Kinshasa, 09 juillet 2022(ACP).- Le Professeur Dr l’Ir Jean-Marie Beya Kamba, a expliqué les enjeux énergétiques en République Démocratique du Congo (RDC), dans son intervention à la première conférence sur les défis du développement de la RDC organisée par le corps d’élite scientifique de l’UDPS du 06 au 07 juillet à l’hôtel Rotana Plaza sous le thème principal : « La science au Service du Peuple ».
« Toute activité humaine (manger, marcher, se faire soigner, avoir de l’eau, se loger correctement, etc.) nécessite de l’énergie », a démontré l’Ir Jean-Marie Beya qui est aussi vice doyen de la faculté polytechnique de l’Université de Kinshasa.
Dans tous les pays du monde, a-t-il ajouté, il y a une relation directe entre la consommation de l’énergie, le niveau d’industrialisation, le niveau du développement ainsi que le nombre d’ingénieurs que le pays forme par an.
Il a fait savoir que les principales sources d’énergie consommée dans le monde sont le pétrole, le charbon, le gaz naturel et l’électricité, dont 78% sont d’origine fossile, responsable du gaz à effet de serre (CO2). « 63% d’énergie électrique consommée dans le monde proviennent des sources fossiles », a-t-il dit.
L’Afrique qui représente 17.51% de la population mondiale ne consomme que 6.1% d’énergie, tandis que les pays de l’OCDE et la Chine se partagent 60% de la consommation mondiale.
De ces faits, plus de 68% de la consommation mondiale de l’énergie sont utilisées dans l’industrie, l’agriculture, le transport, les commerces et services, tandis que la consommation des ménages ne représente que 15% de la consommation totale où cette dernière proportion est observée dans tous les pays développés (industrialisés).
En outre, la consommation de l’énergie électrique dans le monde, seuls 26% de cette forme d’énergie sont consommés dans les ménages tandis que le reste, soit 74%, sont consommés dans l’industrie, le commerce et le transport.
En République Démocratique du Congo, non seulement 95% de la consommation d’énergie sont d’origine de la biomasse c’est-à- dire du bois de cuisson, mais aussi que la part de consommation de l’ électricité dans les ménages n’est que de 2,4% de la consommation totale du pays.
Le Pr Jean-Marie Beya Beya a aussi montré qu’au regard de faibles niveaux de consommation des principales sources d’énergie, il est impératif que la RDC prenne la décision de se développer en créant aussi des industries dans divers domaines tels que l’agro-alimentaire, l’électronique, l’informatique, la construction, la métallurgie, le bois, la mécanique, etc.
En effet, c’est dans les industries que les emplois et les richesses sont créés, ce qui permet aux ménages d’avoir des revenus pouvant leur permettre de se procurer les biens de consommation et améliorer ainsi leur condition sociale.
Le Pr Beya a également souligné que, non seulement les pays qui consomment le plus d’énergie sont industrialisés et développés, mais aussi ce sont les mêmes pays qui forment par an le plus grand nombre d’ingénieurs de haut niveau.
Au travers des calculs simples, l’auteur a montré que si la RDC souhaitait atteindre le niveau d’ industrialisation comme celui d’ un pays émergent tel que l’Afrique du Sud, les potentialités hydroélectriques et solaires de la RDC ne représenteraient que le tiers de ses besoins en énergie, pour dire qu’il faudra recourir à un mix énergétique incluant le pétrole, le gaz, et pourquoi pas le nucléaire sans compter d’ éventuelles importations d’autres sources d’ énergie.
Dans le même ordre d’idée l’auteur a mentionné que pour atteindre cet objectif d’une RDC émergente, le pays devrait former au moins 20. 000 ingénieurs de haut niveau chaque année pendant au moins 10 ans.
Étant donné qu’à ce jour, les facultés polytechniques du pays ne forment qu’à peine 100 ingénieurs par an, il y a donc urgence que les pouvoirs publics s’empressent de créer les grandes écoles polytechniques et d’ingénierie inscrites dans le programme du gouvernement à l’action 247, a-t-il conclu. ACP/