Kinshasa, 13 février 2025 (ACP).– « Tout dialogue avec les terroristes du M23 est perçu comme un prétexte pour institutionnaliser l’occupation de la République démocratique du Congo(RDC), par le Rwanda », a confié jeudi à l’ACP, Jonas Tshiombela, coordonnateur de la Nouvelle société civile congolaise (NSCC), depuis Arusha en Tanzanie où il suit le procès RDC-Rwanda sur la violation grave des droits de l’homme en RDC par le même Rwanda. Dans une interview avec l’ACP, cet activiste des droits humains a affirmé que la rencontre mercredi à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, entre le duo ECC-Cenco et la coalition RDF-AFC-M23 a choqué l’opinion congolaise.
Question 1. La Cenco et l’ECC ont initié des consultations auprès du Chef de l’Etat et les opposants ainsi que le M23 pour aboutir à un dialogue. Ces deux confessions religieuses ont rencontré Corneille Nangaa, Chef de la coalition AFC-M23 mercredi à Goma. Est-ce la Nouvelle société civile du Congo (NSCC) soutient-elle une telle initiative?
Réponse 1. « La consultation de la Cenco avec le M23 choque plus d’un homme, plus l’opinion congolaise. Comment voulez-vous rencontrer des assassins et aller discuter avec eux. Pourquoi la Cenco et l’ECC n’avaient pensé les rencontrer avant qu’ils commettent des dégâts ? Ils ont déjà tué et comment la Cenco et l’ECC vont-ils penser à dire à ces gens-là de réparer ces milliers de morts qu’ils ont tués. Donc, nous pensons que ce dialogue, la démarche de la Cenco que nous avions salué du reste, mais elle est maintenant piégée par le fait qu’ils sont allés rencontrer ceux-là même qui sont à la base du drame que nous sommes en train de déplorer. En plus, lorsqu’on voit les images, ils sont avec les Rwandais autour de la table. On parle au nom des Congolais. C’est une aberration, c’est une erreur de jugement. La Cenco devait aller voir Paul Kagame, Yoweri Museveni et le Président kenyan William Ruto, Par exemple. C’est eux qui sont à la base de tout ce qui se passe dans notre pays. C’est avec eux qu’il faut aller discuter, afin qu’ils disent aux gens qu’ils ont instrumentalisé de rentrer là où ils étaient et à partir de là qu’ils posent le problème. Présentement je suis à Arusha pour suivre le procès des violations massives des droits de l’homme avec le procès RDC-Rwanda. Nous sommes en train de nous battre pour qu’il y ait réparation alors qu’au pays des gens sont en train d’aller négocier avec ceux-là qui ont tué nos propres frères, en accompagnement des Rwandais. ça s’apparente à la trahison ».
Question 2. Il y en a qui pensent que négocier avec le M23, c’est institutionnaliser l’occupation de la RDC, car le M23 n’existe pas, il y aurait des militaires rwandais qui se font passer pour des terroristes du M23. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Réponse 2. « Je suis d’avis avec ceux qui pensent que négocier avec le 23 ce serait non seulement institutionnaliser l’occupation de la RDC par le Rwanda, mais c’est lui donner raison comme s’il avait raison de tuer, de violer, de venir avec les Rwandais que nous sommes en train de décrier pour qu’aujourd’hui ils viennent prétendre réintégrer encore l’armée, faire le mixage et puis reprendre le même cycle. Jusqu’où nous irons avec cette politique-là de mixage et d’intégration ? Donc, ceux qui pensent qu’il faut négocier avec le Rwanda, nous pouvons consentir à la seule condition que les terroristes du M23 et les troupes rwandaises rentrent dans le pays où ils étaient et qu’ils posent des problèmes à partir de ce pays-là. Qu’ils laissent le territoire congolais et à partir de là, on va savoir quelles sont leurs revendications et qu’est-ce que nous pouvons faire pour que leurs revendications soient rencontrées. Mais en occupant le pays, plus de 3000 personnes ont été tuées à Goma et ils veulent qu’on les intègre ? En tout cas les enfants de ces victimes qui vont continuer à voir leurs bourreaux les diriger, ce serait consacrer l’impunité. Il n’y a qu’au Congo où cela peut se passer, pourquoi ça ne se passe pas ailleurs. Donc, pour nous, ce dialogue ne concerne que ceux qui pensent qu’il faut y aller. Mais pour le moment, s’il faut le faire, les M23 doivent rentrer en Ouganda où ils étaient cantonnés ou bien ils doivent aller dans les zones de cantonnement et puis poser leur problème et on pourra discuter dessus ».
Question 3. Le sommet EAC-SADC a décidé que les parties en conflit, notamment le Rwanda et la RDC puissent négocier conformément aux accords signés à Luanda et à Nairobi, en intégrant le M23 aux négociations. Partagez-vous cet avis ?
Réponse 3. « Le sommet EAC-SADC reste un sommet improductif dont les résolutions ne sont opposées qu’à ceux qui les ont signées ou qui les ont consenties. A partir du moment où on nous demande de négocier avec le M23, on ne condamne pas le Rwanda qui est l’agresseur de notre pays, on ne demande pas le dialogue des FDLR avec le Rwanda, on est mal parti. On n’a pas trouvé de solutions, c’est-à-dire qu’on est allé accompagner Kagame. C’est un sommet, à notre humble avis, qui a échoué et nous ne pouvons même pas vulgariser les résolutions de ce sommet et nous ne pouvons que les combattre parce que ce sommet a trahi la conscience congolaise et n’a pas produit ce que les Congolais attendaient réellement. D’abord condamner Kagame, prendre des sanctions contre Kagame, mais aussi proposer le dialogue entre les FDLR et le Rwanda. Il n’y a pas que le M23 qu’on nous propose de dialoguer avec, il y a aussi les FDLR qui doivent négocier avec le Rwanda, les FDLR sont-ils des gens à tuer? N’ont-ils pas droit à la vie ? Donc, il faudra que le dialogue soit à tous les niveaux. On ne doit pas penser que s’il y a dialogue entre le M23 et le gouvernement de la République, il y aura de solution parce que la question des FDLR reste pendante. Il faut aussi que le Rwanda puisse dialoguer avec eux, car ce sont des Rwandais et ils doivent rentrer chez eux ». ACP/