Justice : le regard des Congolais rivé vers l’après- « états généraux 2024 » (Par Pierre Matadi)

Kinshasa, 15 novembre 2024 (ACP).- Les rideaux tombent  samedi sur les travaux des états généraux de la Justice organisés en République démocratique du Congo depuis mercredi 6 novembre, et placés sous le thème  « Pourquoi la justice congolaise est-elle malade? ».

Ces assises interviennent après celles de l’année 2015, connues pour leur production record de 350 résolutions. Résolutions restées pour la plupart sans lendemain.

« Seules 21 résolutions des états généraux de 2015 ont trouvé des réponses jusqu’à ce jour », a indiqué un juge, sans fournir des détails. Et dire qu’Alexis Ntambwe Muamba, le ministre de la Justice de l’époque, avait prédit que « ses états généraux » allaient trouver des solutions aux maux du secteur : « l’incurie, le clientélisme, le trafic d’influence, la corruption, l’impunité et l’iniquité » (Sic).

Les états généraux de 2015 avaient notamment recommandé au gouvernement de « favoriser l’accès à la justice à tous, indigents comme nantis, villageois comme citadins ». Aujourd’hui, l’espoir de tout un peuple est que les sceptiques ne s’écrient plus : « les états généraux de la justice se suivent et se ressemblent », au lendemain de ces échanges de haut niveau. 

Plus de 3.000 participants, en majorité acteurs judiciaires, ont réfléchi pour ouvrir la voie à la thérapie tant attendue et redorer le blason terni de la justice congolaise. Des discours d’orientation aux exposés de hauts magistrats et d’éminences grises du secteur judiciaire, en passant par des travaux en commissions, un diagnostic complet et sans complaisance de la justice sera établi, selon un participant.

Des voies de sortie seront coulées sous forme de recommandations. Des suggestions n’ont pas manqué tout au long des travaux : dans son intervention à l’étape des exposés, Jules Alingete, inspecteur général des finances, est allé jusqu’à proposer notamment « la création d’un parquet financier pour lutter contre la corruption et les détournements de deniers publics ».

L’ancien ministre et avocat, Tshibangu Kalala, a de son côté appelé au remplacement du Conseil supérieur de la Magistrature par « un Conseil supérieur de la justice, pour mettre fin à l’impunité du corps judiciaire ».

Tout compte fait, le défi majeur à relever dans un proche avenir sera la transformation des engagements pris en une véritable volonté politique, pour une rapide mise en œuvre des réformes concrètes. Un pari pour le Congolais lambda dans l’attente d’une justice « née de nouveau ».

Comme pour donner raison à Luzolo Bambi, ancien ministre de la Justice qui avait dit du haut de la tribune des états généraux : « la maladie de la justice est que le peuple ne se retrouve pas dans les décisions rendues par les cours et tribunaux ».

ACP/

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