Kinshasa, 17 février 2024 (ACP).- La marche des croyants qui réclamaient le 16 février 1992 la réouverture de la Conférence nationale souveraine ne peut être capitalisée qu’à partir de la base, a-t-on appris vendredi lors de la célébration du 32ème anniversaire de cette manifestation à Kinshasa, en République démocratique du Congo.
« Si nous devons capitaliser des manifestations comme celle du 16 février 1992, nous devons nous organiser au niveau de la base, et non pas au niveau d’en haut. C’est le pouvoir d’en bas qui doit s’organiser, se structurer, et être conduit pas de vrais leaders qui viennent de la base », a déclaré l’abbé José Mpundu, coorganisateur de la marche du 16 février 1992.
« S’il est vrai que la marche était organisée par le peuple, pour le peuple, il est tout aussi vrai que cette marche n’a pas été prise en compte par les décideurs politiques comme ecclésiastiques. Que ce soit du côté de l’Eglise ou de l’Etat, aucune autorité n’avait accepté la marche », a-t-il ajouté, intervenant dans le cadre d’une conférence organisée par le « Collectif du 16 février » en collaboration avec le Centre d’études pour l’action sociale (Cepas) sous le thème : « inventons notre propre démocratie ».
Le prélat a proposé, au cours de son exposé, une redéfinition de la notion de « marche » et son implication pour la société congolaise. « Si aujourd’hui je peux redéfinir la marche, je dirais que c’est un mouvement qui nous invite à partir d’une société bâtie sur le primat de l’avoir vers une société fondée sur le primat de l’être », a-t-il dit.
Auparavant, le Père Rigobert Minani, membre du « Collectif du 16 février » a, dans son discours d’ouverture de la manifestation, rappelé le travail abattu par sa structure pour l’avènement de la démocratie et la tenue des élections libres, démocratiques et transparentes en RDC.
Le « Collectif du 16 février » tient notamment une liste des martyrs de la démocratie.
« Pendant trois décennies le Collectif du 16 février s’est donné comme mission de travailler pour l’avènement en RDC de la démocratie. Et depuis 2021 nous avons ajouté à la liste de 1992, les martyrs plus récents des mouvements citoyens. Cet engagement s’est cristallisé depuis 2006, dans le combat pour des élections libres, démocratiques et transparentes, combat qui a mobilisé beaucoup d’entre nous », a déclaré le Père Minani.
Rappel des faits
Le 16 février 1992, des milliers de Kinois étaient descendus dans la rue pour une marche pacifique dénommée « Marche de l’espoir », à l’appel d’une association catholique laïque. Ils revendiquaient la réouverture de la Conférence nationale souveraine (CNS), fermée le 19 janvier 1992 par le Premier ministre Nguz-a-Karl-i-Bond.
La manifestation avait rassemblé des chrétiens catholiques, protestants et orthodoxes dans différents coins de la capitale congolaise, mais elle fut finalement réprimée dans le sang par l’armée.
Le bilan de la répression n’est pas connu avec certitude. Selon des organisations de défense des droits humains, 35 personnes avaient été tuées et beaucoup d’autres blessées. L’archidiocèse de Kinshasa avait, de son côté, publié une liste de 16 blessés graves et de 21 personnes mortes par balle.
Les sources officielles avaient, à l’époque, évoqué le nombre de 13 morts, plusieurs sources non officielles faisant même état de centaines de morts.
ACP/KKP