Kinshasa, 20 février 2025 (ACP).- La révocation du statut du Rwanda comme pays fournisseur de contingent aux Nations Unies a été proposée par le Gouvernement de la République démocratique du Congo, parmi les sanctions pour ses crimes, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité, mercredi à New-York, aux États-Unis d’Amérique.
«Le Conseil de sécurité doit immédiatement révoquer le statut du Rwanda en tant que pays fournisseur de contingent pour les missions de maintien de la paix des Nations Unies. Un pays qui assiège les bases de la Monusco, qui cible les avions de la mission, qui lance des attaques meurtrières contre les casques bleus, qui par la suite utilise le rapatriement de casques bleus décédés en tant qu’outil de négociation», a déclaré Thérèse Kayikwamba, ministre congolaise des Affaires étrangères congolaise au cours de cette réunion d’urgence convoquée pour la troisième fois en moins d’un mois.
«Ce pays a foulé aux pieds les principes du maintien de la paix. C’est une contradiction qui sape la crédibilité même des Nations Unies», a-t-elle indiqué, avant d’ajouter : «le statut du Rwanda doit donc être révoqué».
Évoquant les crimes de ce «groupe terroriste» qui a pris le contrôle d’une partie du territoire congolais et imposé «son administration criminelle sous le regard du Conseil», Thérèse Kayikwamba a indiqué : «ceux qui survive risque de mourir autrement sans aide, sans soin, sans évacuation, et les humanitaires bloqués n’ont pas d’accès aux sinistrés».
De ce fait, la ministre d’Etat Kayikwamba a demandé que cet organe de l’ONU puisse trouver urgemment «des mesures allant au-delà des solutions africaines».
«Le Conseil de sécurité ne peut se contenter de rester silencieux face à ce drame. Il ne peut pas se cacher derrière des déclarations. Il est appelé à faire respecter les principes qui définissent cette institution : la paix, la sécurité. Le respect du droit international et universel s’applique à tous, même s’il faut aspirer à des solutions africaines, on ne peut pas rester les bras croisés lorsque des civils sont tués. Ce n’est pas la solution, et ce n’est en tout cas pas une solution africaine», a-t-elle fait savoir.
«Nous exigeons une action immédiate. Le Conseil de sécurité doit tout d’abord exiger que le Rwanda cesse les hostilités. Il faut exiger le retrait des troupes rwandaises du territoire de RDC », a-t-elle dit.
Interdire l’exportation des minerais pillés en RDC
En outre, le Gouvernement congolais a plaidé, dans sa proposition du régime de sanctions à imposer à Kigali, «l’interdiction totale de l’exportation des minerais, principalement le coltan et l’or pillés en RDC par le Rwanda».
«Un certain nombre de sites miniers ont été identifiés notamment à Rubaya, car depuis ces sites, le Rwanda exporte de façon illégale tous les mois 150 tonnes de coltan, mais ces mesures ne sont pas suffisantes, tant que le Rwanda pourra piller nos ressources en toute impunité cette guerre continuera », a fait remarquer la ministre congolaise.
Mme Kayikwamba a enfin demandé aux membres du Conseil de sécurité «d’imposer un mécanisme de notification et de signalement pour toute vente ou tout transfert d’armes vers le Rwanda. Toutes les cargaisons d’armes en direction de Kigali doivent être déclarées», a également demandé la ministre d’État Kayikwamba, avant de renchérir : «il est inacceptable que ces armes continuent d’atteindre ces groupes qui sont responsables de massacres et de déstabilisation régionale».
«Aujourd’hui vous avez tous condamnés, mais il n’y a toujours pas de résolution. Il est temps d’agir. La République démocratique du Congo exige dans les plus brefs délais une résolution qui dénonce clairement l’occupation du Rwanda», a-t-elle martelé.
Des sanctions ciblées contre des personnalités militaires et politiques impliquées dans cette guerre d’occupation et de prédation ont été également exigées par le Gouvernement congolais, après avoir annoncé que « le Rwanda prépare un carnage à ciel ouvert avec une brutalité qui rappelle les heures les plus sombres de l’histoire de l’humanité toute entière ».
«En l’espace de deux jours seulement dès son invasion dans la ville de Goma au Nord-Kivu, le M23 appuyé par le Rwanda, a massacré plus de 4 000 personnes, tandis qu’à Bukavu, l’on assiste à des exécutions sommaires d’enfants, déplorés par les pays participants à cette réunion du Conseil de sécurité», a-t-elle déploré d’un ton ferme. ACP/C.L.