Sénégal : l’Assemblée nationale dissoute pour concrétiser le programme du Président élu

(Par Souzy Mankenda et Sarah Kambay)

Kinshasa, 15 septembre 2024 (ACP).- La dissolution jeudi de l’Assemblée nationale du Sénégal, composée en majorité des élus du régime sortant, est la voie choisie par le Président élu Bassirou Diomaye Faye pour dans son souci de concrétiser ses engagements pris devant le peuple sénégalais, plus de cinq mois après son élection. 

Dans son discours à la nation la veille de la fête de l’indépendance du Sénégal en avril dernier,  Bassirou Diomaye avait promis de prendre « des mesures fortes dans les jours à venir » afin de répondre aux besoins des Sénégalais qui subissent le coût de la vie. La souveraineté économique, et surtout la souveraineté alimentaire du pays avaient été également évoquées. 

« Dans la quête d’un Sénégal meilleur au bénéfice de tous, j’entends instaurer une gouvernance vertueuse, fondée sur l’éthique de responsabilité et l’obligation de rendre compte », avait-il déclaré.

« En outre, j’engagerai sans tarder une politique hardie de bonne gouvernance économique et financière par : la lutte sans répit contre la corruption, la répression pénale de la fraude fiscale et des flux financiers illicites, la protection des lanceurs d’alertes, la lutte contre le détournement des deniers publics et le blanchiment d’argent », avait ajouté le tombeur de Macky Sal.

Pour réaliser ces engagements, le nouveau président a notamment voulu miser sur le temps, désirant commencer immédiatement. 

Ainsi, dès sa prise de fonctions, Bassirou Diaye Faye avait voulu lancer différentes réformes afin de concrétiser sa vision. Cependant, dans la réalisation de cette vision, il s’est vu faire face à un obstacle majeur : la majorité parlementaire composée des partisans de son prédécesseur Macky Sall, qui constitue évidemment un frein aux processus amorcés.

Le 26 août dernier, le Chef de l’Etat sénégalais avait convoqué une session extraordinaire de l’Assemblée nationale pour l’examen du projet de loi de modification de la Constitution aux fins de la dissolution de deux institutions consultatives, à savoir le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) et le Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Dangereuse “ motion de censure”

Cette démarche a été rejetée à l’Assemblée nationale par le camp adverse, majoritaire au sein de l’hémicycle, qui a contre-attaqué en initiant une motion de censure pour tenter de dissoudre le gouvernement, reprochant au Premier ministre Ousmane Sonko de ne pas présenter aux élus les grandes lignes de son programme de gouvernement. 

Face à ces tiraillements susceptibles de freiner le développement du pays tant attendu par les Sénégalaises et Sénégalais qui ont voté pour le changement à la tête de la nation, le président Faye a pris le pari de convoquer le peuple pour des élections législatives anticipées le dimanche 17 novembre 2024.

Ceci pourrait lui permettre, s’il n’a pas fait une convocation à la Macron, de se constituer une majorité parlementaire pour atteindre ses objectifs qui paraissent salutaires pour la nation sénégalaise tout entière. 

Comparaison n’est pas raison, dit-on. Cependant, la situation de tiraillements entre un président élu qui se trouve confronté à une majorité acquise au président sortant n’est pas sans évoquer le cas de la République démocratique du Congo (RDC) où le Président Félix Tshisekedi, à son arrivée au pouvoir, n’avait pas la majorité parlementaire, et dont les actions étaient dérangées au niveau d’un parlement composé majoritairement de soutiens de son prédécesseur Joseph Kabila. 

Grâce à une fine lecture du jeu politique congolais, il a pu  convaincre les membres de l’ancienne majorité d’adhérer à sa vision pour faire route ensemble, afin de tracer l’avenir du pays. Tous ces modèles montrent, à n’en point douter, les riches ressorts dont dispose l’Afrique pour se tailler sa voie vers le développement. ACP/C.L.

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