Invasion rwandaise : le prétexte des FDLR  en RDC détruit à l’UA

Kinshasa, 16 février 2025 (ACP).- Le prétexte de menace existentielle du groupe armé FDLR, souvent évoqué par le Rwanda pour justifier son invasion de la République démocratique du Congo, a été détruit samedi par le Gouvernement congolais, au moyen d’arguments  solides, lors d’un sommet de l’Union africaine à  Addis-Abeba, en Éthiopie.

« Lorsqu’on gratte un peu sous la surface des prétextes régulièrement avancés par le Rwanda pour justifier son agression, il brandit la menace existentielle des FDLR et la protection des minorités ethniques en RDC. Mais posons la vraie question : si les FDLR représentaient une menace aussi grave pour le Rwanda, pourquoi le Président Paul Kagame a-t-il refusé de se rendre au Sommet de Luanda du 15 décembre 2024? », a déclaré Mme Judith Suminwa, Première ministre et représentant du Président Félix Tshisekedi à cette rencontre des chefs d’État et de gouvernement.

« Ce sommet, conçu précisément pour établir un plan de neutralisation des FDLR, était l’opportunité idéale pour le Rwanda d’obtenir les garanties qu’il prétend réclamer. Son absence est un aveu », a-t-elle ajouté, affirmant que cet argument n’a jamais tenu durant 30 années d’agression.

« Regardons les faits. En 30 ans, combien de fois les FDLR ont-ils envahi le Rwanda ? Combien de villages rwandais ont-ils rasé, combien de civils massacrés, combien de milliers de Rwandais ont-ils poussés à l’exil ? Et que dire du prétexte de la protection des minorités ? », s’est interrogée la Première ministre congolaise.

« Depuis quand protège-t-on une communauté en l’exposant aux pillages, aux massacres et à l’occupation militaire d’une force étrangère ? », s’est encore questionnée la cheffe du Gouvernement de la RDC.

Selon elle, la RDC partage des communautés transfrontalières avec neuf voisins, notamment les Chokwe/Lunda avec l’Angola, les Tekes avec le Congo-Brazzaville, les Ngbandi avec la République centrafricaine.

« Pourtant, seul le Rwanda prétend faire de cette réalité un motif de guerre. Pourquoi ? Si le Rwanda prétend que les FDLR constituent une menace existentielle, alors pourquoi, après toutes ces années d’occupation militaire des territoires où Kigali affirme qu’ils opèrent, n’a-t-il toujours pas réussi à les neutraliser ? », s’est encore une fois demandé Judith Suminwa. 

Et de se poser encore une fois la question : « comment un groupe armé, prétendument cantonné dans une même zone, peut-il encore être brandi comme une menace réelle alors même que les forces rwandaises et leurs supplétifs du M23 contrôlent ces territoires ? »

« Et surtout, en quoi le pillage systématique des ressources congolaises répond-il au problème des FDLR ou des minorités ? », a-t-elle ajouté.

Une guerre de prédation et non de défense

En outre, la Première ministre congolaise a rappelé que selon le Groupe d’experts des Nations Unies, le Rwanda exploite illégalement plus de 150 tonnes de coltan chaque mois à Rubaya, dans le territoire de Masisi (est de la RDC), et les revend sur les marchés internationaux sous une fausse origine. « Ce pillage n’a rien à voir avec la sécurité. Il ne s’agit pas d’un combat contre une menace, mais d’un modèle économique criminel qui alimente l’instabilité pour mieux dissimuler un système d’exploitation illégale », a-t-elle soutenu.

« Nous ne sommes pas face à une guerre de défense. Nous sommes face à une guerre de prédation. Votre Conseil ne peut plus ignorer ces réalités. Il doit dire le droit et reconnaître les véritables motivations derrière la folie guerrière du Rwanda : une ambition hégémonique et un expansionnisme territorial dissimulés sous de faux prétextes sécuritaires et identitaires. Un enrichissement systématique par l’exploitation illégale des ressources minérales, avec des preuves », a noté Mme Suminwa.

ACP/C.L.

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