Kinshasa, 14 mars 2024 (ACP).- Les fortes chaleurs actuellement enregistrées en République démocratique du Congo ont été justifiées mardi par plusieurs facteurs, selon des experts : baisse de l’humidité, faible évaporation, circulation réduite du vent, phénomène climatique du « front intertropical » (FIT), sans que cela ne soit des températures caniculaires.
« La présence du front intertropical occasionne cette hausse de températures », a expliqué à l’ACP Augustin Tagisabo, chef de division au centre Météorologique de l’Agence nationale de météorologie et de télédétection par satellite (Mettelsat). M. Tagisabo a ajouté que ce phénomène « constitue la principale cause de chaleur intense observée dans l’ensemble du pays ».
Le FIT, a-t-il fait savoir, est un phénomène ou une ligne météorologique qui oscille entre le nord et le sud des régions voisines de l’Équateur, provoquant de fortes chaleurs en prélude des précipitations, suivant les explications de l’expert congolais.
A ce phénomène météorologique, se sont ajoutés une « pression atmosphérique de 959.3hpa », puis une « humidité relative de l’air de 53% (en baisse de la normale) » et un « faible mouvement du vent de 2 km/h vers le sud-ouest », a encore expliqué l’expert en chef.
Chaleur dans la normale de la saison de pluie

Pour M. Tagisabo, la chaleur observée ces derniers temps est dans la normale de la saison de pluie en cours.
« La chaleur est l’élément moteur de l’évaporation. Il y a la température du rayonnement diffus du soleil qui se retrouve dans la basse couche de la troposphère. L’air ne circule pas normalement parce que l’humidité est très basse. C’est ce qui a entraîné des étouffements », a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « ces vagues de chaleur sont la continuité d’une longue série de températures étonnantes à la surface des terres et des mers, et constituent un signal inquiétant sur la vitesse à laquelle les gaz à effet de serre modifient notre climat ».
La RDC, selon l’expert climat de la Mettelsat, n’est pas touchée par la canicule, car la température la plus élevée est de 38°C à Gbadolite (nord-ouest) et Buta (nord-est). « Nous ne parlons pas encore de canicule, car c’est à partir de 40°C qu’on peut annoncer une anomalie. La RDC n’a pourtant jamais atteint ce record », a-t-il précisé.
Et d’enchérir : « si le nord de la RDC, notamment les provinces du Bas-Uélé et du Nord-Ubangi connaissent des températures de plus de 35°C, c’est parce qu’elles sont influencées par la vague de chaleur provenant de la République centrafricaine due à une anomalie de températures au niveau du nord de l’Afrique ».
La « bande d’air congolaise », cause des pluies excessives à venir
Par ailleurs, Augustin Tagisabo a fait savoir que les données recueillies de l’air ambiant (l’air normal de l’atmosphère à partir de 2 mètres de hauteur) ont démontré la présence de la bande d’air congolaise (C.A.B) à Kikwit, se rapprochant de Kinshasa. Cette C.A.B est la rencontre de deux masses d’air (de l’est et de l’ouest).
Cela a aussi de l’influence sur la chaleur et des pluies excessives qui sont annoncées à Kinshasa dans les jours à venir. « Nous devons noter que le mois qui suit (avril) risque d’avoir des pluies excédentaires à Kinshasa. Nous risquons d’avoir des orages accompagnés des pluies dans la soirée à cause de ce mouvement convectif à Kikwit », a-t-il martelé. « Cette bande d’air congolaise se situe plus à l’est du pays. C’est ce qui cause plusieurs inondations et dégâts lorsqu’il pleut au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. Actuellement, elle a beaucoup varié et évolué vers le sud-ouest, cela peut créer plusieurs anomalies comme des pluies à fortes précipitations, même à Kinshasa », a-t-elle averti. La Mettelsat avait annoncé, dans son bulletin de suivi climatique saisonnier, consulté et relayé jeudi dernier par l’ACP, que les mois de mars, avril et mai seraient très pluvieux et que des chaleurs excessives vont être observées au cours de cette période. ACP/