, Kigali toujours diplomatiquement hypocrite a qualifié d’ «absurde et ridicule» l’accusation américaine, selon les médias internationaux consultés par l’ACP.

 «Comment parvenez-vous à cette conclusion absurde ? Les RDF (forces armées rwandaises), une armée professionnelle, n’attaqueraient jamais un camp de déplacés», a indiqué sur son compte X, le porte-parole du gouvernement rwandais, qui a épargné cette fois-ci, l’opinion du sempiternel spectre des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda).

Les M23/RDF ont largué des bombes vendredi, sur les sites de déplacés de Mugunga et Lac Vert, dans la ville de Goma, en représailles aux offensives lancées le même jour, par les FARDC contre leurs positions en profondeur de Saké.

Des sources militaires avaient fait état, aux premières heures du crime, d’un bilan provisoire de 5 enfants tués et plusieurs blessés graves suite à ces bombardements.  

«Ce matin du 3 mai 2024, les FARDC ont lancé des offensives contre les positions de l’armée rwandaise et ses alliés du M23 en profondeur de Saké. Ces offensives ont permis la destruction des munitions et du dépôt d’armements de l’ennemi. En représailles, les M23/RDF viennent de cibler le camp de déplacés de Mugunga, qui est un objectif civil, causant ainsi la mort de 5 personnes en particulier les enfants qui jouaient dans la cour», avait déclaré le colonel Guillaume Ndjike, porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu.

Le nombre de victimes a évolué, deux  jours après ce crime :  14 morts et 35 blessés graves, selon le général-major Peter Chirimwami, gouverneur militaire du Nord-Kivu. ACP/ KHM

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