Les élections devraient être une fête de la démocratie. Une sorte d’apothéose, un moment de retrouvailles entre le peuple et ses fils et filles pleins d’idées et d’enthousiasme pour le réconcilier avec lui-même et avec son destin. Pour bâtir un projet de développement et de puissance.
Ce projet hésite, hélas ! Ce projet ballotte, malheureusement, chaque jour sous nos yeux. Non pas seulement à cause des ingérences des « étrangers non Africains », a récemment stigmatisé le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, lors de son discours à la conférence sur les trois bassins tropicaux tenue à Brazzaville, mais surtout du fait de l’irresponsabilité, de l’insouciance criminelle et de l’hypocrisie de beaucoup d’entre nous.
Poignarder son frère dans le dos constitue aujourd’hui un art dans la gouvernance. Prêcher le tribalisme et prôner la violence sont devenus un raccourci pour conquérir le pouvoir et l’exercer quoi qu’il en coûte, envers et contre tous. C’est de la même manière que plusieurs parmi nous entretiennent l’infiltration qui vend notre pays aux forces étrangères et aux puissances d’argent tentées de redessiner à leur guise, et pour leur seul confort, la carte du monde.
Réveil des démons
En République démocratique du Congo, moins de deux semaines nous séparent désormais de la campagne électorale, pour les élections générales du 20 décembre 2023. L’occasion, semble-t-il, pour les démons de s’échapper de l’enfer et venir tourmenter ceux qui ont des raisons légitimes de rêver.
Entre le chaos qui nous était promis par ceux qui prétendent être fils et filles de ce pays, mais qui n’hésitent pas à le vouer aux mille diables, et la violence qu’ont décidé d’entretenir ceux qui n’ont pas toujours les ressources morales nécessaires pour bâtir l’ambition commune, les menaces sont réelles et se multiplient.
Entre la mise en place des outils de la campagne, normale pour tout candidat, et la provocation ou la campagne précoce, des questions se posent.
A Tshikapa, on a assisté à un caillassage du cortège du candidat Martin Fayulu Madidi. Des actes aussitôt fermement condamnés par le Président de la République, qui a toutes les raisons de s’ériger en modèle de vertu et de faire preuve de pédagogie pour rassembler le pays dans sa volonté de le construire avec toutes ses filles et tous ses fils.
Comme un douloureux écho amplifié par des boutefeux sans foi ni loi, Kasumbalesa a repris l’arlésienne de la bêtise tribaliste, au rythme des louanges tissées autour des qualités supposées du candidat Moïse Katumbi et sur des quolibets et insultes lancés contre le candidat Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, encore et toujours Président de la République.
A qui, maintenant, le tour pour prêcher l’insulte, la violence, le tribalisme ?
Le décor est malheureusement planté. Chacun devra donc assumer. Le Chef de l’Etat, pour sa part, n’a pas d’autre choix que de rester dans le registre de son rôle de père de la nation, de garant du bon fonctionnement des institutions et de magistrat suprême, afin de conjurer le triste sort que les esprits tordus nous préparent. Ce rappel valait bien un détour. Afin que nul n’en ignore !
Bienvenu-Marie Bakumanya