Kinshasa, 26 octobre 2023 (ACP).- Un appel à la diffusion des informations sur des actes de corruption dans l’appareil judiciaire en République démocratique du Congo (RDC) a été lancé jeudi à Kinshasa, à l’issue d’une étude socio-anthropologique sur ces pratiques qui gangrène la justice congolaise.
« Mon ministère se réjouit de l’approche socio-anthropologique menée sur la corruption dans le secteur judiciaire (…) car il est de bonne pratique de diffuser de meilleures informations tant sur les actes de corruption dans le secteur de la justice que sur les causes qui les sous-tendent », a déclaré le vice-ministre de la Justice Thadée Mambu.
« La corruption sape la démocratie et l’État de droit, entraîne des violations des droits de l’homme, fausse le jeu des marchés, nui à la qualité de la vie et crée un terrain propice à la criminalité organisée, au terrorisme et à d’autres phénomènes qui menacent l’humanité », a-t-il indiqué à l’ouverture d’un atelier de restitution de l’étude socio-anthropologique sur les pratiques de corruption dans le secteur judiciaire, organisé par le ‘‘Réseau citoyens-Citizens Network’’ (RCN/Justice) Justice et Démocratie.
Il a affirmé qu’à l’instar de nombreux autres pays, la RDC a ouvert des hostilités contre ce fléau.
« Ces hostilités se traduisent particulièrement par la détection et la répression des activités de blanchiment d’argent issu des actes de corruption ou des actes criminels facilités par la corruption », a fait savoir le vice-ministre Thadée Mambu, évoquant d’énormes revenus financiers illégaux que génèrent les activités criminelles, qu’il faut confisquer pour décourager les auteurs.
« En mettant l’accent sur la confiscation des produits de ces activités criminelles, il est clair que non seulement de tels actes seront découragés, mais encore et surtout, le Gouvernement sera en mesure de financer ses projets de développement », a-t-il dit.
Pour lui, des réformes profondes et courageuses adaptées aux réalités du pays s’imposent, notamment le renforcement en ressources humaines et matériels, ainsi que la revitalisation du cadre juridique en vue de garantir l’accès à une justice équitable et de proximité.
Et de paraphraser le Chef de l’Etat qui rappelle aux magistrats, chaque fois que l’occasion se présente, la quintessence de leur mission.
« Le président de la République Félix Tshisekedi avait lancé un appel à l’occasion de la célébration de la Journée africaine de lutte contre la corruption, le 11 juillet 2019, à tout le personnel judiciaire, spécialement aux magistrats à rendre une justice juste et équitable sans pour autant céder à la tentation de corruption », a rappelé le vice-ministre de la Justice.
Signalons que cette étude a été réalisée dans le cadre de la 2ème phase du programme d’appui à la réforme de la Justice-PARJ2 implémentée par le consortium des Organisations non gouvernementales internationales ‘‘Avocats Sans Frontières, Trial International et RCN J&D’’ grâce au financement de l’Union européenne qui apporte son soutien au Projet REPLIC (Agir pour une Justice Redevable, Plurielle et intègre) exécuté par RCN J&D.
Soutenir l’indépendance de la justice

Par ailleurs, les participants à cet atelier on préconisé le soutien à une véritable indépendance de la justice afin de lui permettre de lutter sans aucune influence quelconque à quelques maux qui ternissent son image.
« Afin d’améliorer la transparence et la responsabilité du secteur de la justice, il convient de soutenir son véritable indépendance, de soutenir une gestion rigoureuse des ressources de ce secteur, de renforcer le mécanisme des sanctions, de combler les lacunes critiques en matière de genre, de renforcer la gestion des ressources humaines pour lutter contre la corruption, d’intensifier la sensibilisation auprès des acteurs de la justice et du grand public », sont d’autres recommandations formulées dans cette étude qui soutien la lutte contre la corruption en RDC », a souligné M. Marcel Wetsh’okonda, l’un des membres du cabinet « Inanga » qui a réalisé cette étude.
Les résultats présentés par ces travaux sont considérés comme issues des analyses élaborées dans trois provinces pilotes de la deuxième phase du Programme d’appui à la réforme de la justice (PARJ2), à savoir l’Équateur, l’Ituri et Kinshasa.
D’après le coordonnateur projet de RCN Justice et démocratie, Innocent Dudia, ces résultats ont vocation à nourrir la stratégie sectorielle de lutte contre la corruption.
La mission de RCN Justice et Démocratie, une ONG belge, est de promouvoir et appuyer une Justice transitionnelle et de proximité ainsi que des pratiques démocratiques dans des sociétés et des Etats en transition ou en développement.
En 2022, cette ONG, qui sensibilise le public à la prévention des conflits, à organisé une formation portant sur la lutte contre la corruption en RDC, en faveur des journalistes et des membres de la société civile congolaise à Kinshasa.
ACP/