Kisangani, 10 février 2025 (ACP).- Le dialogue est plus constructif que la guerre, selon l’histoire, d’après un professeur de l’université de Kisangani (Tshopo), dans le Nord-est de la République démocratique du Congo(RDC), a-t-on appris lundi, lors d’un entretien.
« Je pense que le dialogue est plus constructif que la guerre pour ramener la paix, l’expérience est là. A ce titre, la Cenco et l’église protestante n’ont pas tort de proposer le dialogue comme voie de sortie », a déclaré le professeur Jean-Pierre Lifoli Balea, ajoutant que les députés nationaux et les sénateurs ont élaboré et remis un cahier des charges au Chef de l’Etat dans lequel ils n’ont pas exclu l’option du dialogue. Pour ce professeur, l’important pour les Congolais est de savoir s’arrêter à un certain moment pour évaluer et voir quelle attitude adopter face au dialogue ou, si les moyens le permettent, de continuer avec la guerre.
Entre la paix et la guerre, ce scientifique a estimé que les Congolais doivent développer les capacités pour qu’à un certain moment, ils puissent aussi avoir un temps relativement long de la paix. Après cinq (5) ans de turbulences, de 1960 à 1965, le pays a connu une accalmie de plus de 25 ans. Le pays est retombé dans la guerre en 1996, après le discours de la démocratisation du pays au mois d’avril 1990, prononcé par l’ancien Chef de l’Etat, feu le Maréchal Mobutu Sese Seko. La paix n’a duré que treize mois et le pays est revenu dans une série de guerres. Cet enseignant des sciences politiques dans plusieurs universités a puisé encore dans l’histoire pour justifier le recours au dialogue pour la résolution des conflits.
« Nous sommes allés au dialogue à Sun city, en Afrique du Sud, en 2002. Cela nous a permis de retrouver la paix dans une grande partie du pays et aller aux élections en 2006, 2011, 2018 et Il n’y avait pas encore une grande guerre telle qu’actuellement, même s’il y avait la guerre du M23 en 2012 », a-t-il dit. Certes, la guerre est un moyen de résolution des conflits entre les Etats. Toutefois, jetant un regard au niveau planétaire, le professeur a fait remarquer que l’Israël et le Hamas qui sont en guerre, échangent les prisonniers.
Là, ce n’est plus la guerre. La Russie et l’Ukraine aussi en guerre sont en passe de dialoguer. « L’histoire nous renseigne que plusieurs guerres ont été gagnées suite aux négociations (…). L’important est d’avoir les capacités de transcender les conflits. Ça peut être la même chose pour la République démocratique du Congo », a souligné Jean-Pierre Lifoli. Pour lui, le pays a connu des moments tumultueux à l’époque précoloniale. Les communautés Topoke, Batetela, Baboa et autres se sont battues contre les colonisateurs. Les Congolais sont allés très loin jusqu’appuyer les colonisateurs pendant les deux guerres mondiales (1914-1918 et 1940-1945). « A défaut de dialogue, on peut aller en guerre s’il y’a des moyens », a-t-il conclu. ACP/