Kinshasa, 09 décembre 2024 (ACP).- Le ministre du Commerce extérieur, le politologue Julien Paluku, a donné de la voix sur la question relative aux réformes constitutionnelles en République démocratique du Congo et s’est dit favorable à l’avènement de la quatrième république, dans une réflexion parvenue lundi à l’ACP.
« (…) En République Démocratique du Congo (…), la moyenne de vie des gouvernements est de 15 à 18 mois, plus de 50 premiers ministres depuis 1960. J’appelle à un nouveau vocable, ‘’Vivement la 4ème République’’, cette 4ème République est importante, 64 ans après, parce que les 3 autres Républiques n’ont pas été une panacée pour le pays », a-t-il déclaré.
Julien Paluku dégage une lecture politologique affirmant que « depuis 1960, la Première république jusqu’à la troisième République, on a navigué sous un Etat fortement centralisé d’une part (1960-1997), ensuite d’un Etat non nommé de (1997-2001) puis la transition sans régime politique bien défini (2001-2006) et la Constitution de 2006 arrive avec un régime politique hybride, ni parlementaire, ni semi présidentiel, surfant entre les deux. Ni l’État fortement centralisé, ni l’Etat unitaire, fortement décentralisé n’ont été des solutions aux problèmes que la République Démocratique du Congo a connus, le pays navigue entre tâtonnement, pauvreté et Immobilisme ».
Selon lui, la France d’où est tirée l’expérience constitutionnelle de la RDC est passée elle-même, de la 4ème à la 5ème République par voie référendaire. « Une réponse efficace à l’instabilité de la 4ème République, en 13 ans, l’hexagone a connu 19 premiers ministres », a-t-il soutenu.
A l’en croire, il n’est pas ici besoin de révision mais plutôt de changement de la Constitution et d’après lui, c’est Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo qui « se trouve être cet oiseau rare qui va apporter ce changement ».
Le politologue, autrefois cadre de la territoriale et technicien de développement, pense qu’il est temps d’expérimenter d’autres mécanismes comme le fédéralisme.
Il sous-tend son argument par le fait d’avoir été gouverneur de la province du Nord-Kivu pendant très longtemps, laquelle province qui s’étend sur une superficie de 59 mille km carré, valant le Rwanda et le Burundi réunis.
« En plein 21ème siècle, il ne faut pas interdire aux Congolais de réfléchir, nous Congolais en avons le droit. D’autres Congolais qui ont réfléchi pour produire le texte fondateur, ne sont pas plus intelligents que nous pour penser que nous ne pouvons-nous retrouver que sur le chemin que eux ont tracé », a-t-il prévenu.
Julien Paluku continue en affirmant que le moment est propice pour ce changement et que le contexte s’y prête.
« Nous sommes au début d’un mandat, on ne parle pas du changement de la Constitution dans le temps suspect, In tempore suspecto, on ne peut pas nous accuser de viser le glissement, le moment est favorable pour réfléchir tête froide », a-t-il argumenté.
De la composition de la commission afférente
Il préconise par ailleurs, que la commission multidisciplinaire qui s’y penchera et qui sera mise en place dès janvier 2025, telle qu’annoncée à Kisangani par le Chef de l’Etat, puisse être composée notamment des anciens gouverneurs des provinces, anciens présidents des chambres parlementaires, anciens premiers ministres et chefs des gouvernements qui ont eu à exercer des fonctions pour apporter l’expérience de la gestion d’un État.
Le politologue Paluku craint que des néophytes se retrouvent dans une élucubration contextuelle pour pondre encore un texte inadapté.
« Tous ceux qui ont été de tous les schémas, dans la gestion de la chose étatique de 1960-2024 doivent être de la partie. Pas ceux qui n’ont pas d’expérience dans la gestion administrative et politique en République Démocratique du Congo alors qu’ils ne connaissent pas les écueils », a-t-il proposé.
Somme toute, le ministre du Commerce extérieur fait savoir que le Président de la République n’a pas tort de faire cet appel et note que lui ainsi que d’autres compatriotes du pays ne sont pas moins Congolais que ceux qui se sont retrouvés à Sun City.
Qui est Julien Paluku ?
Julien Paluku Kahongya, politologue de formation, cadre de la territoriale depuis 1998 jusqu’ en 2019 (21 ans), ministre du gouvernement central de 2019-2024, technicien de développement formé à l’Institut supérieur de développement rural (ISDR-Bukavu), doctorant à l’Université de Kinshasa et Président national du Bloc Uni pour la Renaissance et L’émergence du Congo (Burec), parti politique dont il est élu président national en 2015 puis Décembre 2021.
ACP/Célestin Lutete