Kinshasa, 13 mars 2025 (ACP).- Les processus de Luanda et de Nairobi ne sont pas de même nature pour être fusionnés en vue de ramener la paix en République démocratique du Congo, a soutenu jeudi un acteur politique, au cours d’un entretien.
« Les processus de Luanda et de Nairobi ne sont pas de même nature. Si le premier, tirant son fondement de l’Accord du 23 mars 2009 dit Accord de Goma, vise à évaluer l’exécution des engagements intervenus entre les parties belligérantes, le second trouve son fondement dans l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, traité international produisant des effets ″erga omnes″, dont il reste l’instrument d’exécution », a déclaré Odéric Nyembo-ya-Lumbu, président du parti politique « Alliance nationale pour la République » (ANR).
Selon lui, dès lors que les deux processus n’ont pas le même fondement juridique, ils ne sont par conséquent pas de même nature et n’ont pas la même portée. « Ils ne peuvent en aucune manière être fusionnés », a-t-il dit.
« Les fusionner reviendrait à faire du cahier des charges des belligérants et, pourquoi pas, des autres parties prenantes, des points à inscrire à l’ordre du jour du dialogue à organiser sous l’emprise de l’Accord-cadre, alors que ce dernier instrument juridique international a déjà fixé, en son point 5 premier paragraphe, alinéa 1 à 6, l’ordre du jour du dialogue à venir », a-t-il expliqué.
Cet acteur politique a, en outre, insisté sur le fait que la crise congolaise actuelle constitue une menace contre la paix et relève des dispositions du chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Selon lui, le maintien de la paix et de la sécurité internationale reste de la compétence exclusive du Conseil de sécurité de l’ONU.
« En intervenant dans cette matière, l’EAC et la SADC agissent par délégation des pouvoirs conformément aux dispositions des articles 52 à 54 de la Charte de l’ONU. En décrétant la fusion de deux processus Nairobi/Luanda, l’EAC et la SADC ont décidé ″ultra petita″, c’est-à-dire en violation des dispositions de la Charte de l’ONU », a indiqué Odéric Nyembo-ya-Lumbu.
« La question du sort du processus de Nairobi au regard de l’Accord-Cadre avait déjà été tranchée aux assises d’Addis-Abeba : les belligérants à l’instar des autres parties prenantes présenteront leurs cahiers des charges au dialogue qui seront examinés aux points inscrits à l’ordre du jour fixé par l’Accord-cadre », a-t-il insisté.
Selon ses dires, il n’est pas question de s’écarter de cet Accord-cadre qui a déjà souligné que les gens qui ont trempé dans les assassinats, crimes imprescriptibles, crimes économiques et/ou ceux cités dans le rapport Mapping de l’ONU, ne pourront pas prétendre siéger dans les institutions car, ils doivent d’abord répondre de leurs actes.
« Agir autrement reviendrait à nous rapprocher dangereusement du schéma de Sun City, (…) dont souffre la RDC jusqu’à ce jour. Addis-Abeba n’est pas Lusaka pour que l’on puisse se permettre de développer des mécanismes qui, une fois en place, donneront aujourd’hui les mêmes mauvais résultats qu’hier », a-t-il prévenu.
Dans cette logique, Odéric Nyembo-ya-Lumbu a affirmé avoir saisi les autorités de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) sur le risque que l’initiative du pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs des Églises catholique et protestante feraient courir au pays si elle ne s’inscrivait pas dans un cadre légal.
« L’organisation du pacte visant les réformes structurelles dans l’approche holistique de paix et de promotion du vouloir vivre en RDC et dans la sous-région des Grands Lacs, telle que conçue par les églises catholique et protestante, est une copie plus ou moins fidèle de l’ordre du jour arrêté par l’Accord-cadre d’Addis-Abeba intervenu le 24 février 2013 », a-t-il dit.
Il a refusé, de ce fait, toute idée d’incorporer, de brasser et/ou de mixer les éléments rebelles et les agresseurs au sein des forces de défense et de sécurité de la RDC.
ACP/C.L.