Kinshasa, 04 janvier 2025 (ACP).- La République démocratique du Congo (RDC) a célébré samedi le 66ème anniversaire de la Journée des Martyrs de l’Indépendance, en mémoire des Congolais tombés lors des émeutes de Léopoldville en 1959, un tournant décisif dans la quête de liberté face à la colonisation belge.
Le premier Premier ministre du Congo indépendant (1960) y fera allusion dans son discours historique prononcé devant le Roi Baudouin à Kinshasa, alors Léopoldville.
« Cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang », avait déclaré Patrice Lumumba un certain jeudi le 30 juin 1960, jour solennel de proclamation de l’Indépendance.
« Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. Qui oubliera qu’à un noir on disait « Tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « Vous » honorable était réservé aux seuls blancs ? », avait-il ajouté.
Ce discours historique et héroïque du Héros national congolais constituait l’apothéose d’une série d’événements qui avaient abouti à la conquête de la souveraineté nationale et internationale par le vaillant peuple congolais.
En tête desdits événements trône les troubles de Léopoldville dont le pays commémore ce samedi le 66ème anniversaire.
Des centaines de victimes
Le 4 janvier 1959, des milliers de Congolais s’étaient rassemblés à Léopoldville (actuelle ville de Kinshasa) pour réclamer l’indépendance, bravant l’interdiction des autorités coloniales urbaines de tenir un meeting politique de l’Alliance des Bakongo (Abako) animée par des leaders dont Kasa-vubu, Nzeza, Pinzi et Kanza.
Ce rassemblement pacifique, rapidement réprimé par la Force publique (Armée nationale de l’époque) s’était transformé en violentes émeutes, entraînant des pertes humaines importantes.
Selon les chiffres officiels, 49 personnes avaient trouvé la mort, mais les témoins avaient évoqué de centaines de victimes. Ces événements douloureux avaient marqué un point de non-retour dans la lutte pour l’Indépendance, accélérant le processus qui aboutira à la souveraineté du Congo le 30 juin 1960.
Une journée de mémoire nationale
Chaque année, cette date est célébrée à travers des cérémonies officielles, des hommages aux héros de l’Indépendance, et des conférences pour transmettre cette histoire aux jeunes générations. À Kinshasa, des gerbes de fleurs ont été déposées en mémoire de ces martyrs, en présence des responsables politiques et religieux.
Des témoignages poignants rappellent l’importance de cette journée. « Mon père faisait partie des manifestants ce jour-là. Il m’a souvent raconté le courage des Congolais qui ont défié la répression, déterminés à obtenir leur liberté », a témoigné la fille d’un manifestant du 4 janvier.
Pour les leaders d’opinion et les autorités congolaises, la commémoration du 4 janvier est aussi une occasion d’appeler à l’unité nationale. Les défis actuels – insécurité, corruption, pauvreté, guerre d’agression – nécessitent un même esprit de solidarité et de détermination que celui qui animait les martyrs de 1959.
Dans un discours de circonstance lors de la commémoration de cette journée en 2021, le Président de la République avait invité les Congolais à « marcher sur les traces des martyrs pour un Congo plus indépendant et plus démocratique qu’avant ».
« Le sacrifice des martyrs nous rappelle que rien n’est impossible quand un peuple est uni », avait déclaré Félix Tshisekedi.
Le courage des Congolais martyrs du 4 janvier 1959 avait inspiré d’autres nations africaines dans leur quête de souveraineté.
Cette journée de mémoire rappelle non seulement le prix de la liberté, mais aussi l’importance à accorder à la préservation des acquis de l’Indépendance, pour un Congo prospère, uni et résolument tourné vers l’avenir. ACP/