La cruelle énigme du changement de paradigme (Par Bienvenu-Marie Bakumanya)

Un prêtre qui se marie en secret ou vit en concubinage avec une paroissienne. Un pasteur qui accapare les biens de son Eglise et installe une gestion familiale. Un évangéliste qui ne prêche que la prospérité, le mariage et les voyages…Un homme politique qui installe une gestion patrimoniale de son parti et instaure une dynastie pour l’accession aux nominations ou aux mandats électifs…

Regardons les choses en face ; regardons-nous dans le miroir de la vie et, surtout, imposons-nous l’exigence d’un véritable examen de conscience. Les valeurs morales et spirituelles que les Congolais ont aujourd’hui en partage sont-elles en mesure de constituer le socle d’une société qui veut se transcender et d’une nation en quête d’une réelle émergence ?

Le paradoxe veut aujourd’hui que le crime soit la valeur absolue et que celui qui tue soit lui-même le donneur de leçons, encensé par la magie des médias et adulé par les réseaux sociaux auxquels il redistribue généreusement les bénéfices du crime.

Il n’est pas rare, chez nous, d’entendre que ce pays n’a pas de chance. Que ce pays ne marchera jamais. Le cynisme a pris la place du discours officiel quand les familles se disloquent et le pays se déchire au son du slogan bien connu : « Je ne vais pas te manger », ou encore « Ce n’est pas toi qui sauveras ce pays ! ».

L’inversion des valeurs a consacré tous les abandons et élevé au rang des vertus la médiocrité, la conspiration du silence, le vol, le mensonge, le détournement… Les Congolais ont fini par accepter de marcher sur la tête, de renier la foi dans leur génie propre, sauf celui du mal, de tuer en eux l’essence spirituelle qui est au départ et à la fin de toute vie.

Le résultat est celui que nous déplorons. C’est celui qui tente d’organiser les choses, de les remettre à l’endroit et de cultiver l’espérance qui sera le plus critiqué, voué aux gémonies. C’est celui qui tente de refonder les valeurs et d’enseigner les vertus qui sera vu comme l’empêcheur de tricher ou de piller en rond. L’homme à abattre dès lors qu’il veut nous arracher le beefsteak de la bouche.

Il en est ainsi dans nos familles qui ont perdu tous les repères, nos églises, nos écoles et nos entreprises. Ce crime multiple s’est métastasé au point de gangrener toutes nos institutions, dont les animateurs sont eux-mêmes les maîtres du hold-up et du braquage permanent, les comploteurs qui fricotent avec les puissances étrangères pour nuire aux intérêts du pays, les candidats naturels et consentants à la corruption…

Qu’un cadre élevé en honneur et en dignité comme cet ancien président de la centrale électorale du pays ou cet ex-député national se félicitent d’appuyer ceux qui massacrent et pillent, il y en aura toujours parmi nous pour les féliciter et bâtir pour eux des monuments, à commencer par les membres de leurs propres familles.

Que des militaires ayant pris l’engagement de défendre le pays et sa population se détournent de leur devoir et s’investissent à organiser la destruction du pays, le pillage de ses richesses et la mise en place des empires du crime, combien parmi nous sont réellement prêts à leur demander où va ce pays et quel est leur projet pour l’avenir de leurs propres enfants.

Que nous ayons, individuellement ou collectivement, renoncé à nous poser des questions et à examiner notre conscience pose un réel problème en termes d’identité et de projet en tant qu’êtres humains créés à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Il semble finalement que la solution se situe dans le changement du paradigme. Mais que faut-il entendre par ce changement de paradigme lorsque ceux qui sont appelés à l’opérer sont ceux qui tirent leur confort de l’inversion des valeurs qui nous éloigne tant du bien, du beau, que du bon ? Quels sont les critères sur la base desquels devra se bâtir ce nouveau paradigme ? Y arriverons-nous du fait du courage de nos convictions, par le fait du conformisme ou de la sclérose de la pensée, par la routine et la recherche effrénée de notre propre confort, ou parce que nous avons suffisamment des ressources morales pour croire en nos propres mensonges ? La quadrature du cercle !

Bienvenu-Marie Bakumanya

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