Kinshasa : 130 morts après la pluie diluvienne dans la nuit de lundi à mardi

Kinshasa, 13 décembre 2022 (ACP). Cent trente (130) morts est le  bilan provisoire consolidé, lundi, par les reporters  de l’ACP auprès des autorités de six de vingt-quatre communes de Kinshasa, capitale de la RDC, après la pluie diluvienne dans la nuit de lundi à mardi.

« Dans la commune de Bandalungwa un mur a cédé suite à l’inondation s’affaissant sur une famille (4 morts) dont la maman et les trois enfants ont perdu la vie, tandis que le papa a connu une fracture à la jambe et un autre enfant est en réanimation », a déclaré le bourgmestre sortant de cette municipalité, Thierry Baylon.

A Matadi Kibala dans la commune de Mont-Ngafula, l’on compte trente-huit (38) morts et à Kintambo cinq (5) personnes ont également succombé. 2 morts à Kimwenza-gare, 4 à Matadi Mayo vers la Cité Pumbu, a annoncé la bourgmestre adjoint de cette municipalité, Astride Diasivi. Quant à la commune de Ngaliema, 16 morts ont été dénombrées dans le quartier Pigeon, 9 au quartier Kongo, 1 à Bumba, 9 à Djelo/Mbinza et 3 au camp Munganga, a révélé le bourgmestre de cette municipalité, Dieu-Merci Mayibanziluanga. A Kintambo, on dénombre 5 morts, membres d’une même famille, 12 à Selembao et 3 à Limete.

Quelques artères et ménages sous les eaux de la pluie

Plusieurs artères et ménages de la ville de Kinshasa se sont également retrouvés sous les eaux de la pluie, notamment la route de la « Libération » ex-« 24 novembre » vers les communes de la Gombe, Lingwala, Bandalungwa, Ngiri-Ngiri, Bumbu et Selembao.

Une artère détériorée après la pluie

« Nous ne savons pas comment sortir de nos ménages d’autant plus que l’avenue est sous les eaux », a déclaré une habitante du coin. Le même constat est observé sur la route ex-« 24 novembre » dans son tronçon compris entre « Bambole » et marché « Seleombao ». Cette grande artère est complètement impraticable, plusieurs parcelles environnantes sont inondées, les écoles et les maisons commerciales sont fermées, empêchant aux élèves de l’école primaire et secondaire de se rendre à l’école. Les quartiers « Mama Yemo », « Don Bosco », « Kimbwala » et « Molokay » dans la commune de Ngaliema et CPA Mushy à Mont-Ngafula se sont retrouvés également sous les eaux.

« Nous sommes débout depuis 4 heures du matin à cause de cette pluie et nous ne savons quoi faire et où aller en ce moment, car nos maisons sont sous les eaux », a déclaré Jean-Marie Masiala, un habitant du quartier Maman Yemo. Les maisons se trouvant sur le long de la route pompage jusqu’à l’usine de la Regideso sont victimes du débordement des eaux en provenance de la rivière « Lukunga ». Immergées dans les eaux, les populations se sont abritées sur les toîts des maisons et des dalles des chantiers en construction.

La nationale 1 coupée et traversée par une érosion

Plusieurs dégâts matériels ont été aussi enregistrés aux quartiers Kingabwa et Ndanu, situés dans la commune de Limete, notamment des appareils électroménagers et les téléphones portables emportés par l’eau de la pluie, ainsi qu’autres biens de valeur. Certains opportunistes ont profité de cette situation pour se faire de l’argent en transportant des passagers au dos moyennant, 500 CDF et 1000 CDF dépendamment de la distance.

Perturbation de la circulation routière à Kinshasa

Cette pluie a causé également de fortes perturbations dans la circulation routière. De nombreuses voies de circulation étaient impraticables et obstruées suite aux eaux de pluie mélangées avec les ordures qui avaient envahi les voiries. Les prix de la course en taxi ou taxi-bus sont revus à la hausse, multipliés par deux ou par trois, après la pluie torrentielle, donnant également accès au « phénomène demi-terrain » qui consiste à sectionner le même itinéraire en deux ou trois tronçons. De Pompage à Magasin, le prix du taxi passe de 1000fc à 1500fc, par contre sur la moto la même course est revue de 1500 à 2500fc. De Magasin à Boulevard sur la moto le prix est passé de 2500 à 5000fc.

Les rivières Ndjili,  Nsanga, Mokali et Nsuenge sortent de leurs lits

« Il y a eu  débordement des eaux  des rivières Ndjili,  Nsanga, Mokali et Nsuenge et  des toî,ts de certaines maisons ont été emportés », a déclaré le bourgmestre sortant de Masina, Toussaint Kapuku.

Il a précisé que le non-respect des normes urbanistiques demeure la cause majeure de ces dégâts, les plus souvent enregistrés après les grandes pluies, étant donné que la commune de Masina est entourée des eaux.

  « Il est donc souhaitable que les habitants construisent leurs maisons à 15 mètres de distance, pour se mettre à l’abri de ce désagrément causé par le débordement des eaux et ceux habitants les endroits à haut risque de déguerpir afin d’éviter les pires », a dit M. Kapuku. De son côté,  le bourgmestre sortant de Kimbanseke, Jeannot Canon, a signalé  que seulement  quelques ménages ont été inondés par les eaux de la pluie dans sa municipalité. « En effet,  mes  habitants  ont échappé au pire, après avoir  procédé au  curage à répétition des rivières Nsanga et Mokali », a-t-il dit.

Depuis Washington, le Président Tshisekedi compatit au malheur des familles endeuillées

 Réagissant à cette catastrophe, le Président de la République, en visite de travail depuis dimanche à Washington, aux Etats-Unis, dans le cadre du 2ème Sommet USA-Afrique, a compati lundi au malheur des familles « kinoises » endeuillées des suites de la dernière pluie torrentielle, à travers un message sur le compte twitter de la Présidence.  « Le Chef de l’Etat a appris, avec grande peine, le décès de plusieurs personnes, dont des enfants, suite aux pluies diluviennes qui se sont abattues sur Kinshasa, dans la nuit du lundi au mardi », a lu l’ACP sur ce compte. « Le Chef de l’Etat présente ses condoléances les plus émues aux familles endeuillées, demande au gouvernement national et provincial de leur venir en aide et d’accélérer les travaux de drainage des eaux de pluie, pour éviter que ce type de catastrophe se reproduise », conclut le message. Il a, à cet effet, décrété un deuil national de trois jours, qui a débuté le mardi à partir de 00 h 00

Le gouvernement évalue les dégâts

Le Premier ministre Sama Lukonde accompagné d’une forte délégation gouvernementale est descendu, le même mardi, pour évaluer les dégâts causés par cette pluie torrentielle qui a  causé, dans la nuit du lundi au mardi à Kinshasa, la perte en vies humaines et une érosion sur la Route de Matadi (RN1).

Le Premier ministre face à la presse sur le site

« Ici, nous sommes sur l’un des premiers sites. La route qui mène vers Matadi a été coupée, à la suite d’une érosion subite. Il nous fallait d’abord venir pour évaluer les dégâts. Le premier dégât que nous sommes venus évaluer, c’est d’abord, les dégâts humains. Nous sommes au regret de constater que l’érosion a emporté quelques résidences et fait  près d’une vingtaine de morts. Nous continuons les recherches dans les décombres pour en savoir plus et établir le dernier bilan », a déclaré, ému, Sama Lukonde, entouré des membres de la délégation gouvernementale. « Le deuxième bilan, c’est un bilan au niveau des infrastructures. Pour voir exactement, au niveau de la route, parce que c’est une route principale de desserte pour la ville de Kinshasa. Il faudra voir comment pallier en termes d’intervention d’urgence. A mon arrivée ici, comme vous avez pu déjà voir, les travaux de remblaiement ont déjà démarré de manière à ce que très vite, nous puissions avoir en retour, la route avec, pour commencer les petits véhicules, les petits charrois », a ajouté le chef du gouvernement, affirmant :  « nous allons faire un travail de plus grande envergure. Les petits charrois, ça devrait être dans les 24 heures ».

Vue du ravin

Pour les grands charrois, le Premier ministre a fait savoir, dans sa déclaration devant la presse, qu’ « il va falloir engager des travaux de génie civil qui peuvent prendre 3 ou 4 jours avant de revoir la route rouverte et permettre qu’on puisse avoir des nouvelles liaisons entre Kinshasa et Matadi ».

Soucieux de prévenir des catastrophes du genre, Sama Lukonde a saisi cette occasion pour sensibiliser la population au respect des normes quant aux constructions anarchiques.

« Et bien sûr, une sensibilisation encore une fois de plus à la population. Sensibilisation que nous faisons généralement aussi avec la ville province de Kinshasa, que nous faisons avec le gouverneur sur les zones non edificandi, où on ne devrait pas avoir des constructions. « Et, c’est lorsque nous avons malheureusement ces constructions anarchiques que nous subissons ces types de revers qui posent énormément de dégâts. Tout un travail est fait. Le rapport est établi pour que tous les jours nous puissions travailler sur ces zones justement « non edificandi » et que nous puissions rétablir l’ordre pour préserver cette ville de Kinshasa qui est la capitale et qui nous est chère. C’est ce message que nous sommes venus apporter », a conclu le chef du gouvernement, avant sa descente dans d’autres lieux de sinistre. Sama Lukonde avait, dans sa délégation, les ministres des Infrastructures et Travaux publics ; des Affaires sociales et Actions humanitaires ; de la Santé et du Genre, Famille et Enfants, et en présence du gouverneur de la ville-province de Kinshasa.

Les témoins questionnés sur le lieu de la catastrophe affirment que les moellons d’un chantier en construction ayant bouché les caniveaux, sont à la base de ce dégât,  les eaux de la pluie ayant pris une autre direction et provoquer les têtes d’érosions sur cette route nationale.

Message de compassion du cardinal Fridolin Ambongo

Pour sa part, l’archevêque métropolitain de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo Besungu a présenté, dans un communiqué de presse parvenu le même jour à l’ACP, « un message de compassion aux diocésains et diocésaines et aux frères et sœurs victimes des pluies diluviennes ».

« Ces pluies diluviennes ont une fois de plus causé d’énormes dégâts humains et matériels plongeant ainsi de nombreuses familles et communautés religieuses dans la désolation et l’émoi. Cet état des choses m’attriste ainsi, je voudrais exprimer toute ma compassion et toute ma proximité spirituelle et pastorale à toutes les personnes sinistrées et en particulier à celles qui en ce moment sont sans abri ni secours », a déploré l’archevêque métropolitain de Kinshasa.  « Au-delà du caractère imprévisible des intempéries naturelles, j’estime qu’il devient de plus en plus urgent que l’autorité urbaine procède sérieusement aux grands travaux d’assainissement, de réaménagement et d’urbanisation de la ville de Kinshasa, afin de prévenir et de minimiser l’ampleur de telles catastrophes naturelles », a- t-il conclu. ACP/

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